Une explication officielle a été donnée par Mgr Brincard : « Le 8 décembre, j’ai signé un décret reconnaissant l’association "Anne-Peggy Agape" comme "association privée de fidèles", appellation prévue par le code de droit canonique. Le droit de l’Église reconnais aux catholiques le droit de se constituer en associations "ayant pour but la charité ou la piété, ou encore destinées à promouvoir la vocation chrétienne dans le monde" (Canon 215). C’est dans cet esprit que s’opère cette reconnaissance : des fidèles laïcs se sont constitués en association pour permettre de vivre dans le cadre de retraites spirituelles "une rencontre personnelle avec Dieu" (statuts de l’association Anne-Peggy Agapè). Ils ont demandé que leur existence en tant qu’ "association de fidèles" soit reconnue. C’est ce que je fais en signant le décret en question. L’association reste autonome, gère elle-même ses activités, en assume enfin la responsabilité. Elle ne devient pour autant pas un organe de l’Église diocésaine mais bien "une association privée de fidèles". » Mgr Brincard, dans La Croix du même jour, avait dit que les évêques de France avaient donné leur accord sous une forme très particulière : en ne manifestant pas de désaccord. Ce point est déjà, en lui-même, plus que surprenant, car il est inhabituel de prendre des décisions importantes sous cette forme, dans l’Église. Mais l’étonnement grandit lorsqu’on lit, dans une lettre de M. Coumeau à tous les retraitants Agapè, que « le 15 novembre 2012, Monseigneur Brincard qui revient de Lourdes nous a annoncé plusieurs bonnes nouvelles : Il a pris la parole devant l’ensemble des évêques de France lors de l’Assemblée de Lourdes pour leur parler de l’Agapè ; il a reçu alors un accueil très favorable par l’ensemble de ses pairs : l’Agape est très bien accueillie et reconnue comme une structure d’évangélisation dons l’Église ». II poursuit : « Mgr Brincard nous a annoncé qu’il acceptait d’agréer nos statuts canoniques qui nous relient de façon officielle à l’église diocésaine du Puy. »
Mais nous apprenons, par un communiqué de Mgr Raffin, daté du 17 janvier 2013 [1] que « l’information donnée le 11 décembre 2012, selon laquelle la Conférence des Évêques de France lors de son assemblée de novembre aurait officiellement reconnu les retraites Agapè du Puy-en-Velay est inexacte. En réponse à une question posée, tous les évêques ont reçu de la part de l’évêque du Puy une documentation comportant notamment le rapport d’audit diligenté par le frère Thierry-Dominique Humbrecht. mais cela n’a donné lieu à aucune discussion et aucune approbation. D ’ailleurs. le temps manquait pour cela. Maintenant les plus vives réserves à l’égard d’Agapè, j’ai saisi le Conseil permanent de janvier 2013, pour que cette inexactitude soir corrigée. Il m’a été répondu que le président de la C.E.F avait écrit à l’évêque du Puy pour lui dire que les commentaires faits par Agapè de l’appréciation de l’assemblée plénière sont très exagérés : lui demander que les documents diffusés par Agapè soient corrigés en ce sens ; lui rappeler que la reconnaissance de l’Association privée de fidèles ne concerne que le diocèse du Puy-en-Velay ». La reconnaissance ne concerne-t-elle vraiment que le diocèse du Puy ? On peut se poser la question, si l’on en croit un texte du sous-secrétaire du Conseil Pontifical pour les laïcs. On y lit en effet : « Le c. 305. § 2 CIC dispose que les sujets actifs de la fonction de vigilance sur les associations de fidèles sont soit le Saint-Siège sur les associations de tout genre : internationales, nationales et diocésaines (CIC, c. 312, § 1), publiques et privées, de fait, ou soit l’Ordinaire du lieu sur les associations diocésaines, ainsi que les autres associations dans la mesure où elles exercent leur activité dans le diocèse. Il est à noter que le Législateur Suprême n’a pas attribué expressément la fonction de vigilance sur les associations de fidèles aux Conférences Épiscopales. » [2]
l. Pourquoi Mgr Brincard a-t-il voulu se réclamer d’un accord des évêques de France puisque la fonction de vigilance sur les associations de fidèles ne revient pas aux Conférences Episcopales ?
2. De plus, l’activité de l’Agapè déborde le diocèse du Puy-en-Velay. Alors pourquoi ne pas mentionner, dans le décret de reconnaissance, la vigilance du Saint-Siège ? en l’occurrence le Conseil Pontifical pour les Laïcs d’après l’article cité ci-dessus explique :« En ce qui concerne le Saint-Siège, les Dicastères compétents sont les suivants : le Conseil Pontifical pour les Laïcs, pour les associations laïques (PB, art. 134) […]. » [3] Comment expliquer que dans l’article de La Croix, Mgr Brincard ne mentionne pas que l’association privée de fidèles en question comporte trois branches d’activités, comme le montre clairement le nouveau site Agapè : les retraites, les formations et le service après vente… pardon… le post-agapè ? Or le post-agapè comporte quatorze groupes ayant chacun un responsable à sa tête. Et, précision importante pour le sujet qui nous occupe, onze sont dans divers diocèses de France (dans le diocèse d’Annecy, à Annecy ; dans le diocèse de Bordeaux, à Tabanac ; dans le diocèse de Nanterre, à Boulogne-Billancourt ; dans le diocèse d’Albi, à Castres ; dans le diocèse de Marseille, à Gemenos ; dans le diocèse de Lisieux, à Herminal-les-vaux ; dans le diocèse de Versailles, à Rambouillet ; dans le diocèse d’Autun, à St Martin Belle Roche ; dans le diocèse de Tours, à Tours ; dans le diocèse de Nantes, à Vallet ; dans le diocèse de Nîmes, à Villevieille) et deux sont à l’étranger : plus précisément en Suisse à Obernau et en Belgique à Court-St Etienne. A cela s’ajoute bien sûr le Puy-en-Velay. Dans ces conditions comment interpréter la reconnaissance par l’évêque du Puy-en-Velay, alors que le canon 305,2 précise : « Les associations de tout genre sont soumises à la vigilance du Saint-Siège : sont seulement soumises à celle de l’Ordinaire du lieu les associations diocésaines, ainsi que les autres associations dans la mesure où elles exercent leur activité dans le diocèse » ? L’accord prétendu des évêques de France n’était donc pas suffisant pour une association ayant des membres dans plusieurs diocèses de notre pays et a fortiori pour une association qui intervient déjà dans trois pays différents.