La souffrance des parents dont un enfant s’est fait happer par une communauté déviante

Vendredi 30 décembre 2022 — Dernier ajout samedi 31 décembre 2022

Des parents d’enfants majeurs entraînés dans des communautés religieuses sectaires adressent un vibrant appel à l’épiscopat et à la CORREF.

Noël approche avec son cortège de festivités, de joie et d’émerveillements… Mais, malheureusement pour un trop grand nombre de familles, depuis des années, cette fête de Noël est devenue synonyme de larmes, de souffrances, de solitude …Car comment peut-on fêter l’avènement du Christ et pleurer un enfant, disparu dans les méandres de l’Eglise, détruit par une emprise mentale ?

Des scandales enterrés depuis des décennies par l’Eglise : pédophilie, abus sexuels, viols… émergent et sont étalés au grand jour mais, au risque de cacher d’autres odieux scandales camouflés depuis des années dans le silence feutré de nombreux couvents. Des jeunes, issus de familles catholiques, sont pris dans des réseaux de recrutement du renouveau charismatique, voire de couvents classiques dysfonctionnels. Ces adolescents ont rompu leurs liens familiaux. Une réalité bien dissimulée derrière des façades trompeuses.

Comment cela est-il possible dans l’Eglise direz-vous ? Tout simplement, dans le contexte dévoyé d’un abus d’obéissance, en leur lavant le cerveau par des techniques bien rodées mais connues aujourd’hui, qui détruisent leur vécu au profit d’une histoire familiale délétère qui les livre, désemparés, à leur gourou.

Que deviennent ces jeunes ? Certains coupés de leurs familles ne peuvent pas quitter leur couvent et vivent délabrés dans une grande souffrance, d’autres ont disparu depuis des années sans que les parents sachent où, d’autres ont pu fuir la communauté mais vivent misérablement d’aides de l’Etat, soutenus par des laïcs.

Oui, comment cela est-il possible ? Parce que nous, parents fervents catholiques, vivant de notre foi, engagés dans l’Eglise, étions confiants dans l’épiscopat et totalement ignorants de l’existence de tels abus. Non seulement nous avons été trompés mais, en outre, ils ont détruit nos enfants.

Toutefois, nous restons catholiques, ce n’est donc pas à nous à quitter l’Eglise mais, en vérité, à tous ceux qui pour des raisons pitoyables sont responsables de tant de vies brisées.

En cette période de Noël, nous lançons un appel de détresse pour que soit reconnu ce scandale, que l’épiscopat et la CORREF ne peuvent ignorer, pour que cessent le recrutement de jeunes, filles ou garçons, dans de telles conditions, pour que soient fermés tous les couvents, toutes les communautés où des jeunes subissent ou ont subi ces violences insoutenables, pour que nous retrouvions nos enfants disparus.

Pour protéger nos enfants, nous sommes dans l’obligation de garder l’anonymat.

Les parents qui, dans le passé, ont dénoncé ces dérives sectaires à visages découvert, nous confirment dans cette prudence compte tenu des conséquences :

  • Risques de rupture rapide et définitive avec nos enfants
  • Risques de renforcement de l’emprise mentale
  • Risques de déplacement des jeunes à l’étranger
  • Risques de graves accusations mensongères pour discréditer les parents

Considérant que toute personne sous emprise mentale ne se reconnait pas manipulée et que de ce fait les proches ne peuvent pas l’aider, pour éviter d’aggraver cette situation douloureuse et dramatique, notre combat est collectif et anonyme.

(Publié par la revue Golias le 9 décembre 2022)

Vos réactions

  • Dieu appelle mais des vocations sont bloquées 2 janvier 2023 14:46, par Vaillant

    Lez communautés religieuses devraient être les fleurs de l’Eglise mais malheureusement elles sombrent toutes plus ou moins dans de graves travers. J’ai vu par exemple un jeune au monastère du Mont des Cats humilié par le maître des novices. Et ce dernier de me glisser dans l’oreille « on ne va pas le garder ». Mais pourquoi garder un jeune dans un monastère, lui faire croire qu’il sera moine tout en ayant déjà décidé de son sort ? Ça s’appelle du sadisme, le but est de briser un jeune en l’occurrence un jeune homme venant de Slovénie je crois. Le Seigneur l’a dit il jugera très sévèrement ceux qui connaissent sa volonté (aimez vous les uns les autres comme je vous ai aimé). Combien de vocations se perdent à cause de service des vocations défaillants ? De maitres des novices ou équipe du séminaire pervers ?

  • Dans la grande famille des abus, celui qui touche à l’esprit est le plus commun et le plus indémontrable qui soit : il fait tellement partie de notre quotidien qu’on ne le voit pas et qu’il est bien difficile, à qui que ce soit, de prétendre le débusquer de manière objective et juridiquement sure. Le fait est aussi qu’il est indispensable à la réussite d’une idéologie dominatrice puis à la perpétuation d’une idéologie dominante ; il est si diffus et omniprésent qu’il est indétectable par qui vit au sein de l’idéologie en question. Il faut être prêt à sortir d’une idéologie pour voir qu’elle n’a pu dominer puis se perpétuer qu’au moyen de tels abus.

    J’ai 77 ans et c’est il y a une dizaine d’année que, l’air de ce début de 21e siècle aidant, j’ai pris conscience de la puissance de l’abus spirituel en assistant à le petite scène suivante et en comprenant ensuite ce qu’il en ressortait. A l’église, pendant une messe, je vis sur le banc devant le mien une grand-mère forcer son petit fils à se mettre à genoux et le petit de 3-5 ans chercher à échapper, en se tordant comme un vers, aux deux mains qui appuyaient d’autant plus vivement sur ses épaules qu’il résistait avec une colère muette à l’injonction. Cette messe dominicale était aussi en mémoire d’un des fils décédé de cette grand-mère.. les « grands prêtres » du groupe charismatiques, au service duquel était ce fils, avaient fait le déplacement en province depuis Paris, pour concélébrer. Ensuite, j’appris que ce décès aurait été un suicide, que le mort vivait à Paris, sans ressources, au service de ce groupe auquel la grand-mère offrait chaque semaine une journée pour des tâches administratives. Au fil des mois, je vis la grand-mère et le grand-père sombrer dans une sorte de léthargie… Elle en sortit en rejoignant son fils un an après, par suicide se dit-il. Quant à lui, il retrouva la force de vieillir dans la peine.

    Est-ce que baptiser un bébé, faire circoncire un fils, envoyer ses enfants au caté… sont des abus ? De la part des parents et de manière très générale, bien sur que non même si cela enrichi le sol dans lequel pousse possiblement l’abus. De la part des clercs qui « officient », en général non aussi, mais j’en suis moins sur, sauf à admettre que la plupart d’entre eux sont, eux-mêmes, victimes de tels abus. D’où ces questions : comment commence et grandit l’abus à caractère spirituel, comment se perpétue-t-il ? Tout est inconscient, sauf exception, en sorte qu’il ne peut pas y avoir de responsable, ou bien que celui-ci est mort depuis si longtemps que, grâce à Dieu, il y a forcément prescription !

    L’air de ce début de 21e siècle est essentiel ; il est celui de la poursuite de la libération de l’esprit humain, une libération à laquelle s’opposent toutes les idéologies dominatrices, une libération qui a une longue histoire : celle de l’humanité. Et elle est loin d’être achevée quand on voit la ténacité d’idéologie comme le patriarcat, le racisme qui tente de se refaire une virginité en se nommant « suprémacisme », l’union des clergés de toutes religions contre la libération des esprits.

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