Revue de presse et mise au point : plainte contre une supérieure à Simacourbe

Dimanche 13 novembre 2016

Cela en fait des remous en peu de temps. Dommage qu’il ait fallu toutes ces années avant que l’on commence à réagir ! C’est la réaction d’une ancienne carmélite de Matagne-la-petite à qui je venais de faire parvenir plusieurs coupures de presse. Parmi celles-ci, il y avait un article d’un quotidien belge. Même si ce journal n’est pas de la meilleure presse, il a tout de même le mérite de relater les faits.

Je commencerai par commenter la réaction de l’évêque de Bayonne et reprendre la réponse faite au commentaire de Victorine, au billet précédent.

C’est vrai, les journalistes résument et parfois déforment faute d’avoir suivi l’affaire depuis le début. Il leur faut condenser un maximum d’informations dans un article qui ne peut faire qu’un nombre limité de lignes et ils dépendent des plusieurs sources.

Je voudrais attirer votre attention sur le fait que l’évêque se garde bien d’évoquer la situation de la supérieure de Simacourbe avant d’arriver à Montgardin.

Parce que tout le noeud de l’affaire est là : Pourquoi trois carmélites belges se sont-elles retrouvées dans le sud de la France et qu’est-ce qui les a poussé à demander d’être relevées de leurs voeux ?

Je vous livre ce que je tiens de témoins directs de ce qui s’est passé en Belgique.

En 1993 le vicaire épiscopal chargé des affaires canoniques au diocèse de Namur a constaté que la prieure de Matagne-la-petite s’accrochait au pouvoir.

Un article paru dans Sudpresse revient sur ce point. Si ce journal prête souvent le flanc à la critique, du moins, le journaliste a pris la peine d’interroger le vicaire épiscopal. Je relaterai ses paroles plus avant.

Alors qu’elle n’était pas rééligible, elle a poussé les soeurs a voté pour elle. Pour cela, elle avait besoin d’une dérogation venant de Rome, ce qu’on appelle une postulation. Lors de sa précédente élection qui avait nécessité une telle dérogation, Rome lui avait signifié que ce serait la dernière fois qu’il lui accorderait.

Le résultat des élections de 1993 a été refusé par Rome qui a nommé une autre soeur au mandat de supérieure.

Parallèlement, le vicaire épiscopal a recueilli des témoignages de personnes ayant séjourné dans ce couvent et qui relataient ce que vous avez pu lire dans la presse française : emprise mentale, personnes subjuguées, horaires déséquilibrés, surcroît anormal de travail.

Après quelques mois, la prieure nommée par Rome, qui avait accepté à regret ce poste, a remis sa démission. La nouvelle et l’ancienne prieures ont alors demandé aux pères carmes d’effectuer une visite du couvent. L’évêque de lieu a adressé la même demande à Rome.

Ces deux demandes conjointes ont abouti à une visite apostolique au cours du printemps 1994.

Une visite apostolique n’a rien d’anodin, c’est une contrôle qui ne s’exerce plus par le supérieur direct du carmel (dans ce cas, l’ordinaire du lieu, l’évêque) mais directement par Rome.

Cette visite a eu pour conséquence qu’au mois de septembre 1994 l’actuelle prieure de Simacourbe est priée de se retirer dans la communauté de son choix.

On retrouve l’actuelle prieure du carmel de Simacourbe quelques mois plus tard non pas dans un autre carmel, ce qui lui avait été demandé, mais dans la nature, où elle reçoit l’appui de certains religieux et de Mgr Lagrange. Qui plus est, elle n’est pas seule, mais elle a entraîné deux autres soeurs avec elle, deux soeurs à qui Rome n’a pas demandé de partir, deux soeurs qui auraient dû rester dans leur couvent.

Personne n’empêchait l’actuelle prieure de Simacourbe de se retirer dans un carmel dit des constitutions A (une branche minoritaire et conservatrice). Elle n’avait pas besoin de se faire relever de ses voeux pour passer d’un carmel des constitutions B (branche majoritaire) à un carmel des constitutions A. Rome ne demandait pas aux deux autres de partir avec elle.

