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Bethléem : le témoignage d’Aline

Le vendredi 2 janvier 2015

Je note que les critiques les plus acerbes sur Bethléem, ici, proviennent de gens qui n’ont jamais fait partie de la communauté, alors que les membres qui en sont sortis, Aline incluse, sont plus mesurés, plus chrétien dirais-je même. Je note aussi la nette prépondérance des hommes chez les scandalisés de service, au sujet d’une famille spirituelle très majoritairement féminine. Et les griefs avancés trahissent souvent de l’incompréhension de ces messieurs devant la psychologie féminine, en plus d’une connaissance très relative de la communauté en question.

Précisons que je suis un homme, marié, chef d’entreprises et non adepte de la fumette d’encens ; en revanche j’ai visité la famille de Bethléem (mais d’autres aussi) à de multiples occasions, je suis rentré souvent dans la clôture tant pour y prier que pour des travaux, j’ai rencontré et parlé à moultes sœurs différentes, dont une proche parente que j’y vois évoluer depuis une décennie environ.

Je crois le témoignage d’Aline et des autres, a priori, et bien sûr il me désole. Cela étant dit, si certains disfonctionnements relèvent sans doute d’une tendance sectaire (tendance nous qui guette tous, chacun dans notre genre, messieurs les donneurs de leçon), ça ne fait nullement de Bethléem une secte car bien des indicateurs de sectarisme sont absents. Entre autre :

Nous correspondons par lettres depuis le départ avec notre parente, dans les deux sens, et nous savons au moins que rien de ce que nous envoyons n’a jamais été censuré, ni textes ni photos, ni rien. Nous la rencontrons longuement sans aucune présence tierce et même hors les murs conventuels. Allez faire pareil avec la victime d’une secte !

Nous connaissons assez bien le fonctionnement de la communauté, tant son rythme et ses activités quotidiennes que le type de relations hiérarchiques ou de conduite spirituelle qui y règnent, pour en avoir souvent parlé à notre parente et à d’autres parfois. Le secret sur ces règles n’est pas la chape de plomb que décrivent plusieurs.

Nous constatons que le désir de soumission, d’obéissance et de radicalité est clairement plus fort de la part des sœurs que ce que leurs supérieures ou prieures n’exigent, et avons plusieurs fois décelé de gentilles réprimandes de la part des supérieures envers notre parente trop zélée. Y-compris d’ailleurs pour la négligence de sa santé.

Les départ de la communauté nous sont relatés comme discrets, certes, et souvent pas expliqués, mais les sœurs savent très bien que régulièrement des sœurs retournent à la vie laïque, quand d’autres changent seulement de monastère. Ce fait ne leur est pas caché par les supérieures. Elles ignorent seulement lesquelles ont quitté (généralement).

Il n’y a pas d’appât du gain ni de profit matériel, caractéristique essentielle des sectes, et encore moins au profit d’une quelconque supérieure-gourou !

Il n’y a pas d’autoritarisme décelable chez les responsables. Bien au contraire, je ne connais aucune institution dans le monde laïc qui puisse se prévaloir d’une telle humilité et douceur dans le commandement. Et bien peu de parents y parviennent avec leurs enfants tout en s’en faisant obéir. On me rétorquera qu’une emprise psychologique manipulatrice affublée de douceur est pire que la rudesse. Mais elle supposerait une volonté de manipulation et d’aliénation d’autrui invraisemblable chez les sœurs que je connais.

Parmi les critiques qu’on lit ici, plusieurs ne sont pas sérieuses. Le mois évangélique serait destiné à la séduction de jeunes filles pour les rabattre vers le monastère. C’est ridicule, car les filles qui y participent sont précisément celles qui ont déjà été séduites à un moment quelconque de l’année lors d’une visite à la communauté, et j’atteste qu’à tout moment de l’année les sœurs sont égales à elles-mêmes et la liturgie aussi belle. Au contraire peut-être, le mois évangélique est très fatiguant, bousculé et moins « séduisant » que le temps ordinaire. Il n’y a donc, lors de ces manifestations, aucune tromperie sur la « vraie » vie des sœurs. Cette vie est séduisante ou non, mais c’est toujours la même.

