Décryptage

Un an après le rapport Sauvé et alors que les Victimes se battent TOUJOURS en France pour obtenir Justice et subissent des crimes et abus dans énormément d’autres pays, une interview de la sociologue Danièle Hervieu-Léger. Intéressante, car elle décrypte bien ce qui se joue : le patriarcat ecclésial en péril et l’abus systémique.

Isabelle Siben, médecin, victimologue et psychothérapeute, accompagne depuis plus de 20 ans des victimes d’emprise et d’abus dans son association « C’est à dire ». Elle nous explique le phénomène de l’emprise et les issues possibles pour les victimes.

« Oui mais pas depuis très longtemps » avoue le docteur Isabelle Chartier-Siben, dans un murmure. Chrétienne, psychothérapeute et victimologue, elle officie discrètement depuis vingt ans auprès de personnes victimes d’abus physiques, psychiques ou spirituels commis notamment au sein de l’Église catholique : « On savait que j’existais mais on ne voulait pas m’entendre ».

Personne ne peut contester la bonne foi du cardinal Josef Ratzinger, qui fut le pape Benoît XVI de 2005 à 2013, lorsqu’il tenta la réconciliation avec les intégristes tant à l’extérieur qu’à l’intérieur de l’Église. Pour caractériser l’intégrisme, nous reprendrons le mot d’André Frossard (1915-1995) à son ami Jean-Paul II (1920-2005) : « Un intégriste est un homme qui fait toujours la volonté de Dieu, que Dieu le veuille ou non. » C’est ce qu’on a dit de mieux sur le sujet.

A la suite de tâtonnements dans la procédure, l’officialité interdiocésaine de Lyon a rendu le 28 mai une sentence au sujet de l’indemnisation des 21 victimes qui avaient cité devant elle l’ex-abbé Bernard Preynat. Sept victimes ayant engagé en même temps une procédure devant le tribunal correctionnel, la sentence leur signifie que ce n’est qu’à sa conclusion que le tribunal ecclésiastique statuera à leur sujet.

Il y a encore peu, la réponse était négative. Par principe l’Église se trouve dans l’orthodoxie. Une secte est ce qui se sépare de l’ensemble. Et donc cela n’existait pas dans l’Église catholique. Cela n’était ni pensé ni formulé. Si quelqu’un s’en plaignait, on le faisait taire selon les bons vieux usages de la bureaucratie vaticane. Il ne manquerait plus que ça, pensaient tous ces gardiens du temple.

Il est question de l’Église en crise aujourd’hui. Nous vivons un processus apparemment inexorable de diminution numérique sur un temps plus ou moins long : les paroisses se vident en nombre et en substance, le nombre de prêtres, de religieux et religieuses s’effondre. Nos assemblées sont majoritairement grisonnantes… Il y a là une forme de crise. Mais ce que nous vivons brutalement comme ébranlement relève de tout ce qui se révèle depuis quelques années : dysfonctionnements graves, pratiques criminelles de pédophilie en particulier. Cette crise de l’Église ne nous est pas extérieure : ce n’est pas seulement l’institution. Nous sommes personnellement touchés comme membres de cette Église : elle est de quelque manière notre famille. Nous sommes peut-être pour une part aussi, comme croyants, en crise. Il s’agit de comprendre, de chercher ensemble vers où aller, et de s’interroger sur la question de savoir ce que nous pouvons faire.

Jean-Miguel Garrigues est un théologien dominicain franco-espagnol âgé de 75 ans. Auteur de nombreux livres de théologie et de spiritualité, il analyse les difficultés rencontrées par le pape François comme le symptôme d’une « crise systémique » du gouvernement de l’Eglise catholique.

Ce 9 décembre 2019, 120 Supérieur(es) de congrégations et instituts religieux étaient réunis à Paris pour une journée de partage et de réflexion sur le thème de l’emprise et de l’abus à l’initiative de la CORREF qui est l’organisme de représentation et de coordination des Religieux et Religieuses de France.

Le théologien Nicolas Betticher propose au pape de créer des tribunaux indépendants pour juger des cas d’abus sexuels.

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