Fellay refuse d’entendre les inquiétudes légitimes et s’en prend aux victimes

Lundi 15 juin 2020

Une journaliste américaine, Christine Niles, effectue depuis quelques mois une enquête de fond sur les abus perpétrés au sein de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X (fondée par Mgr Marcel Lefèbvre). Si la FFSPX dépend juridiquement de Rome, elle possède cependant un tribunal propre de première instance. C’est ce qui a permis à Mgr Fellay de couvrir un certain nombre d’agresseurs sexuels en toute impunité. D’autres articles en français devraient suivre.

Monseigneur Bernard Fellay a refusé d’entendre l’appel passionné d’un de ses prêtres lui demandant de cesser de protéger les prédateurs.

Dans une lettre écrite en 2016, un prêtre de le Fraternité Saint Pie X (FSSPX) supplie Fellay, alors supérieur général, de dire la vérité sur l’implication de la Fraternité dans le cas de l’abbé Frédéric Abbet, FSSPX, reconnu coupable par la justice belge de crimes d’abus sexuels sur mineurs et condamné à une peine de cinq ans de prison.

« Je sais que la réputation de la Fraternité est en jeu et que la condamnation d’un de ses anciens membres serait négative pour elle » écrit le prêtre, « mais il serait bien plus néfaste à long terme qu’on apprenne que les autorités de la Fraternité ont tout mis en œuvre pour disculper leur ancien membre, au détriment de la justice due aux victimes. »

Comme l’a signalé Church Militant, si Abbet a été en mesure d’abuser de plusieurs garçons à l’école Notre-Dame de la FSSPX à Bruxelles, c’est que Mgr Fellay – ayant directement enfreint l’interdiction de 10 ans d’être en contact avec des enfants à laquelle était sujet Abbet – a nommé ce pédophile à un poste où il vivait sous le même toit que les jeunes garçons d’une école. Abbet a abusé de trois d’entre eux, dont une victime à peine âgée de six ans.

Fellay n’a jamais reconnu sa responsabilité, il n’a pas non plus présenté ses excuses aux victimes et à leurs familles pour le rôle qu’il a joué dans la perpétration du crime dont ont été victimes leurs fils.

Les abbés Jürgen Wegner et Benoît Wailliez, tous deux anciens supérieurs à Bruxelles et responsables des faits et gestes d’Abbet, ont aussi été gravement coupables, puisqu’ils avaient été mis au courant des allégations d’abus passées d’Abbet en Suisse et n’ont pas exercé de surveillance particulière sur l’abbé, lui laissant un accès libre et facile aux enfants.

Dans une lettre publiée par ChurchMilitant.com, le secrétaire général de la FSSPX, l’abbé Christian Thouvenot, a précisé qu’il avait transmis les restrictions au sujet d’Abbet à Wegner et à Wailliez. Aucun des deux ne semble les avoir prises au sérieux.

Abbé Frédéric Abbet

La négligence criminelle de pas moins de trois clercs de la FSSPX a tellement indigné le procureur du roi qu’il s’est écrié au tribunal que la Fraternité aurait dû se trouver elle aussi sur le banc des accusés et non pas seulement Abbet.

Leur négligence coupable a aussi poussé les juges à accuser la FSSPX d’attitude criminogène.

Trois associations de victimes ont publié un communiqué de presse commun pour condamner l’attitude fausse et l’obstruction à la justice pratiquées par la Fraternité pendant le procès, ainsi que son refus d’aider les victimes.

« Ce sont ces dernières qui doivent recevoir notre aide et notre assistance, » poursuit le prêtre en 2016 dans sa lettre à Fellay. « C’est pour elles qu’il faut se battre, qu’il faut déterrer tous les éléments et preuves qui peuvent les aider. »

Lettre d’un prêtre de la FSSPX à Mgr Fellay

« Aucune victime n’a sali la Fraternité, au contraire des prédateurs… » ajoute-t-il.

« Voyez tous les scandales qui ont secoué l’Église un peu partout dans le monde depuis quelques années, » continue-t-il. « Des évêques ont été condamnés pour avoir étouffé ces horreurs. Épargnez à la Fraternité de souffrir cette honte. »

Il termine sa lettre par un avertissement et une dernière supplication :

« Les [famille d’une victime] ne s’arrêteront pas là ; ils ont soif de justice et leur désarroi est tel qu’ils continueront à se battre et si les tribunaux leur sont fermés, ils se tourneront vers la presse… La Fraternité va être éclaboussée. » et il finit disant : « Petit à petit ma confiance s’érode ; vous pouvez la reconstruire. »

La réponse de Fellay est un poli « occupez-vous de vos affaires. »

Réponse de Mgr Fellay

« Ne vous mêlez pas de cette affaire mais laissez les supérieurs, qui ont les grâces d’état, la traiter comme il se doit. » écrit Fellay.

Après cette démonstration de cléricalisme, il conclut sa courte missive en reprochant aux victimes de causer du tort à la FSSPX : « Malheureusement vous vous trompez lorsque vous dites qu’aucune victime n’a sali la Fraternité. »

Alors que la justice belge a condamné Abbet à une peine de cinq années de prison, le délinquant n’a pas encore passé un seul jour derrière les barreaux. Il s’est réfugié en Suisse, où des compatriotes affirment qu’il habite chez ses parents, et a même été aperçu accompagnant ses neveux à la piscine !

La FSSPX a informé la famille d’une victime qu’Abbet avait été exclu de ses rangs, mais Fellay n’a jamais répondu aux questions relatives à son lieu de résidence, ni n’a offert son aide pour retrouver Abbet afin de le traduire en justice, et ce en dépit du fait que les contacts de Fellay pourraient facilement localiser le pédophile - qui continue à errer librement, avec un accès facile aux enfants.

Le prêtre qui a écrit à Fellay a quitté la FSSPX.

Voir en ligne : https://www.churchmilitant.com/news…

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