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Une nouvelle prieure à la tête des sœurs de Bethléem

Le mardi 23 janvier 2018

Bonjour Luna

Ces postulantes, êtes-vous sûre qu’elles viennent en quête de Dieu ? N’est-ce pas plutôt pour prolonger de façon communautaire une approche religieuse très codifiée et déjà très oppressive, vécue au plan familial ? J’ai été frappée en lisant des témoignages d’anciennes, sur le nombre élevé qui explique après coup, que l’entrée à Bethléem a été motivée par le désir de prolonger ce qui se vivait déjà au plan familial.

On est au regard de ces témoignages, souvent plus dans une recherche de prolongation familiale religieuse que de Dieu, que ces jeunes femmes connaissent parfaitement pour la plupart, de par une éducation catho pratiquante généralement intense. C’est donc plus la peur de sortir du cocon idéologique et religieux qui motive l’entrée dans ce type de congrégation, qu’une recherche spirituelle. A partir de là, le fameux galimatias a d’autant plus de chance de marcher sur un public d’apprenties adeptes déjà acquises. Parce que le formatage idéologique religieux familial les y a pour une bonne partie d’entre elles, déjà largement préparé.

Donc c’est évident que c’est plus compliqué d’en sortir quand déjà la famille originelle était dans une idéologie religieuse proche de celle de Bethléem. Parce que ce n’est pas seulement l’idéologie de la congrégation que l’ancienne adepte doit mettre en cause à sa sortie, mais l’idéologie religieuse familiale. Et ça, ça reste une transgression majeure, et même une subversion qui freine considérablement les anciennes adeptes dans leur prise de conscience de la violence subie, de la gravité des atteintes psychologiques. Cela les freine aussi dans le traitement des traumatismes subis et par effet de bord dans leur reconstruction, donc dans leur estime d’elles-mêmes et dans leur confiance en elles.

Oui, ça prend du temps cette sortie d’emprise, et parfois, ça ne va pas jusqu’au bout parce qu’il y a un interdit majeur qui se dresse dans le processus d’exfiltration : l’ancienne adepte s’interdit de critiquer l’éducation familiale reçue qui l’ a amenée à Bethléem, pour ne pas se retrouver complètement isolée, exclue. Et ça peut très bien se comprendre. C’est tout à fait légitime comme réaction.

C’est pourquoi il leur faut demander un soutien régulier extérieur. C’est très important. L’UNADFI au plan local peut assurer ce type de soutien. Elle le fait pour d’autres victimes de sectes. Et elle peut indiquer aussi une liste de psys, d’assistantes sociales qui peuvent aider au processus. L’AVREF doit pouvoir aussi faire de même, non ? Je pense également à l’INAVEM qui a été rebaptisée France Victimes et qui dispose d’antennes locales avec tout un réseau d’aides juridiques, psy, sociales, avec des permanences en MJC, centre sociaux…

Bien sûr que les jeunes postulantes sont exposées à endosser les problématiques communautaires non résolues et qui ne le seront jamais. C’est la même chose pour toutes les communautés dérivantes catholiques qui continuent à accueillir des nouveaux adeptes.

Mais peut-être plus aujourd’hui qu’hier, du fait de l’information média qui a été et continue d’être donnée sur le sujet (au moins sur internet et les réseaux sociaux à défaut de la presse), on va dire que les jeunes qui s’y engagent aujourd’hui, s’y engagent de façon moins naïve et j’allais dire de façon plus militante et informée qu’avant.

Ce qui veut dire aussi qu’il y a adhésion plus complète à Bethléem qu’autrefois en sachant bien de quoi il retourne. Donc on peut dire que l’engagement religieux d’aujourd’hui dans ce type de communauté dérivante demande une radicalisation idéologique et religieuse certaine.

Est-ce que certaines jeunes femmes ont besoin de ce passage religieux communautaire extrême, traumatique pour pouvoir s’autoriser moralement et psychologiquement plus facilement à prendre leur autonomie pleine et entière vis à vis de leur famille ? C’est de l’ordre du possible aussi.

Plus le milieu familial catholique dont elles sont issues est oppressif et fermé, plus c’est compliqué pour certaines jeunes filles de pouvoir s’affirmer dans des choix différents des idéologies familiales. Parfois, le passage quelques années par la vie communautaire religieuse, vécu comme une transition et sas de décompression, leur permet de pouvoir paradoxalement plus facilement oser s’affirmer personnellement.

Sans ce passage communautaire y compris extrême et traumatique, certaines n’auraient jamais pu réussir à sortir d’un système de domination familial particulièrement écrasant. Le prolongement extrême de ce système familial dans un cadre communautaire religieux dérivant, a pour mérite de leur faire prendre conscience enfin de leurs limites, de leur faire réaliser qu’elles ont des droits, des émotions, des sentiments qui doivent être respectés, qu’elles doivent protéger ces droits fondamentaux, leur intégrité physique, psychique. Et ça leur permet de réaliser que ce milieu est un milieu abusif qui les maltraite.

C’est plus facile intellectuellement et psychologiquement de faire cette prise de conscience dans ce cadre-là que dans sa propre famille. Ca évite de mettre en cause directement, frontalement son propre modèle éducatif religieux familial, modèle qui a amené ces jeunes à entrer à Bethléem. Ca permet de prendre son autonomie plus doucement sans se fâcher pour autant avec sa famille.

Mais vous avez aussi des jeunes filles qui vont intégrer ce modèle abusif complètement et s’y sentir très à l’aise durablement. Parce qu’elles n’ont jamais connu autre chose et que ça leur paraît un modèle spirituel tout à fait réjouissant. Elles vont même contribuer à perpétuer les abus et progresser rapidement dans la hiérarchie communautaire.

Pour pouvoir contester ce type d’organisation dérivante religieuse, il faut pouvoir disposer de suffisamment d’éléments de comparaison et de vécu autre, pour pouvoir à un moment donné s’y opposer, le contester et le dénoncer. Et tous les adeptes de ce type de communauté ne sont pas en capacité de pouvoir le faire. C’est malheureusement une réalité qui continue et continuera encore un moment d’alimenter ces communautés dérivantes. Et à l’étranger, quand il s’agit d’engagement religieux d’adeptes de conditions sociales modestes, il y a toujours la dimension de promotion sociale qui intervient et qui freine, limite la prise de conscience de l’abus et encore plus de la dérive sectaire.

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