Bonsoir Agapé
J’ai surtout l’impression que se sont les articles les plus généralistes qui ne traitent pas de l’ensemble de la problématique.
Mais si vous cherchez bien, vous allez trouver des documents qui expliquent bien la situation.
Si l’on remonte avant le concile Vatican 2, le Vatican a eu l’opportunité de traiter et de régler le problème en interne avec le concours actif de Gerald Fitzgerald et des Serviteurs de l’Ordre du Paraclet.
Sauf que, en 1965, P6 interrompt tout ce qui avait été mis en place au niveau des centres de traitement, des démarches d’internement, de l’achat de l’île de Carriacou (Caraïbes) et il décide, contre les avis de Fitzgerald qui explique depuis 1952 que la pédophilie est incurable et que les prêtres pédophiles sont ultra dangereux pour les enfants, de quand même les maintenir en poste et les déplacer.
C’est le documentaire d’Alex Gibeney, Mea Maxima Culpa qui en parle le mieux en français, avec le témoignage de la politique d’après 1965, commentée par un témoin qui a été nommé sur ces sujets, Patrick J Wall et qui a quitté la prêtrise tellement il était écœuré de voir ce qu’on lui demandait de faire (à savoir faire pression sur les victimes et les familles pour qu’elles ne portent pas plainte et les acheter financièrement, diocèse par diocèse). Le documentaire est visible sur Youtube. Vous pouvez le visionner très facilement.
Tout ça pour dire que le règlement interne et la prévention sont impossibles étant donné que l’institution cléricale refuse de dénoncer au pénal les clercs, refuse de les interner et les isoler des enfants et aussi de les traiter médicalement.
A partir de là, la seule solution envisageable, c’est déjà un procès pénal international pour responsabiliser le Vatican puisque c’est une politique générale qui a été décidée et appliquée et jamais désavouée par les épiscopats, à aucun moment et encore jusqu’à aujourd’hui.
Ensuite, il s’agit de mettre le Vatican sous tutelle, tutelle qui ouvrira les archives de la CDF et règlera en collaboration avec le volet financier, toutes les réparations qu’il y a à faire.
Viennent en complément des procès nationaux des principaux évêques, cardinaux qui ont appliqué cette politique, en parallèle aux procès au pénal qui concernent les pédophiles eux-mêmes.
Et en terme de prévention, il y a des cellules à monter, une vraie éducation sexuelle au sein du clergé, qui est nécessaire au vu de l’immaturité de la plupart des séminaristes et des clercs et ce sera pas de la tarte ni du luxe.
Richard Sipe, bénédictin, a fait des études sur le sujet très précises et donne des appréciations sur la question sur plusieurs livres.
Je vous mets un extrait qui a été diffusé par le collectif des prêtres mariés.
http://www.pretresmaries.eu/pdf/fr/387-Abbate.Sipe.Barbero.fr.pdf
Sipe est décédé en août dernier. C’était vraiment quelqu’un qui a fait un énorme travail d’analyse de la problématique, qui a remis de nombreux rapports, sans hélas être suivi.
En fait si on résume bien la situation, le Vatican a eu les moyens humains et financiers de traiter le problème. Il a choisi de ne pas le faire par corporatisme, pour préserver une image de marque au détriment des enfants, des familles et en multipliant le nombre de crimes et de victimes jusqu’à aujourd’hui.
Les clercs qui ont dénoncé ces situations, ont été pour la plupart menacés, sont au final partis, écœurés. Ce qui est normal. Ceux qui sont restés ont laissé faire sans jamais rien dire.
On arrive à la situation actuelle.
Et le pire c’est qu’on ne peut pas faire confiance au Vatican puisque même pour les réparations financières, les diocèses maintenant s’organisent pour créer une ruine artificielle en déplaçant l’argent sur un autre diocèse, juste le temps que la justice déboute les victimes.
Et hop, dès que les victimes sont déboutées, l’argent réapparaît, comme par miracle.
Je l’ai appris via différents articles américains des cabinets d’avocats, notamment celui de Jeff Anderson qui s’est exprimé à plusieurs reprises sur le sujet.
Quand vous voyez ce genre d’attitude de brigand, vous vous rendez bien compte que le Vatican ira jusqu’au bout dans le non règlement et ne souhaite pas assumer le problème criminel.
Donc la solution qui se dessine, c’est la mise sous tutelle via des organisations internationales qui ne sont pas du Vatican et qui contraindront l’état et l’institution avec des relais au sein des épiscopats, à livrer la totalité des archives et qui seront derrière pour régler les dus aux victimes et faire arrêter les clercs coupables, les traiter psychiatriquement au moins pour que les symptômes soient plus apaisés chez ces hommes. On ne peut pas agir autrement.
Et ce sera le moindre mal, parce que honnêtement au regard de l’amplitude criminelle depuis ne serait-ce que 1965, il y aurait de quoi décréter la fermeture totale de l’institution pour crimes répétés et décidés au plus haut niveau sur enfants.
Les victimes de toute façon, comme la société civile iront jusqu’au procès pénal international. Et réclameront la mise sous tutelle sur ces questions. L’ampleur est telle, les dégâts aussi, le nombre de victimes si important, qu’on ne pourra pas agir autrement.
Après, bien sûr, ce n’est que mon opinion personnelle au regard de la situation et au vu de ce que j’ai appris et apprends encore aujourd’hui sur le sujet. Je ne crois pas que le pape ait envoyé la lettre par hasard à l’ensemble des croyants s’il n’avait pas compris qu’il n’était pas possible d’agir en interne.
Donc la société civile va devoir se charger du problème avec les victimes et les tribunaux internationaux.
Après, Sipe a laissé énormément de conseils, de travaux pour faire de la prévention en interne. Vous avez des tas de psy qui ont écrit sur la question aussi. Il y a de quoi créer un programme d’éducation et de formation pour éviter ces situations. Après c’est une question de volonté politique.