Par ailleurs les gens mariés qui s’expriment ici n’ont bien-sûr jamais cherché à séduire leur future épouse ou leur futur époux. Evidemment ! Alors halte à la bêtise. La séduction est mauvaise lorsqu’elle trompe sur la marchandise (celle du serpent) et bonne quand elle dévoile la beauté réelle de l’être à aimer (la séduction de Dieu, ça existe ; ouvrez la bible). Ici, d’ailleurs, c’est Jésus qui séduit ces jeunes filles, bien plus que l’institution.

C’est clair chez notre parente : elle a été séduite parce qu’elle a une âme de feu, très amoureuse, ne se contentant pas des demi-mesures, et qu’elle a trouvé à Bethléem des femmes comme elle et une vie qui leur ressemble avec Jésus. Nous en attestons, la beauté qui y règne n’est pas une mise en scène, elle émane de la personnalité-même des sœurs qui la créent chaque jour, même quand la vie est dure.

On reproche durement aux supérieures un manque de soins, ou de se voir répondre que les antidépresseurs ne sont jamais une solution, mais un peu plus loin une autre « ancienne » reproche exactement l’inverse : une trop grande utilisation des anxiolytiques pour masquer les problèmes. Mettez-vous d’accord.

On reproche même au magasin de la communauté d’offrir des produits (séduisants eux aussi !) pour appâter autant les tradis cathos que les friands de liturgie byzantine. Mon Dieu quelle horreur : l’Eglise serait-elle UNE dans la diversité ? C’est précisément cette alliance orient-occident qui caractérise leur liturgie. On peut ne pas aimer, mais c’est clairement affiché.

Alors on reproche à la liturgie d’évoluer en permanence. Exact, et ça me paraît une belle preuve de non sectarisme ! En effet leur liturgie elle n’est pas encore figée ; c’est encore une communauté assez nouvelle. En ce moment elles introduisent pas mal de grégorien dans leurs offices et semblent ravies de mieux découvrir ce trésor liturgique. L’esprit et le cœur restent grand ouverts à la nouveauté. Quelle dangereuse secte !

Bref, on sait bien que les communautés nouvelles, même contemplatives, on souvent des débuts chaotiques, tâtonnent, commettent éventuellement certains abus par imprudence, parfois culte de la personnalité (pas ici), ou tout simplement inexpérience. L’Eglise est là pour les recadrer et le fait très souvent, jusqu’à trouver le bon logiciel.

C’est visiblement ce dont ont été victimes Aline et d’autres : un problème de discernement (toujours très difficile) de la part des supérieures ; une peur excessive -mais sincère- de la contagion des départs, conduisant peut-être même au mensonge pensé comme nécessaire (?), le manque de charité voire d’honnêteté de l’assistante de la supérieure générale ? Mais ne généralisons pas.

Il est certain que même ces supérieures sont de sincères épouses du christ, que la grande majorité des sœurs qui restent dans la famille de Bethléem sont joyeuses, rayonnantes (une dépression, ça finit par se voir) en dépit des combats intérieurs inséparables de toute vie spirituelle et surtout de telles vies.

La liberté de sortir ? OK, mais celle de sortir du mariage alors ? La liberté s’exerce précisément par la possibilité de s’engager, de se donner, et se vérifie par la fidélité au choix initial, qui peut-être définitif ou à durée déterminée.

Se scandaliser de la réponse de la prieure qui voit dans la volonté de sortir une tentation du démon, c’est facile, surtout quand on ne croit pas à l’activité du démon (cas fréquent des faux chrétiens). Mais cette tentation est non seulement possible, mais certaine. Ce qui rend d’autant plus difficile le discernement par la supérieure d’une vraie erreur de vocation.

Que les médiocres n’en profitent pas pour médire d’un choix de vie plus élevé que celui dont ils ont été capables.

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