Céline Hoyeau, le 10/12/2019 à 17:30
« Cette personne utilisait beaucoup la Parole de Dieu, et pour moi, la Parole de Dieu, c’était tout… Aussi, par la suite, dès que je rejoignais ce lieu si précieux pour moi, la mémoire de cette personne me revenait, il était là ! » Bien qu’éloignée du prêtre qui eut tant d’emprise sur elle, cette victime témoignait, lundi 9 décembre, des dégâts que peut causer un accompagnement spirituel déviant. Une emprise si intime qu’elle vient fausser toute la relation à Dieu.
Au fil des révélations ces dernières années, une évidence s’est fait jour : l’abus n’est pas toujours sexuel, mais dans le cadre de l’Église, il est toujours spirituel, et ses conséquences peuvent être aussi profondes, chez la victime, que celles de la pédocriminalité. « L’être est tout entier fracturé, y compris au niveau de la foi, quelque chose de la mort a été semé au niveau de l’âme », racontait une autre victime.
Une dérive subtile et répandue
C’est à cette dérive beaucoup plus subtile, mais aussi plus répandue, que s’est attelée la Conférence des religieux et religieuses de France (Corref) au cours d’une journée d’étude, lundi 9 décembre, à Paris. Supérieurs de communautés, victimes, psychothérapeutes, juristes… ils étaient une centaine, malgré les grèves, à affronter la question.