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Pédophilie, une épine au flanc du Pape François ?

Le mercredi 25 mai 2016

Ca c’est votre point de vue, Agapé, mais ce n’est pas celui d’une majorité de femmes. Pas seulement en France mais de par le monde.

Pour avoir avorté, pour bien connaître le Planning et ses pratiques, je peux vous dire que je sais que les entretiens pré IVG ne sont nullement collectifs mais individuels. Les réunions d’information générale sur la contraception peuvent être collectives, elles le sont généralement, qu’elles se fassent sur les locaux du planning comme à l’extérieur, en milieu associatif, scolaire. Mais tout ce qui concerne les demandes personnelles de femmes sur l’IVG, les modalités, relèvent d’entretiens personnels et se font à la demande des femmes elles-mêmes. Il n’y a pas de forcing. C’est la femme, la jeune fille qui sollicite l’IVG. D’ailleurs, il y a un papier qui est signé par chaque femme, chaque fille qui avorte pour attester qu’elle le fait de son plein gré et en toute connaissance de cause. C’est pas seulement une décharge médicale. C’est une garantie que l’IVG n’est pas subie ni contrainte.

Ce qui est le socle minimum du respect des femmes et de leur intimité.

L’avortement n’étant pas une décision prise à la légère, mais une décision grave personnelle, elle se doit d’être faite dans un cadre individuel ou d’accueil du couple qui sollicite l’IVG.

Ce n’est pas l’avortement qui est un droit, c’est le fait de pouvoir décider quand et comment, avec qui, ou pas du tout faire un enfant. Parce que procréer n’est pas une obligation non plus. On peut ne pas en faire. Une vie humaine est riche même sans faire d’enfant. Et heureusement d’ailleurs. Sinon, la vie serait d’un triste…

A l’époque où il n’y avait pas de contraception, les femmes vivaient une grossesse chaque année dès lors que vivant maritalement. Je ne sais pas si vous savez la fatigue physique, psychique, nerveuse, les bouleversements hormonaux et physiques, psychologiques, émotionnelles qu’une grossesse engendre. Surtout quand à peine avoir accouché, on retombe enceinte. Si quelques femmes le vivent bien, d’autant plus en étant très bien accompagnées médicalement, familialement, amoureusement parlant et bien secondées aussi dans leurs tâches quotidiennes, professionnelles, la plupart des femmes le vivaient quand il n’y avait aucune contraception, très mal. Ce qui leur donnait envie de fuir toute relation sexuelle. Par peur d’être enceinte. Vous imaginez sans peine dès lors les contraintes conjugales qui s’ensuivaient, la détresse de ces femmes qui si elles refusaient l’acte, se faisaient tabasser puis violer par leurs maris. Tombaient enceintes et parfois mouraient car ne voulaient pas garder l’enfant à naître, ne pouvaient plus supporter physiquement ni psychologiquement ni nerveusement la grossesse ni même que leur mari les touche.

La contraception est venue pour libérer les femmes de cette impasse où elles ne vivaient pour la plupart la sexualité que sous l’angle du viol et avec la peur au ventre permanente d’une grossesse. Vivre la sexualité comme ça, c’est pas tenable. On ne peut même pas parler d’amour dans un contexte de peur quotidienne. Quand vous savez que les seules femmes qui ne redoutaient pas ça étaient celles qui pouvaient se payer le vinaigre d’honneur fabriqué par les monastères catholiques et qui se vendait à prix d’or et que ça concernait aussi celles qui avaient des maris un peu délicats qui utilisaient les redingotes anglaises (qui étaient alors des panses de brebis, de chèvres réutilisables et lavables), ben franchement, merci la contraception pour toutes. Parce que le nombre de femmes qui n’ont de la sexualité que les traumatismes, les violences, les bouleversements hormonaux de la grossesse, la fatigue, l’absence de désir, l’absence de plaisir, c’est le lot de la majeure partie de nos ancêtres et d’encore trop de femmes actuellement dans le monde. Femmes n’ayant pas accès à la contraception. Si c’est normal de votre point de vue, moi je trouve cette situation infiniment terrible et destructrice pour les femmes.

Concernant l’avortement, dès lors que clandestin et non médicalisé, il était synonyme de mort la plupart du temps pour les femmes. La sexualité féminine se bornait donc au viol qu’il soit conjugal, incestueux, à des grossesses successives non désirées, de plus en plus insupportables physiquement, nerveusement et la mort en couches ou par avortement clandestin ou par suicide de désespoir. Rajoutez aussi les maladies sexuellement transmissibles qui pouvaient aussi terminer de façon brutale la vie des femmes , pas seulement celle des prostituées, vous avez un tableau très noir mais bien réel et concret de ce que vivaient nos grands-mères et arrières-grands-mères.

