Interview du Dr Jean-Marie Gallot-Lavallée sur les soeurs mariales

Samedi 30 mars 2013 — Dernier ajout mardi 30 avril 2013

Président de l’association de défense de la famille et de l’individu (Adfi), le docteur Jean-Marie Gallot-Lavallée œuvre contre les dérives sectaires. Depuis dix ans, il accompagne les démarches de parents inquiets, sans nouvelles ou presque de leurs filles, membres de la communauté de mère Myriam.

Le président de l’Adfi connaît mère Myriam depuis 1985, « de nom et de réputation, je ne tiens pas à la rencontrer », mais c’est vraiment depuis 1995 que Jean-Marie Gallot-Lavallée et les bénévoles de la structure basée à Saint-Étienne travaillent presque au quotidien sur le dossier des sœurs mariales. Des interventions entre 1995 et 2000 auprès de Mgr Billé, alors cardinal de Lyon, n’avaient rien donné. Et puis, il y a eu cette décision de Philippe Barbarin d’exclure les religieuses de Mars et Saint-Jodard de la communauté catholique. Une sorte de nouvel espoir.

Comment percevez-vous la décision du cardinal et le décret du 15 mars ?

« Il y a pour moi deux explications. D’abord, la volonté de faire le ménage dans les communautés nouvelles, puis celle, un peu moins avouable, des craintes de mise en cause et de poursuites judiciaires contre l’église ».

Comment pouvait vivre une telle communauté. D’où provenaient les ressources financières ?

« Les dons des familles forment une bonne partie des rentrées financières, car il faut savoir que certains parents ont soutenu la communauté en donnant beaucoup d’argent. Mère Myriam a d’ailleurs souvent parlé des bons parents, ceux qui paient et qui ont le droit de voir leur fille, et ceux qui ne paient pas, à qui on refuse l’entrée dans le monastère ».

Dans quelle situation psychologique se trouvent les religieuses actuellement ?

« Comme précédemment, elles restent en complète rupture avec leur famille. Les parents ne les voient que très peu, voire jamais pour plusieurs d’entre eux. Certains n’ont pas pu approcher leur fille depuis six ou sept ans. Il faudra attendre qu’elles décident de quitter le groupe et de se confier, pour que nous puissions apporter notre aide aux volontaires. Nous saurons alors vraiment dans quelle situation elles se trouvent, sachant quand même que plusieurs refuseront de retourner dans leur famille. Elles préféreront finir leurs jours dans un monastère plutôt que de retrouver des parents rejetés ou accusés des pires maux, sous l’influence de mère Myriam. C’est par ailleurs difficile d’avouer que l’on s’est trompé, que l’on a choisi le mauvais chemin. Et puis, comme dans toutes les sectes, on diabolise le monde extérieur pour inciter les adeptes à ne jamais quitter le groupe ».

Comment va se passer la séparation avec les autres sœurs ?

« Elle sera très dure. Certaines filles ne pourront pas s’en remettre seules. Selon la volonté du gourou, comme dans tout phénomène sectaire, le groupe ne doit faire qu’un, être dans un état fusionnel. Quand on brise cette union, les dégâts peuvent être psychologiquement irréversibles. D’autant que bien souvent, le chef de file est assez intelligent pour placer des « bombes à retardement » dans la tête des fidèles ».

Pourquoi aucune plainte officielle n’a jamais été déposée contre les sœurs mariales et les agissements jugés violents et humiliants de mère Myriam ?

« Il y a eu des enquêtes préliminaires, qui se sont toutes soldées par des non lieux. La reconstruction psychologique d’un fidèle demande plusieurs années et dépasse souvent le délais de prescription de trois ans imposé par la justice. C’est la raison pour laquelle aucune plainte n’est enregistrée à ce jour ».

Quel est le rôle de l’Adfi dans le quotidien des familles ?

« Nous demandons surtout aux parents d’être patients. Ils doivent accepter le libre choix de leur fille, comprendre qu’elles puissent s’en remettre à la protection de l’église si elles le souhaitent. Si les religieuses choisissent de se retirer dans un monastère, leurs parents pourront en tout cas les voir plus facilement, sauront toujours où elles se trouvent et pourront leur rendre visite régulièrement ».

PROPOS RECUEILLIS PAR FRÉDÉRIC BLANC

http://www.prevensectes.com/soeursmariales.pdf

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