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Entretien avec Pierre Vignon : « Marthe Robin : une fausse mystique ? »

Le mercredi 31 mars 2021

Damien

Sans vouloir vous peiner, vous avez sur ces sujets un avis théorique idéologique, absolument pas concret. Moi je vous parle de vécu concret, pas d’idéologie.

Ce n’est pas une question d’accueil. C’est une question de pouvoir être suffisamment en capacité physique, psychologique, affective, émotionnelle de supporter une grossesse et un accouchement. Les femmes ne sont pas des machines à enfanter. Vous n’appuyez pas sur un bouton comme un distributeur de boissons ou de friandises. Une grossesse c’est 9 mois de désordre physiologique qui vous fragilise psychologiquement, émotionnellement, affectivement, hormonalement. Il faut pouvoir le supporter et avoir un désir suffisant, être prête à tous les niveaux pour gérer une naissance et la suite éducative et affective et matérielle. Parce que si l’on devait compter sur les hommes pour ça, ça se saurait depuis la Préhistoire. La gestion ménagère, éducative parentale concerne toujours près de 90% du temps 7 jours sur 7, sur environ 21 ans (âge où les enfants prennent leur envol) des femmes. Les hommes, c’est un pourcentage beaucoup plus faible et aléatoire. Il y a certes des exceptions…mais malheureusement, pour une grande majorité, l’investissement masculin dans la parentalité active autre que de concevoir l’enfant, c’est un faible pourcentage. Parce que ce type d’investissement ne présente pas d’intérêt (surtout les premières années). Mais je vous rassure, ça ne présente pas plus d’intérêt pour nous autres femmes. Seulement, la société patriarcale ne nous laisse pas le choix. C’est toute la différence. Non seulement on se tape la fabrication, mais en plus le service après vente dans sa quasi totalité. Excusez du peu, mais on a plutôt intérêt à être motivées et en forme olympique à tous les niveaux pour se taper 21 ans d’esclavage domestique et éducatif. Et je le dis en tant que femme et mère de famille.

Et il n’existe malheureusement pas de contraception 100%. Pour chaque femme qui a une vie sexuelle classique, il y a au moins à minima une à deux erreurs. D’où le nombre constant d’avortements. Et un avortement par femme environ.

Le jour où nous aurons à disposition une contraception 100%, là vous verrez les avortements considérablement réduits. Mais jusque là, cela continuera d’être constant. Il y aurait bien la solution de coupler contraception féminine avec préservatif masculin, mais avant que ces messieurs osent envisager à chaque rapport le condom, les poules voleront en deltaplane.

Personnellement, je n’ai aucune espèce de culpabilité. J’assume pleinement l’avortement étant donné la situation où j’étais de détresse absolue et de survie. Dieu ne m’en a pas voulu non plus. Et si quelqu’un (homme, femme, clerc) venait me reprocher ça, je le mettrais dans un simulateur lui faisant revivre physiquement, psychiquement, émotionnellement, hormonalement ce que j’ai subi enceinte. Juste pendant une heure. Pour l’électro-choc que ça pourrait faire dans sa tête, la prise de conscience de ce qu’est le vomissement continu sans manger, ni boire ni dormir et les pulsions suicidaires avec flashs de viols et d’abus sexuels. Je vous fais le pari qu’au bout de 10 minutes à peine, ces critiques si affutés supplient en hurlant de les faire sortir de la machine tellement c’est insupportable.

L’institution cléricale pédale totalement à côté du sujet. Sans doute parce que se sont des hommes, et que ces hommes spécifiquement ont une approche fausse des femmes (peut-être un problème oedipien mal résolu avec leurs mères). Et surtout une volonté abusive et dominatrice et oppressive à l’encontre de tout ce qui est féminin. Il n’y a pas dans cette approche ni de respect ni de compréhension de ce qu’est une femme. Juste de l’idéologie de domination et une volonté de possession et de contrainte.

Tant que le discours clérical s’adresse à des idéologues qui n’ont aucun vécu sexuel, ni amoureux ni connaissance des femmes ou à des jeunes ados sans vécu ni maturité, ça peut passer pour de l’idéalisme. Mais une fois une vie à deux entamée et pas dans une bulle papale ni un bocal à poissons rouges, le discours clérical est juste imbitable. Absurde au dernier degré, violent et insultant en plus. Jamais Dieu ne pourrait cautionner une folie pareille. Ca n’a même pas de sens.

