Chers amis,
Me permettez-vous de vous adresser mon témoignage gratuitement, malgré que ma lecture des mêmes évènements relatés par les autres soit différente ? Puis-je percevoir d’un bon œil certains faits, sans pour autant avoir eu le cerveau lavé ou remettre en question le témoignage des autres ? Je voudrais témoigner que Bethléem m’a rendue libre ! C’est curieux, mais c’est ainsi !
J’ai vécu dans trois communautés différentes. La première était une communauté de sœurs enseignantes traditionnelle. Une communauté française avec une règle de vie à moitié ignatienne et à moitié olienne (Olier) si je peux l’écrire ainsi. Alors que j’avais à peine posé mes valises dans cette communauté, j’ai découvert l’existence de Bethléem. De mon cœur une voix a jailli. « Je me suis trompée de communauté ! » Pendant quatre ans, j’ai combattu l’appel car j’avais posé mes valises et je voulais demeurer là où j’étais. J’avais 23 ans lorsque je suis entrée dans cette communauté, mon discernement a duré 3 ans avant d’y entrer. Je suis sortie à 27 ans. Les sœurs m’ont offert un guide spirituel qui avait la formation de psychiatre, mais qui pratiquait l’accompagnement spirituel des vocations. Elles ont généreusement déboursé une fortune, même après ma sortie afin que je sois bien accompagné. Ce qui me semble avoir été le cas. Je suis arrivée à Bethléem le 6 janvier, j’avais 28 ans. C’était important pour moi de faire les 4 saisons sans être en communauté pour compléter un deuil. J’ai donc poursuivi l’accompagnement avec ce guide spirituel jusqu’en octobre, cela faisait deux ans que je le voyais. Bethléem m’a même permise de poursuivre cette démarche même après mon entrée et me trouvait bien chanceuse d’avoir cet accompagnement. Cet accompagnateur n’était pas lié à Bethléem.
J’étais à l’université lorsque je suis entrée. Je n’ai pas complété mes études. C’était le conseil des moniales et celui aussi de mon accompagnateur. J’ai pris le temps de discerner cette avenue et j’ai décidé librement de ne pas poursuivre mes études. Ce fut une bonne décision.
Je suis demeurée à Bethléem 10 ans. J’ai fait mes premiers vœux. J’ai été malade à Bethléem, très malade. Je l’étais avant et je le suis toujours, mais je ne connaissais pas la cause. Vous dire tout ce que Bethléem a fait pour moi serait impossible. Vous dites que sœur Marie avait un traitement spécial ? Et bien j’en ai eu un aussi et je peux vous garantir que toutes les sœurs qui avaient besoin d’un traitement spécial en ont eu un. Une sœur m’a préparé de bons petits plats juste pour moi en plus de faire à manger aux autres sœurs pendant 4 ans. Elle n’a rien ménagé pour moi. Les sœurs ont fait des dépenses spéciales pour que j’aie tout ce qui correspondait au régime prescrit par le docteur, mon horaire était en fonction de ma santé, rien n’échappait à la générosité de mes responsables et de chacune. Ma maladie n’a rien à voir avec Bethléem, c’est héréditaire, cela a pris 18 ans avant que les médecins trouvent ce que j’ai. Je dois à la sœur médecin de l’avoir enfin trouvé. Je reconnais que Bethléem pourrait faire plus confiance à ses moniales et leur accorder plus de liberté quant à la manière d’être soignée et une complète liberté quant à dire à nos familles la vérité, ce qui me semble du B.A. BA.
La prieure de mon monastère m’avait contrainte à être accompagnée à un rendez-vous chez le médecin, ce qui a provoqué une crise. J’étais d’autant plus révoltée que j’ai été témoin que ma prieure était entrée seule chez le médecin alors que j’étais son chauffeur. Je suis témoin, cela s’est passé devant moi, que la soeur médecin a sévèrement corrigé cette prieure en lui disant qu’on permettait aux moniales d’aller seule chez le médecin lorsqu’elle le demandait. Je suis par la suite allée seule à plusieurs rv et j’en ai vu d’autres faire de même.
Je suis témoin aussi que depuis 2002, les sœurs luttaient contre l’enfantillage et travaillaient à responsabiliser les sœurs. J’avais moi-même fait cette critique à ma prieure qui m’a dit qu’au conseil général des sœurs, cette question faisait parti des priorités. Je me souvient d’en avoir fait par à nouveau lors de la visite des sœurs conseillères générales vers 2006. Elles m’avaient confirmé la même chose. L’assistante de sœur Isabelle dont nous avons écrit beaucoup de choses, m’a enseigné avec force ce que c’est qu’obéir responsablement. Cela est très loin de l’enfantillage.