Je vous laisse le soin de lire entre les lignes.

Mais je me permets de vous rappeler qu’en novembre 2001, le journal Le Dauphiné Libéré a relaté la mésaventure d’une jeune fille qui est sortie de la communauté de Montgardin qui se prétendait un carmel mais n’en était pas un, dans un état de délabrement psychologique avancé. (Dauphiné Libéré le 25 novembre 2001, signé par Emily Imbert. Vous pouvez vous procurer cet article pour une modique somme aux archives du journal)

Le quotidien belge s’est penché sur les antécédents belges de la supérieure mise en cause. Que lit-on dans l’article du 24 octobre paru dans Sudpresse, signé Pierre Nizet ?

Cette soeur n’avait plus le droit d’exercer son mandat [de prieure] à la tête du carmel de Matagne-la-petite.

Comme je l’ai écrit plus haut, les journalistes condensent souvent et déforment parfois. Si cette phrase est noyée et mal à sa place dans l’article, elle vient tout de même d’un des acteurs principaux de l’époque, à savoir le chanoine Jean-Marie Huet, ce chanoine qui, au diocèse de Namur avait levé le lièvre.

« Des loups dans la bergerie, il peut y en avoir partout », dit le chanoine Huet .« J’avais vite perçu le malaise. On lui reprochait déjà à l’époque, un manque de liberté à l’égard des religieuses un travail excessif et des conditions de vie spartiates pour les sœurs plus âgées. »

Et de commenter :

« A l’époque, Mgr Léonard avait très vite réagi. Ce qu’on reprochait à la sœur semble continuer. Je suis surtout triste pour les religieuses qui souffrent ou ont souffert. »

Deux anecdotes très révélatrices de la personnalité de la personne mise en cause sont relevées. Je vous les cite car elles ont été attestées par des témoins directs.

[Soeur J, l’ancienne prieure] avait fait une crise d’hystérie dans son bureau [de l’évêque] et avait poussé des cris suraigus à tel point que les chanoines sont sortis de leur bureau pour voir ce qui se passait.

Elle avait accusé André Léonard qu’elle adulait peu avant, d’être contre elle. Elle avait mis au tiroir le portrait de lui qu’elle avait accroché au mur.

D’après les anciennes de Matagne, ce portrait trônait dans le bureau prioral, c’est la dernière prieure de Matagne qui l’a trouvé dans ce fameux tiroir. Le portrait mis au rebut avait été remplacé par celui du père général des carmes déchaux, censé « la protéger contre l’évêque ». Les termes « être contre elle » est une expression ipsa verba, attestée par les mêmes témoins.

Maintenant penchons-nous sur ce qui est inexact dans l’article.

« On lui reprochait de rendre folles les soeurs » et plus loin « Plusieurs soeurs belges sous l’emprise de soeur Joanna étaient passées par la case hôpital psychiatrique dans les années 90 »

Non, personne n’a sombré dans la folie et aucune sœur n’a dû séjourner dans un établissement psychiatrique. Par contre les jeunes soeurs ont craqué nerveusement, les unes après les autres. L’une d’elle a dû suivre une thérapie pendant un an et demi. Elles ont toutes eu besoin de prendre du recul et du repos. Certaines des sœurs âgées avaient une médication très lourde. Une fois qu’elles ont rejoint les communautés où elles ont achevé leur vie religieuse, les médecins de ces carmels ont allégé cette médication où les psychotropes avaient pris une part trop importante.

Autre erreur récurrente qu’on relève sur différentes plateformes c’est le fameux « Le carmel de Matagne-la-petite avait été fermé pour des raisons de non-obéissance à l’autorité ». Cette phrase est reprise de quotidien en quotidien alors qu’elle totalement fausse. D’ailleurs Pierre Nizet se contredit quand il poursuit « Plus personne, parmi les sœurs restantes, n’était en mesure de continuer. » Voilà qui est conforme à la réalité.

