La Légion du Christ et son infâme stratégie pour éviter de rendre justice aux victimes du père Maciel

Lundi 1er mars 2021

Aux dernières nouvelles, la congrégation continue son petit jeu, et malgré quelques effets d’annonce, les victimes d’abus sexuels du Père Marcial Maciel attendent toujours que la Légion du Christ leur rende justice.

Il y a un an, la Fédération de la Légion du Christ / Regnum Christi a fièrement publié les actes de son chapitre : « Conversion et réparation », « Protéger et guérir » ainsi que le « Rapport sur les abus… ». Dans ces documents, la communauté s’engageait formellement à indemniser les personnes ayant été victimes d’abus sexuels de la part de leur fondateur, le père Marcial Maciel, LC.

Dix ans ont passé et rien. Ou presque rien. Les victimes, déjà âgées, s’éteignent les unes après les autres. Et comme nous l’avions bien pressenti, la Légion, une fois de plus, n’a pas tenu ses engagements.

Alors aujourd’hui, il nous faut informer le public. Qu’est-il advenu de toutes les belles paroles et de toutes les promesses de la communauté ? La Légion du Christ, représentée par le père Robles Gil, et la Fédération Regnum Christi, par le père John Connor, ont une fois de plus répondu vertement aux victimes : « Non, non, nous ne le ferons pas ! »

Encore une année s’est écoulée et les actes de réparation demandés par les victimes n’ont toujours pas été réalisés.

Qu’est-ce que les victimes ont demandé au directeur général (Père John Connor) lors de la réunion qui a eu lieu l’année dernière ?

1. Que la Légion du Christ publie des excuses officielles à l’égard des victimes, dans les mêmes médias que ceux dans lesquels elle les avait injustement accusées et diffamées en 1997, afin de réparer leur réputation et celle de leurs famille. Que la congrégation déclare sans ambiguïté qu’il ne s’agissait pas d’une conspiration mal-intentionnée, et que les victimes ne faisaient que dire la vérité ; que la Légion du Christ reconnaisse qu’en raison de ces accusations calomnieuses, certaines victimes ont perdu leur emploi ou/et ont été affectées dans leur carrière, dans leurs revenus, dans leurs relations, leurs amitiés et même leur famille, et ceci pendant plus d’une dizaine d’année.

Comment la Légion du Christ a-t-elle réagi ?

Par la négative : « Nous ne publierons rien dans les grands journaux ou ayant une portée internationale, et encore moins dans le Hartford Courant. » (journal dans lequel la Légion avait publié les fausses accusations contre les accusateurs de Maciel en 1997).

2. Qu’une équipe de six personnes soit choisie (3 légionnaires et 3 victimes) afin de déterminer ensemble, au cas par cas, l’étendue des dommages, et se mettre d’accord sur un juste dédommagement.

Comment la Légion du Christ a-t-elle réagi ?

Par la négative : lors de cette réunion, un prêtre qui se trouvait là pour représenter la Légion du Christ a sorti devant eux sa calculatrice de poche, et s’est mis à calculer une indemnisation forfaitaire, en fonction du salaire minimum mexicain, offrant en tout et pour tout 450 000 pesos aux victimes (18 000€) à chaque victime en guise de réparation pour des décennies d’abus, de divers préjudices et de diffamations au niveau international. A prendre ou à laisser. La Légion du Christ a en outre exigé que les victimes signent un accord de confidentialité (mug order) avant de poursuivre les délibérations.

3. Le professeur José Barba, PhD (qui n’était pas présent à la réunion mais avait une représentation légale) a demandé par écrit au Directeur Général que toutes les communications relatives au sujet des indemnisations passent par lui, en sa qualité de représentant des victimes historiques du père Maciel.

Et comment la Légion du Christ a-t-elle répondu ?

En disant « Oui, bien sûr ! »… mais en faisant exactement le contraire : l’actuel Directeur Général de l’institution, le père John Connor, s’est adressé personnellement et directement à plusieurs victimes, passant outre leur représentant légal, José Barba, et leur offrant discrètement un chèque de 5 000 dollars US à chacun - « non comme une indemnisation, mais comme un cadeau de Pâques » (sic). Bien entendu, José Barba n’a pas reçu, quant à lui, ce petit cadeau de Pâques. Avec cette stratégie perfide, le père Connor a réussi à diviser le groupe des plaignants et à affaiblir leur position. C’est infâme et répugnant, mais avouons le : c’est bien joué.

A la lumière de tout ce sinistre jeu, on peut difficilement éviter de se poser des questions : est-ce que la Légion du Christ ne serait pas en train de se jouer une énième fois des victimes ? Son intention réelle ne serait-elle pas de différer encore et encore dans l’espoir que les victimes ne meurent et d’être ainsi débarrassée du « problème des victimes », selon l’expression malheureuse du Cardinal De Paolis ?

Les victimes du père Maciel ont toutes 80 ans et plus, et sont en train de mourir les unes après les autres : Fernando Pérez Olvera est mort en 2020 et le père Félix Alarcón Hoyos en 2021. Pour protéger malgré tout son image, l’institution a aidé à couvrir le coût de leur maladie terminale ainsi que les frais d’obsèques… mais elle ne les a pas indemnisées comme elle aurait dû le faire.

Les deux priorités absolues de cette communauté ont toujours été, comme pour d’autres groupes controversés, le recrutement de nouveaux membres et la collecte de fonds pour former les recrues, développer ses projets et promouvoir son image.

Si les choses continuent ainsi, la Légion du Christ honorera-t-elle un jour ses obligations envers les victimes restantes et de leurs familles ?

Il est à craindre qu’ils n’offriront, comme toujours, que leur vieille rengaine : « Que peut-on faire après si longtemps ? Mais ne vous inquiétez pas : nous allons prier pour vous ».

Hélas.

Réseau de soutien aux victimes historiques d’abus sexuels du Père Marcial Maciel, LC, fondateur de la Légion du Christ et du Regnum Christi.

Le 26 février 2021.

Voir en ligne : https://regainnetwork.org/2021/02/2…

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