Travailleuses Missionnaires : le témoignage de Maryvonne

Dimanche 12 mars 2017 — Dernier ajout lundi 15 décembre 2014

Maryvonne, avant de rentrer dans la communauté des Travailleuses Missionnaires à Ouagadougou, a fait des stages comme regardante d’abord, puis elle est rentrée dans la communauté avec l’accord de la responsable et aussi son accord à elle. Puis elle est partie à 20 ans à Rome où elle a passé une année.

Ensuite elle a passé deux ans dans le Doubs à Liesle et Notre Dame de Consolation, puis elle est allée à Lisieux pour un an avant de retourner à Rome pour deux ans où elle a fait son premier engagement. Ensuite elle a été envoyée en mission à Rome dans un Collège où elle devait se charger de la cuisine et du ménage.

Question : Il est prévu dans les statuts que la famille verse de l’argent à la Communauté : est-ce la vérité ?

Réponse : Au Burkina, il fallait payer une somme de 25 000 CFA par an. En mon temps les études n’étaient pas importantes à leur yeux ; donc on étudiait jusqu’au BEPC.

Durant la formation nous étions environ 20 jeunes de tous les cinq continents dont trois ont abandonné et sont reparties.

Question : Quel était votre emploi du temps ?

Réponse : Le lever était à 5h45 mais cela dépendait des missions (les maisons des T.M). On avait les prières du matin suivies de la messe et les laudes.

On commençait le travail à 9h à Rome jusqu’à 13h. On avait 45 mn à 1h de repas, puis on s’entendait pour ranger et faire propre avant de quitter les lieux.

A 16h 30, il y avait la lecture spirituelle et à 18h la reprise du travail ; puis on servait les gens à 19h et on finissait à 21h ou 21h 30 avec tous les rangements. On n’avait une 1h de repos de 15h à 16h. On travaillait tous les jours, il n’y avait pas de journée de repos sauf le dimanche après-midi où l’on devait se reposer, mais on devait aller chauffer le repas.

Question : Aviez-vous une chambre individuelle ? Faisiez-vous vous-même vos courses ?

Réponse : Nous étions deux par chambre. Si on avait besoin de quelque chose, on demandait pour faire nos courses (acheter une paire de chaussures ou une jupe ou un gilet ..). On devait sortir toujours à deux sauf des cas exceptionnels. On était accompagnée même chez le médecin. « On suivait le mouvement ». Mais surtout les responsables ont fait de cette façon pour nous aveugler, pour qu’on ne se rende pas compte qu’elles nous manipulaient. C’est pour cela qu’il fallait toujours sortir à deux ou plusieurs

Question : Et les vacances…

Réponse : Les vacances annuelles étaient de 3 semaines. Une semaine de retraite et le reste c’est le repos ; on allait dans une autre maison des T.M, soit Lisieux ou à Marseille…

Question : Et le retour au Burkina ?

Réponse : Le retour en vacances dans nos pays respectifs était tous les 5 ans pour 2 mois et maintenant c’est devenu tous les 4 ans pour 1 mois et demi. On vous donne de 3 à 400 €.

Question : Vous dépendez de la responsable locale : comment est-elle nommée ?

Réponse : C’est la responsable locale qui dirige la communauté. Elle est nommée par un vote des membres du groupe local ; elle peut être Océanienne, Vietnamienne, Burkinabè, Française, Philippine….Elles doivent soumettre le vote à la responsable générale. Si cela ne plaît pas à tout le monde, il peut y avoir des changements et cela peut arriver que la responsable générale choisisse. Les nominations des filles sont faites par la responsable générale et son conseil (4 autres) : deux françaises, une Wallisienne, une Burkinabè, une Vietnamienne.

Question : Quelle formation avez-vous reçue ?

Réponse : Nous n’avons pas eu de formation professionnelle. C’est une formation de vie consacrée où on apprend à connaître la vie et les écrits du fondateur, de Ste Thérèse de Lisieux, Ste Jeanne d’Arc… On avait en lecture des écrits du fondateur à Notre Dame de Consolation tous les jours en hiver.

Question : Aviez-vous un contrôle médical régulier ?

Réponse : En France on avait la mutuelle St Martin. Pour la visite chez le médecin il fallait être accompagnée, y compris dans le cabinet du médecin. Dans chaque mission, les T.M ont le même médecin pour tout le monde ; Marseille, Toulon… J’ai été très malade en 2006 et il fallait que je sois arrêtée 4 à 5 mois environ parce que le médecin à insisté pour cet arrêt. Une fois, je suis allée à hôpital accompagnée et celle qui m’a accompagnée voulait rentrer dans le cabinet et le médecin a refusé. J’ était épuisée, on avait trop de travail car on n’était pas nombreuses et on avait plus de monde et le ménage à se taper.

En conclusion…

Chez les T.M, dans les restaurants ou les maisons d’accueil, il y a beaucoup de travail si bien qu’après les filles sont fatiguées, perdues et surtout mal comprises.

Source : Le Livre Noir des Travailleuses Missionnaires de l’Immaculée : Eau Vive et Espérances Taries

Ce témoignage a été remis à l’AVREF à la date du 5 mai 2014

Le témoignage est anonyme (prénom modifié)

La levée partielle ou totale de l’anonymat doit faire l’objet d’une demande à l’AVREF qui contactera le témoin pour lui demander s’il accepte de voir son nom mentionné et sous quelles conditions.

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