Seules trois sœurs avaient embrassé une attitude de désobéissance à l’autorité non pas épiscopale mais romaine. Les journalistes attribuent un peu trop vite tous les pouvoirs à l’évêque du lieu, à savoir André Léonard. Une fois que celui-ci a demandé une visite apostolique, il s’en est remis à l’autorité supérieure, c’est à dire le saint-siège, le pape à travers ceux qu’il a délégué, la congrégation romaine pour les religieux.

La principale intéressée était toujours dans la nature au lieu de d’avoir rejoint la communauté de son choix plusieurs mois après la conclusion de la visite. Et les deux sœurs qui l’avaient suivie avaient quitté la clôture monastique sans aucune permission.

Le reste de la communauté a bel et bien obéi à l’autorité ecclésiastique. Les sœurs ont accueilli la prieure que Rome avait nommée et lui ont accordé leur confiance alors qu’elles étaient sous le choc, à cause du départ des trois autres sœurs. Ces sœurs ont essayé de reprendre une authentique vie carmélitaine avec l’aide de la nouvelle supérieure dont je n’ai recueilli que des louanges. Mais elles ont été rattrapées très rapidement par la réalité : les forces vives étaient épuisées. C’est le chapitre du monastère qui a demandé à l’évêché de pouvoir dissoudre la communauté. Les sœurs ont rejoint ensuite d’autres communautés pour poursuivre leur vocation.

Permettez-moi ce coup d’humeur : Claire Lesegretain commet une grave erreur quand elle écrit dans un article du 19 juillet 2014 publié par le journal La Croix que le carmel de Simacourbe se trouvait avant à Montgardin et encore avant à Matagne-la-petite. Madame, vérifiez vos sources ! C’est très irrespectueux pour les soeurs de Matagne-la-petite qui sont restées fidèles à leurs voeux, ont persévéré dans l’obéissance et ont achevé leur vie religieuse dans un carmel authentique. La communauté sise à Montgardin n’était pas un carmel. Ce couvent a été désavoué par Jean-Michel Di Falco et la communauté de Matagne-la-petite a été dissoute à sa demande.

Un autre article est paru dans le magasine Causette (n°72) début novembre, signé Antton Rouget. Le journaliste s’est très bien documenté. Il a rencontré les famille des soeurs, inquiète pour leur parente. Il décrit l’état lamentable dans lequel se trouve certaines religieuses de Simacourbe. Leur personnalité a complètement changé. Elles sont devenues mièvres, éteintes, dépressives. Certaines tiennent des propos qu’on croirait sortis tout droit du XIXe siècle. Le journaliste évoque leur entrée précipitée dans ce carmel qui n’en était pas encore un, l’absence de période de discernement et les industries troubles d’un prêtre recruteur.

Après avoir retracé le parcours chaotique de la prieure mise en cause, il pointe la coupure avec l’extérieur, l’isolement dans lequel sont plongées les sœurs, les soupçons de négligence en ce qui concerne la santé des religieuses et l’opacité des comptes. En effet, les allures que prennent les bâtiments, soulèvent pas mal de questions : d’où viennent les fonds ? La prieure interrogée évoque de généreux donateurs.

Je suppose que certains se poseront la question de savoir si la coupure avec l’extérieure n’est pas inhérente à l’ordre du carmel. La vie cloîtrée va de pair avec un certain retrait du monde. C’est bien que prêchera la prieure. Mais la clôture monastique n’implique pas un isolement tel qu’il fragilise ou infantilise. D’autres articles révèlent que la prieure a la fâcheuse manie de semer la suspicion dans l’esprit de ses subordonnées ce qui les empêche de se confier alors qu’elles en auraient besoin.

Source : Au risque de se perdre

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Crédit photos : photos personnelles, domaine public..