La contraception amenée par la loi Neuwirth a permis aux femmes de sortir de cette situation particulièrement cruelle, douloureuse, antichoix, accentuée encore un peu plus par les idéologies religieuses qui faisaient de la femme, de la fille enceinte hors mariage une paria, une prostituée et qui pratiquaient toutes les formes de rétorsions et de violences possibles sur elles. Ainsi que sur les enfants nés de ces femmes, filles, volés, puis vendus aux plus offrants.

Je ne vais pas reprendre l’histoire des couvents-prisons et de la politique européenne de coercition à des fins d’assistance vis à vis des filles pratiquée tant par les états laïcs que les religions. Il y a suffisamment de témoignages, d’archives, de scandales sur tout ça et j’en ai donné quelques exemples à Christian dans nos échanges.

L’avortement quant à lui a toujours existé. Il n’a pas attendu la loi Veil pour se faire. Et quand cet avortement n’était pas possible, l’infanticide pratiqué par l’étouffement dans la ruelle du lit conjugal était le mode opératoire le plus couramment pratiqué par les couples ne pouvant nourrir ni élever cinq, six, dix, douze, quinze enfants. Le dépôt en orphelinat s’il épargnait la vie des bébés dans un premier temps n’était pas forcément un lieu où ils ne mourraient pas rapidement. La malnutrition, le manque d’hygiène, de soins était le lot de tous les orphelinats. Qu’ils soient religieux ou laïcs. Les femmes qui déposaient les enfants là savaient très bien que leurs enfants avaient peu de chance de vivre plus de quelques mois, voire quelques années avec un peu de chance. Pire, ceux qui restaient en vie, étaient souvent considérés comme des parias. Je sais qu’en Italie à Venise, le fameux orphelinat de la Piéta de Vivaldi, marquait au fer rouge les orphelins pour qu’ils aient, tout comme les prostituées la marque physique et indélébile de leur situation a-sociale et difficile. Qu’on leur faisait porter comme une honte. Et cette culpabilisation mais aussi la maltraitance sur les orphelins était la règle qu’on parle des orphelinats laïcs comme religieux. Ce jusqu’à une période très récente. Les enfants étant placés là sans défenses, sans protection, ils devenaient les souffres-douleurs de leurs gardiens. Et ils étaient souvent aussi ou prostitués ou vendus comme serviteurs aux paysans, aux bourgeois, nobles qui ne les épargnaient pas plus. Certains prélats les vendaient comme ouvriers pour des industries, des manufactures. Lieux où ils vivaient l’enfer par les contre-maîtres. De par leur situation d’orphelins mais aussi leur âge, le fait qu’ils ne pouvaient se défendre.

S’ils étaient affligés d’un handicap, ces enfants étaient vendus comme monstres de foire. La maltraitance, la faim, la malnutrition, les souffrances était le lot là aussi dans les cirques, comédiens ambulants, etc.

Beaucoup aboutissaient au bagne, à la prison. C’était même le chemin le plus direct.

Voilà ce qu’était la courte, violente et douloureuse vie de ces enfants non désirés, abandonnés, placés.

Voilà où menait l’absence de contraception dans la plupart des milieux sociaux. Voilà où menait le système d’orphelinats privés, laïcs. Voilà où menait l’avortement clandestin, l’infanticide quand l’avortement médicalisé n’existait pas.

Si vous trouvez ce système acceptable tant pour les femmes que les enfants, franchement nous n’avons pas la même conception de la dignité humaine.

Les femmes ne sont plus seules face à la grossesse et la maternité. Vous avez tout un lot d’aides sociales pour femmes enceintes, seules. Si vous êtes assistante sociale, vous devez le savoir. Et c’est parce que les féministes se sont battues pour avoir ces aides que ces aides existent et protègent les femmes qui veulent garder leur enfant mais n’ont pas les moyens de le garder. Les foyers maternels, les maisons des femmes n’existent pas seulement pour protéger les femmes des violences conjugales mais aussi pour permettre aux jeunes filles, jeunes femmes qui veulent garder leur futur bébé, de pouvoir l’élever décemment, avec un logement, des aides, une assistance sociale, etc.

