Mère Myriam et les sœurs mariales d’Israël et de Saint-Jean

Samedi 9 février 2013 — Dernier ajout mardi 30 avril 2013

Extrait d’un article publié dans le journal La Vie, le 15 février 2001 :

Des gourous dans les couvents

La fondatrice des Sœurs mariales d’Israël et de Saint-Jean, mère Myriam, d’origine hongroise, a largement défrayé la chronique. Les parents de six religieuses, parmi les premières qu’elle avait recrutées, ont adressé, en juin 1986, une lettre lourde d’accusations à Mgr Le Bourgeois, alors évêque d’Autun :

  • immédiateté de l’entrée dans la communauté et de la prise d’habit, la plupart du temps à l’insu des familles ;
  • rupture brutale des relations avec l’entourage ;
  • vexations, humiliations, sévices corporels ;
  • alimentation carencée ;
  • pression psychologique de la supérieure, entraînant une dépendance des sœurs à son égard, dans un climat de peur et d’angoisse ;
  • absence de couverture sociale ;
  • cumul des responsabilités de la fondatrice qui est à la fois la supérieure, la maîtresse des novices et la directrice spirituelle.

S’appuyant sur ces témoignages et sur un rapport d’inspection qu’il avait lui-même commandité (rapport qui relève une « dépendance très marquée des sœurs » envers mère Myriam), Mgr Le Bourgeois refuse de reconnaître la communauté. Un jugement du tribunal ecclésiastique (ou officialité) de Lyon, rendu le 23 septembre 1987, établit comme « certaine l’étroite dépendance des sœurs » à l’égard de mère Myriam et reconnaît les pressions morales que cette dernière exerce sur ses « filles ». Mais, après une grève de la faim de mère Myriam sous les fenêtres de l’archevêché, ce jugement est annulé en appel, au motif que les parents des victimes n’avaient pas qualité pour agir en justice devant une officialité.

Mgr Decourtray, archevêque de Lyon, fatigué de toute cette agitation, cède. En 1994, il accorde à la communauté le statut d’association privée de fidèles. Dès lors, les Sœurs mariales d’Israël et de Saint-Jean sont admises par les congrégations des Frères et Sœurs de Saint-Jean comme une « nouvelle branche » de la « famille » des « Petits gris », et reçoivent les visites régulières du père Marie-Dominique Philippe, dominicain, fondateur des Frères de Saint-Jean. Pourtant, rien n’a changé. Plusieurs témoignages relatent des scènes d’hystérie au cours desquelles mère Myriam frappe ses compagnes. Un témoin raconte même que le père Philippe est un jour revenu au prieuré de Saint-Jodard (Loire), voisin du monastère, avec des bleus au visage et les lunettes cassées !

Le dernier exemple en date, recueilli lors de notre enquête, concerne l’une des premières compagnes de mère Myriam, sœur Marie-Madeleine, décédée le 19 janvier dernier. Victime « préférée » de sa supérieure, elle était souvent frappée au point d’avoir la tête comme un « compteur à gaz », accuse une ancienne. Témoignage corroboré par le maire de Saint-Jodard, qui affirme avoir aperçu, à plusieurs reprises, sœur Marie-Madeleine avec les deux yeux au beurre noir. Hospitalisée en urgence le 15 janvier, sans que ses parents en soient avertis, elle a été reconduite à Saint-Jodard le 18 janvier et est morte le lendemain. Ses parents, qui ne connaissent pas les circonstances exactes du décès, n’ont été prévenus que deux jours plus tard. « Cette femme nous aura volé notre fille jusque dans la mort », accuse la maman.

Aujourd’hui, les Sœurs mariales d’Israël et de Saint-Jean continuent de recruter, en France, mais aussi en Hongrie, en Roumanie et en Slovaquie, dans des conditions pour le moins discutables. Il arrive que les passeports soient confisqués. Une pratique qui fait penser aux méthodes utilisées par les réseaux de prostitution. D’autres témoignages font état d’automutilations ou de séjours répétitifs à l’hôpital psychiatrique de la région. Sans compter les escroqueries envers la Sécurité sociale : une ancienne sœur nous a affirmé avoir été hospitalisée sous un faux nom pour pouvoir bénéficier de prestations auxquelles elle n’avait normalement pas droit. (La Vie n°2894)

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