A l’attention Monseigneur CREPY,
Monseigneur,
L’Eglise commence enfin à sortir de l’omerta au sujet de la pédophilie et c’est une très bonne chose.
Les désastres (et le mot est faible) causés vont, malheureusement, bien au delà de ce que l’on peut imaginer et plusieurs domaines ne sont encore abordés que « timidement » par l’Eglise.
1 - Les « prédateurs » :
Comment se fait-il que l’Eglise n’ait pas tout simplement décidé de réduire à l’état laïc les prêtres abuseurs, avec obligation de soins ?
Il y a, en effet, une disproportion énorme de traitement entre un prêtre qui souhaite se marier et un prêtre abuseur :
- Le premier est réduit à l’état laïc et le second ne l’est pas.
- Le premier a souhaité « construire » une famille en transgressant seulement une « discipline » de 9 siècles de l’Eglise, le second a « complètement détruit » le « temple de Dieu » que sont chacune de ses victimes.
- Le premier change d’état de « vie », le second sème la « mort ».
Des deux, s’il y en a un qui ne devrait plus pouvoir célébrer, c’est bien le second.
QU’ATTEND DONC L’EGLISE POUR PRENDRE UNE DECISION COURAGEUSE ?
Cela éviterait probablement nombre de récidives consécutives à de simples déplacements !
2 - Les « victimes » :
Quelle hypocrisie que de se contenter d’avoir créé des cellules d’écoute au sein même de l’institution qui a fauté ? Nul ne peut être juge et partie ! Et tant de victimes ne peuvent plus entendre parler de cette Eglise qui les a fait tant souffrir…
Certaines victimes souffrent tant qu’elles n’ont même pas la force de déposer une plainte. D’autres ont mis tant d’années à essayer de dépasser, d’enfouir leur souffrance au plus profond d’elles-même qu’elles ont peur que, de parler, leur fasse revivre le traumatisme une nouvelle fois.
Il ne reste que la vraie compassion, celle qui n’a pas d’étiquette, et pas forcement d’appartenance à une Eglise.
Quand je rencontre une victime, j’essaie de faire ce qu’a enseigné le Renard au Petit-Prince : D’abord, il faut tenter de l’apprivoiser : s’asseoir chaque jour un peu plus près, en silence le plus souvent. Puis attendre le moment favorable pour l’écouter se livrer. Enfin, essayer de l’aider à se reconstruire au milieu des ruines dans lesquelles elle vit.
3 - Les « autres victimes » :
On pourrait les appeler aussi les « nouvelles victimes » !
Depuis peu, des victimes de prédateurs osent parler. Mais pas seulement ! Il y a, en plus, aujourd’hui ceux qu’on pourrait appeler des « lanceurs d’alertes ». Ils ne sont pas victimes directement, mais des témoins. Ils « savent » - comme beaucoup autrefois - mais aujourd’hui, ils « parlent » et dérangent…
Le premier réflexe de l’Eglise est de les faire taire. Puis de faire pression sur elles, de les marginaliser en répandant toutes sortes de calomnies sur elles et même de les accuser de médire du prédateur. Ensuite, il ne reste plus qu’à les exclure !
Voilà une nouvelle sorte de victimes. Les rôles ont été inversés : la victime qui devient l’accusé et le prédateur devient la victime ! Un comble !
Il est tout à fait compréhensible que l’Eglise soit débordée par le nombre impressionnant de prédateurs. Elle ne doit pas pour autant perdre son sang-froid et se tromper de thérapie en « fabriquant » de nouvelles victimes.
4 - Pour conclure :
- L’Eglise a tout à gagner en la débarrassant de ses membres pervers qui la dénaturent.
Ce n’est pas nous qui le disons, c’est Jésus : (Matthieu 18,7) « Il est fatal, certes, qu’il arrive des scandales, mais malheur à l’homme par qui le scandale arrive ! »
- Un grave problème se pose aujourd’hui aux fidèles pratiquants : Ils ne savent plus si le célébrant d’une Eucharistie est digne de confiance ou pas ! C’est monstrueux ! Si la méfiance s’installe, à qui fera-t-on confiance ?
Ce n’est pas nous qui le disons, c’est Jésus : (Marc 9,50) « Si le sel devient insipide, avec quoi l’assaisonnerez-vous ? »
- L’Eglise a tout à gagner en ECOUTANT les victimes et ceux qui les soutiennent.
Car c’est bien le rôle de l’Eglise de ne mépriser aucun de ces petits, qu’ils soient victimes directes de prédateurs ou victimes collatérales de l’Eglise elle-même !
Ce n’est pas nous qui le disons, c’est Jésus : (Matthieu 18,10) « Gardez-vous de mépriser aucun de ces petits : car, je vous le dis, leurs anges aux cieux voient constamment la face de mon Père qui est aux cieux. »
En souhaitant que ce message soit diffusé le plus largement possible.
Respectueusement,
Marie-Jeanne et Jean-Louis