Je suis très contente de vivre à une époque où les femmes peuvent décider de garder ou pas leur enfant sans que ça les amène à mourir ou à se retrouver sans aide aucune pour vivre et pour assumer leurs enfants. Dieu merci, nous n’en sommes pas restés aux situations subies par de trop nombreuses femmes durant des siècles. Je ne dis pas par contre que la situation des femmes ne reste pas difficile. Nous sommes toujours celles qui payons le plus les pots cassés. Mais en France, la situation s’est grandement améliorée grâce aux aides sociales dispensées aux jeunes filles et femmes seules, aux aides au logement, à la Protection Maternelle et Infantile, aux suivis médicaux, à l’accompagnement social, psy, matériel, de formation qui est proposé à toute femme, toute fille tout au long de sa grossesse, sans conditions de ressources ni de statut personnel.

Dans beaucoup d’autres pays, par contre, le fait de naître fille est toujours un handicap. Encore plus dans les pays dits en voie de développement. Entre celles qui se font mutiler sexuellement, qui n’ont ni accès à l’éducation scolaire ni au mariage d’amour, qui n’ont pas accès à la contraception, connaissent toujours l’avortement clandestin et en meurent la plupart du temps ou finissent d’y être mutilées, franchement, à côté, la vie des femmes en France est particulièrement enviable. D’où d’ailleurs le maintien de la France du taux de natalité par le biais de femmes principalement issues de l’immigration, qui savent pouvoir bénéficier même seules d’une aide sociale minimum pour élever leurs enfants.

Ensuite, vous avez des femmes seules, des filles avec leurs mères ou leurs copines qui viennent solliciter l’avortement au planning. Comme vous avez des jeunes couples qui prennent la décision d’avortement ensemble. Ce fut mon cas. Ce soutien, cet accompagnement amoureux physique dans cette démarche difficile a été très important pour moi. Surtout dans l’état où j’étais, lié à la grossesse et à l’incapacité de mon corps, comme de mon psychisme de pouvoir le supporter.Je vous passe les détails des vomissements continuels jour et nuit sans pouvoir quasiment dormir, la déshydratation, le sang, l’incapacité de manger, vomir de l’eau puis du sang, le décapement de l’oesophage lié aux vomissements continuels, la faiblesse physique, les pensées suicidaires avec les flash back quotidiens des viols, abus subis. Heureusement que j’ai eu mon compagnon à mes côtés. Et aussi le Planning qui a compris mon état, ma détresse, ma situation. Sans cela, je ne serais peut-être plus de ce monde depuis longtemps, malgré ma EMI.

Le soutien masculin en pareil cas reste quand même un soutien sur lequel peu de femmes peuvent compter. Mais c’est beaucoup plus courant qu’il y a encore vingt ans. J’ai pu le constater en en discutant avec pas mal d’autres femmes, de tous âges.

Par contre, contrairement à l’époque où j’étais ado, l’éducation sexuelle avec la montée des fondamentalismes religieux n’existe quasiment plus. Au collège, lycée, c’est vu essentiellement par une réunion d’information du planning qui vient faire de l’information aux jeunes, que par les profs de biologie, même si c’est au programme. Ca peut venir du fait d’établissements et de profs gênés par ces sujets (le nombre d’adultes réellement épanouis et à l’aise sur ces sujets reste hélas plutôt rare), mais aussi et surtout de programmes scolaires surchargés, le temps manque pour mener une réelle éducation des jeunes sur l’anatomie et les fonctions sexuelles, génitales humaines, à visée reproductives ou non reproductives. Le nombre de mômes qui ne savent pas nommer leur intimité, qui confondent prostate et gonades, qui ne savent pas ce qu’est le clitoris, confondent petites lèvres et grandes lèvres, ignorent que les filles peuvent être enceintes même pendant les règles, qu’un cycle hormonal n’est pas forcément régulier et varie suivant le ressenti émotionnel, la fatigue, les conflits intérieurs, les difficultés subies, que les hormones jouent un rôle considérable aussi bien chez les hommes que les femmes et ce toute la vie, mais c’est rien de le dire que c’est majoritaire. Et le nombre d’adultes qui ignore tout autant ces questions c’est juste énorme. Si l’on voulait vraiment responsabiliser les gens sexuellement, il faudrait faire une éducation sexuelle aussi bien en maison de retraite, qu’en entreprise, qu’en association, qu’en milieu scolaire secondaire. Ne parlons même pas des milieux religieux, parce que là on touche une ignorance plus que terrible et du corps masculin et encore plus du corps féminin. Avec en plus, la répression du corps féminin, toutes religions confondues. Sur ce point, y en a pas une pour rattraper les autres.