Vos réactions

  • Merci à ceux qui ont laissé des témoignages sous ces articles. J’ai une parente dans ce pseudo carmel et impossible d’avoir des nouvelles depuis plusieurs années et extrêmement difficile de la voir. Des récollections sont organisées à Simacourbe, autorisees par l’évêque lui-même pour de très jeunes filles. C’est un moyen de recruter pour johanna et par la suite tenter d’avoir des fonds. Car cette éternelle supérieure a la folie des grandeurs. Mgr Aillet fait l’aveugle et pourtant elles sont toutes en danger sur le plan de la santé mentale et physique.
    une jeune fille est rentrée avant ses 18 ans et une autre a fait des vœux perpétuels alors qu’elle est divorcée ( bizarre que dans ce carmel on puisse cumuler deux vocations : celui de religieuse tout en étant mariée !)
    CQFD

  • En 2003 pendant mon « école de vie » à St Quentin sur Indrois et même après, à plusieurs reprises le prieur Rabany m’avait amenée (sans mon accord) à Montgardin, car c’etaient justement les frères de st Jean qui aidaient ces trois sœurs mi carmelites, mi saint jean, mi je ne sais quoi sur tous les plans. Ce sont exclusivement eux qui assuraient la messe quotidienne et la confession des sœurs. Et d’après les paroles du frere R. c’étaient aussi eux qui avaient aidé financièrement les sœurs à construire leur couvent de Montgardin. L’accueil de mère Johanna était très chaleureux à mon égard, je me sentais presque comme son bébé, elle me racontait combien je serai bien ici avec elles, dans les montagnes, et que je n’ai aucun souci à faire pour ma famille ; elle-même personnellement veillerait sur elle enverrait régulièrement des conserves à mes parents etc. Son discours était assez surréaliste et elle même- trop collante à mon gout, je l’avais fait savoir au frère mais cela ne l’avait pas empêché renouveler la même expérience, et la prochaine fois nous étions déjà deux filles poussées ainsi tout droit dans les bras de mère Johanna. Dieu merci, ni l’une ni l’autre nous n’étions pas entrées dans ce guêpier…

  • En 2013 -aux environs de Noël- Mr. l´abbé Ribeton, de la Fraternité de Saint Pierre, Superieur à l´époque, du districte de la France, m´a dit que la Communauté des Carmelites de Simacourbe avait bésoin d´un aumônier. J´étais en retraite et j´avais encore le souhaite d´être util. Il m´a dit d´aller a Simmacourbe et me presenter a la Communauté. Jé lui ai respondu qu´il fallait la permission de l´evêque de Bayonne, máis l´abbé Ribeton m´a dit qu´il fallait y aller et qu´il s´en occuperait de parler avec l´évêque. Je suis arrivé à simacourbe avec tous mes affairs le 18 janvier 2013. Il était là encore l´aumônier, un Père Benedictin de Flavigny, qui maintenant a quitté son abbaye et a rentré dans les rangs de la Fraternité Saint Pie X. Cet aumônier a voulu parler avec moi, mais les moniales m´ont detourné de le faire parce que´elles mon dit que ce prêtre avait devenu fou. Mais j´igorais, hélas qu´il voulait quitter l´aumônerie et rentrer chez les Saint Pie X, mais la Superieure, a parler avec l´abbé de Flavigny qui a persuadé ce prêtre de rester chez elles. Après dix jours on m´a dit que j´avais tout mal compris. Que l´aumônier toujours restait là. Que je ne célebrais bien la Messe et des autres histoires. En même temps m´appelé l´abbé Ribeton, Superieur de les Saint Pierre, et il m´a dit que j´avais deçu Mêre Joanna et qu´il fallait partir car il s´agissait seulement d´un essai. J´ai ressenti que ma dignité humaine et sacerdotale venait d´être blessé, et même, j´avais perdu le têmps et j´aváis dépensé de l´argent avec une folle aventure. Je venais d´être trompé et on s´avait moqué de moi. Après six ans je continue avec le mouvais goût que cette mauvaise histoire a laissé dans mon âme. J´aimerái que l´evêque de Bayonne chasse cette fausse religiese et les deux qui l´ont accompagnée sans voeux de Matagne à Montgardin et après à Bayonne. Et aussi je souhaite le rayonnement de la Justice. José Vidal Floriach Pbr.

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