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Impact des violences sexuelles de l’enfance à l’âge adulte

Le jeudi 15 septembre 2016

Bonjour Françoise et merci pour votre gentillesse,

Votre message rend parfaitement compte de l’ampleur de ces crimes et du peu de retentissement dans les médias, la justice, le monde médical… Il existe aussi une forme de honte pour les victimes qui les empêche de sortir au grand jour la violence subie et quand enfin on la dépasse et que l’on commence à raconter autour de soi ce que nous avons subi, j’ai souvent remarqué la gêne des interlocuteurs qui préfèreraient ne rien avoir entendu et qui, la plupart du temps minimisent ou mettent en doute notre parole. « Tu es sûre, tu étais très petite ? », « comment es-tu certaine que tu n’inventes pas ? » etc. C’est très déstabilisant et nous renvoie à la même impuissance que lorsque nous étions face à notre bourreau. En effet, comment prouver ? Après ma (re)découverte des violences subies, j’ai pu compter sur les doigts d’une main les personnes qui me croyaient vraiment. Dans ma famille (ce qu’il en reste), les réactions ont pratiquement toujours été les mêmes, aucune compassion, un déni du traumatisme subi et une sorte de colère envers moi car j’ai osé dire la vérité qui dérange. Retrouver la mémoire m’a isolée. J’ai même une amie qui m’a dit qu’il fallait que j’arrête de ressasser alors que je venais de retrouver la mémoire ! Pour en revenir à un passage de votre message, je suis d’accord avec vous sur le pardon avec la mort des protagonistes. J’ai éprouvé beaucoup de colère envers ma mère car elle savait mais n’a rien dit, mais comme elle n’est plus de ce monde j’ai compris que cela était vain, que cela ne m’apporterait aucun soulagement, qu’elle-même avait du souffrir de cette situation et en replaçant les faits dans le contexte de l’époque, années 60, j’ai réalisé que la femme et surtout l’épouse n’avait aucun droit ( pas de chéquier à elle par exemple) ; elle dépendait donc financièrement de mon père. Cela n’excuse rien mais je peux le comprendre. Elle est morte après son troisième cancers alors qu’elle était devenue un légume, aveugle, gonflée par la morphine et avait perdu 30 centimètres. Je pense que c’est sa punition, cette maladie a été son remords. J’attends donc la mort de mon géniteur qui ne saurait tarder afin de voir les choses sous un angle différent, je pressens qu’il a été abusé par son père…

Je constate que cinq mois après la libération de la parole, la colère s’estompe voire disparaît, que mon corps change en se défaisant de la protection que j’avais fabriqué sur mon estomac et mon ventre, que je me sens vivre pour la première fois de ma vie en étant moi-même, que je permets des choses, que je me lance dans la création, je peins, j’écris, je me sens devenir quelqu’un. Et ça, c’est la plus grande de mes victoires car j’ai réussi à transcender cette horreur. Je pourrais écrire pendant des heures mais je vais cependant m’arrêter là.

Je vous souhaite une belle vie Françoise,

Toinette

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