A partir de là, comment voulez-vous que ça ne mette pas les femmes profondément en colère de voir de telles inepties violentes chez des hommes qui sont dans une logique de contrôle et d’oppression sur tout ce qui n’est pas masculin…Non mais franchement…

On a juste envie de leur dire : mais vivez, portez un simulateur de grossesse (ça existe) pour savoir ce que c’est que l’état de grossesse avec tous les désagréments qui vont avec. Et qui peuvent prendre selon les femmes et leur état de santé, des proportions si importantes que ça peut leur donner des envies suicidaires. Le jour où les religieux hommes pigeront réellement ce qu’est une grossesse et que ça n’a rien d’un état de béatitude et d’harmonie la plupart du temps et encore moins l’accouchement, là peut-être que ces messieurs auront une approche un peu plus réaliste et respectueuse des femmes, de leur corps, de leurs désirs, de leur sexe.

Pour le documentaire il est visible sur Dailymotion : « une journée dans la vie de Marie-Madeleine » de Serge Bilé. Vous pourrez vérifier. C’est le premier documentaire qui a dévoilé le système d’exploitation sexuelle des religieuses par différents épiscopats et par le Vatican et notamment des religieuses asiatiques, sud américaines et africaines. Très intéressant et instructif, autant que le livre Sexe au Vatican de Carmelo Abbate. Que je vous conseille aussi.

Les soins palliatifs c’est très bien, mais ça ne suffit pas dans certains cas. Pour ça, faut discuter avec du personnel dans certains services très lourds. Avec les familles, avec les malades qui ne peuvent plus parler ni manger, à peine dormir, se déplacer dans une douleur même pas descriptible…Vous ne pouvez pas soulager tout. Et parfois, c’est tellement insupportable que la mort est une délivrance. Peut-être que ça vous fait peur, mais c’est une réalité que vivent certaines personnes. Et pour avoir vu des proches dans cet état et savoir ce qu’est l’insupportable en terme de douleur sur une longue durée, je peux tout à fait entendre que dans certains cas très précis, les soins palliatifs ne suffisent pas et que l’euthanasie soit demandée par la personne et légitime au regard de la situation. Je mets au défi des gens de supporter l’insupportable ne serait ce qu’une heure. Et n’être que gémissements et hurlements de douleur et avec la conscience de tout et surtout de leur être complet broyé. Je ne souhaite ça à personne. Et Dieu n’est pas sadique pour maintenir dans un tel état de souffrance un individu humain. Malheureusement, l’humain a si peu de considération pour ses congénères qu’il se délecte de la souffrance et de la violence extrême. Pire, dans certains cas, il la sacralise. J’avoue que je n’ai jamais compris ce genre de plaisir pervers. Ca me dépasse complètement. Et pour moi, provient de psychismes totalement déviants et tordus.

Et quand en plus ces mêmes personnes se réclament de Dieu et diabolisent l’euthanasie encadrée, franchement, j’ai juste envie de les emmener quelques jours dans des services de cancérologie en phase terminale, dans certains services gériatrie avec des pathologies plurielles très très graves sans aucun soulagement médical possible, ou de démences séniles récalcitrantes, de psychoses de fin de vie à Cadillac… Je crois qu’il faudrait à certains des stages de longue durée pour juste leur faire mesurer la folie de prétendre penser la vie et la souffrance à la place des autres. Sans comprendre leur réalité existentielle et l’insupportable que l’humain peut vivre tant dans la maladie qu’après un accident très grave, ou des traumatismes répétés.

C’est la théorie absolutiste religieuse sans aucune connaissance pratique du sujet qui me navre le plus. Qui pose aussi question sur la dimension empathique et la construction identitaire des idéologues et relais religieux de ce type d’approche. Parce que là, clairement, on est dans une espèce de déni complet de la souffrance, de la connaissance du corps et de la psyché et du respect humain.

Et c’est des gens comme ça qui prétendent parler au nom de Jésus ?

Parfois on est en droit de se demander s’ils ont pas subi une espèce d’ablation de leur conscience, de leur sensibilité pour tenir des propos aussi violents et inhumains. Car à ce point de déconnexion du réel et du concret existentiel, il y a vraiment des questions à se poser.

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