Heureusement, Dieu ne se résume pas aux seules religions et à leurs violences vis à vis du corps féminin. Parce que sinon, y a beau temps que les femmes ne pourraient plus croire en Dieu.

Tout ça pour dire que concernant la contraception, la difficulté est d’éduquer une population de façon à ce qu’elle puisse véritablement faire le choix d’avoir ou pas des enfants. Et d’avoir des enfants désirés et non subis.

Parce que ça change toute la vie d’avoir un enfant réellement désiré, comme de l’avoir été désiré. Quand on ne l’est pas, qu’on a pas désiré son enfant, on est pas disponible ni disposé à s’en occuper autrement que par devoir et au minimum, sans amour ni affection. Et combien ont vécu ça chez nos ancêtres avec maltraitances, violences de toutes sortes à la clé…C’est une souffrance qui hante toutes les vies y compris chez des adoptés aimés et désirés par leurs parents adoptifs. Et qui entérine des situations de violence et de maltraitance durable, de génération en génération.

Même dans le cas d’une grossesse, d’un enfant désiré, il peut y avoir de la violence, des abus, des maltraitances. Alors imaginez dans le cas d’enfants non désirés, que c’est encore plus fréquent. Il y avait un très beau documentaire sur ce sujet sur les femmes du monde témoignant de leur vie, de leur rapport au désir sexuel, au désir d’enfant il y a quelques années. C’était le peintre et navigateur Titouan Lamazou qui l’avait fait en collaboration avec France 5 je crois. C’était bouleversant.

L’avortement est certes un acte grave, absolument pas anodin. Mais qui lorsque la contraception n’a pas marché (et ça arrive parce que l’humain n’est pas une machine), n’a pas été utilisée correctement, est une solution pour celles qui ne peuvent pas supporter non seulement l’idée d’être enceinte, mais le fait de l’être physiquement 9 mois durant ni en capacité de donner naissance à un enfant. Et vous en avez un paquet de filles, de femmes qui n’iront pas accoucher sous X parce qu’elles ne sont pas en capacité ni psychique, ni physique ni morale d’aller au bout d’une grossesse ni de supporter les changements de leur corps engendrés par la grossesse. Et qui préfèreront aller se jeter à l’eau, se jeter d’un immeuble ou se faire charcuter plutôt que d’être enceinte.

Ce depuis que le monde existe. D’où la perpétuité des avortements. Qu’ils soient clandestins ou médicalisés. Une femme qui ne veut pas avoir d’enfant, fera tout pour ne pas l’avoir, y compris se tuer, mettre sa vie en danger. Ou si elle n’a pas pu avorter, demande à son mari, à un voisin ou le pratique elle-même, l’infanticide. C’est pourquoi souvent les femmes qui jouaient les sages-femmes autrefois, étaient aussi souvent avorteuses quand les femmes ne pouvaient pas supporter une nouvelle grossesse.

Tant que vous ne comprenez pas ça, ne raisonnez la question que sous l’angle théorique religieux et dogmatique clérical essentiellement masculin, je ne vois pas comment vous pouvez appréhender la réalité féminine dans sa complexité, son rapport à son propre corps, à la maternité. On ne naît pas femme, on le devient. Et on ne naît pas mère, on le devient. C’est à chaque fois un apprentissage. Ce n’est pas la fonction biologique qui crée l’acceptation et la capacité psychique, affective, sociale, relationnelle d’accueil et d’éducation affectueuse d’un futur enfant.

Ceci dit, c’est pareil pour les hommes. Ce n’est pas la fonction biologique reproductive qui fait des hommes automatiquement des pères dans l’acceptation, la capacité psychique, affective, sociale, relationnelle d’accueil et d’éducation affectueuse d’un futur enfant.

Sinon y aurait jamais eu et il n’y aurait pas tant d’abandons, d’infanticides, d’avortements. Ceci est certes désolant, mais marque aussi qu’il faut du temps, une certaine maturité, une certaine stabilité pour pouvoir accepter tant une grossesse qu’une naissance, qu’un enfant. Qu’on soit homme ou femme.

Déjà, pour une majorité d’individus, s’accepter soi-même dans tous ses aspects est compliqué, alors accepter un autre que soi et l’assumer dès sa conception, c’est encore plus compliqué et difficile. Ca n’a rien d’évident ni d’automatique.

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