Témoignage accablant contre Louis Rolland, accusé de viols

Lundi 11 octobre 2010 — Dernier ajout jeudi 2 mai 2013

Le procès de Louis Rolland, fondateur d’une communauté religieuse accusé d’« abus sexuels et viols » sur trois jeunes adultes trisomiques, a débuté lundi devant la cour d’assises du Var avec un témoignage qui l’accable.

Le fondateur de la communauté de Nazareth, dans le village de Villecroze (Var), comparaît pour trois jours pour des faits commis sur trois de ses anciens pensionnaires, deux hommes et une femme.

Ancien ingénieur de l’armement, ex-colonel et catholique fervent, Louis Rolland a adopté dans les années 1990 deux enfants trisomiques avant de créer sa communauté et d’y accueillir des handicapés mentaux.

Dès le premier jour d’audience le malaise s’est installé dans le prétoire, principalement lors de l’audition de l’un des trois enfants aujourd’hui adultes adoptés par Louis Rolland au moment de son remariage avec leur mère.

Entendu en qualité de « simple informateur » par le président Jean-Luc Tournier, le beau-fils, Christophe Rolland, qui n’a pas pu se constituer partie civile pour entrée trop tardive dans le dossier, a livré un témoignage implacable contre son beau-père.

D’entrée, il a rapporté les confidences faites par son frère et sa soeur sur les attouchements et les viols répétés qu’ils ont subis pendant des années de leur beau-père.

Il a évoqué la violence de l’adulte, la passivité de la mère, sourde aux accusations portées par les enfants qui ont tenté de l’alerter, et le climat détestable dans la famille.

« Je me devais de venir ici, il fallait que ça sorte », a dit Christophe Rolland à Reuters lors d’une interruption de séance.

LETTRE D’EXCUSES

« Mon frère et ma soeur ont été détruits, je les ai vus dans une détresse épouvantable, je ne regrette pas d’avoir chargé mon beau-père pendant cette audience, il a fait trop de mal. »

« Je suis là aussi pour les jeunes trisomiques qui sont sur le banc de la partie civile et que je connais bien aussi », a-t-il poursuivi. « Si mon témoignage peut contribuer à ce que justice leur soit rendue à eux aussi, je ne regrette rien. »

Christophe Rolland à souhaité que son beau-père « paye pour ce qu’il a fait. »

« Combien ? Ce n’est pas important mais qu’il paye, parce qu’il donne l’impression de ne pas se rendre compte du mal qu’il a fait », a-t-il dit.

Même moment d’intense émotion lors de l’audition du second frère, Philippe, venu à la barre avec une lettre que lui avait envoyée le beau-père dans laquelle il s’excuse des viols qu’il lui avait fait subir.

« Qu’est-ce que vous avez à lui dire ? », a alors demandé à Louis Rolland le président Tournier.

« Que je lui demande pardon », a répondu l’accusé. « Mais je le jure, il n’y a qu’avec lui que j’ai fait ça. »

Pour les experts présents dans ce dossier, les accusations portées par ailleurs contre Louis Rolland par les jeunes trisomiques n’ont pas pu être inventées.

« Ils sont directs, sensibles, francs, incapables de falsification ou d’inventer des histoires d’attouchements, c’est un des traits de leur caractère, ils sont spontanément gentils et affectueux et le mensonge ne fait pas partie de leur fonctionnement », explique le rapport des experts.

Pour « viols et attouchements sexuels sur personnes vulnérables par personne ayant autorité », Louis Rolland, qui a dit contester énergiquement les accusations portées contre lui, encourt vingt ans de réclusion criminelle.

Pierre Thébault, édité par Patrick Vignal Reuters - Publié le 11/10/2010

Voir en ligne : Le Point

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