Je suis loin de penser que Bethléem est parfait. Je vais vous confier quel est le premier jour où je l’ai compris. C’est le jour où à 23 ans, j’ai revêtu l’habit pour la première fois. Ce jour là, j’ai bien vu que je n’étais pas devenue sainte illico ! J’ai bien vu que j’étais une âme de bonne volonté, mais que comme saint Paul, je pouvais dire que je faisais le mal que je ne voulais pas faire et pas le bien que je voulais faire. Je pourrais même ajouter que je faisais aussi volontairement le mal, lorsqu’en crise une petite voix me disait d’arrêter que je donnais cours à ma colère.
Sœur Marie, que je n’ai pas connue, a été mon plus grand maître spirituel. J’ai écouté pendant près de dix ans presque tous les jours, les 10 ou 15 cassettes de la retraite sur le rosaire qu’elle avait donné un jour. Cela a bouleversé ma vie. Je les écouterais encore si je les avais. Sœur Marie dans ces cassettes parle de cette fausse approche psychologique où l’on met la responsabilité de nos malheurs sur le dos de nos parents. Bien sûr, nous avons été blessés, mais nous ne trouverons pas de guérisons à accuser nos parents de leur manquement. Ce qu’elle disait, c’est qu’on oubliait dans l’équation tout ce que nous avons fait souffrir à nos parents. Ce que représente la grossesse, les levers de nuits, la nourriture que nous avons reçue… Et j’ai découvert en refaisant la relecture de ma vie que mon premier péché m’avait fait plus de mal que les blessures des autres. J’ai découvert que je l’avais commis en sachant que maman ne voulait pas. Je m’étais alors coupée de la relation de confiance avec ma mère et cela ne m’avait pas rendue plus autonome et libre, au contraire. J’avais laissé place au diable. Ce jour là, j’ai réglé 30 ans de colère contre mes parents. J’ai ensuite découvert que nous pouvons renoncer au péché. Nous en avons la force, car Jésus a vaincu le mal, Il a pris sur Lui le péché du monde. Nous avons la force de dire non au péché car le Nom de Jésus est tout-puissant.
Bethléem m’a rendue libre. L’assistante de sœur Isabelle a vu que je me conformais. Elle m’a sévèrement corrigée pour que je comprenne que de se conformer ne pouvait pas conduire à la liberté. Cela fini toujours par nous conduire à une explosion. C’est très important d’être soi-même. Il ne s’agit pas de se conformer, mais de se convertir. Les sœurs ont perçu que je ne donnais pas vraiment la première place a Jésus et que c’était cela mon malheur.
Ce sont elles qui m’ont demandé de partir en mission. J’ai refusé pendant un an, jusqu’à ce que je réalise que si vraiment j’étais là pour Jésus et que Jésus me voulait ailleurs, je n’avais rien à faire là. Je suis partie en mission. Les conditions de mon départ étaient médiocres. J’ai mis Jésus en premier. J’avais peur et toutes mes peurs se sont réalisées, mais avec Jésus, j’ai vu que je pouvais vaincre mes peurs. J’ai repris mes études. J’étudie en théologie. Rien de la théologie de Bethléem n’a jamais été remise en cause par mes professeurs. Au contraire, ils étaient admiratifs de cette sagesse et j’ai reçu A+ sur A+ d’un travail à l’autre, d’une université à l’autre.
Je me souviens qu’en rencontre fraternelles, toutes ne comprenaient pas les homélies de sœur Isabelle, ce qui conduisait à une forme de débat pour comprendre. Chacune était libre de dire ce qu’elle voulait. Je me souviens d’avoir entendu sœur Isabelle demander si ce n’était pas trop de nous faire parvenir ses homélies, mais les sœurs en mangeaient. C’était d’une richesse théologique rare. Pas mon style. Je n’ai jamais été contrainte de les lire. Je demandais plutôt les homélies de sœur Marie qui me convenaient d’avantage. Je les recevais. D’autres les savouraient vraiment. J’ai étudié en théologie, j’ai présentement 130 crédits universitaires à mon actif, je suis au cycle supérieur, j’ai fréquenté les meilleures universités, je n’ai rien à redire sur la théologie mariale de Bethléem, sur l’obéissance, ou quoi que ce soit. Il faut comprendre que le choix de vie de Bethléem c’est le désert. Sa règle de vie est conçue pour nous y conduire.
Bethléem m’a rendue libre. J’ai voulu pendant cette expérience en mission être fidèle aux paroles que m’avait donné l’assistante de sœur Isabelle. Je l’ai fait et c’est cela qui m’a rendue libre. Je ne suis pas retournée car bien que je perçoive que ce fut mon appel d’y passer, je n’ai certainement pas la santé d’y vivre et cela demanderait beaucoup de sacrifices aux sœurs pour me garder. Or, dans la vie séculière, je peux adapter mon rythme de vie à mes besoins et je fonctionne très bien.
Jésus se tenait devant le tombeau de Lazare qui était mort depuis 4 jours et pleurait. Ceux qui l’aimaient disaient : Voyez comme il l’aime. Et quelques-uns d’entre eux dirent : Lui qui a ouvert les yeux de l’aveugle, ne pouvait-il pas faire aussi que cet homme ne mourût point ? (Jn 11,37)
Et nous, que disons-nous ?