La Légion du Christ, ou la ré-écriture continuelle de l’histoire

Lundi 6 juillet 2015

Samedi 27 juin 2015, Xavier Léger a donné une conférence lors du congrès de l’ICSA (International Cultic Studies Association) à Stockholm. Au cours de son intervention, il a expliqué les mécanismes de ré-écriture de l’histoire à l’œuvre dans la Légion du Christ et dans l’Eglise Catholique.

Dans son livre "1984", George Orwell décrit ce que serait un monde ployant sur le joug de la plus terrible des dictatures. Le pilier central de cette dictature, c’est le travail réalisé par le « ministère de la vérité » chargé de continuellement ré-écrire sa propre histoire. En effet, c’est en contrôlant de façon absolue toutes les publications, tous les livres, tous les manuels d’histoire, que l’Angsoc (le nom du parti au pouvoir) assure son irréprochabilité, son emprise sur les consciences et sa pérennité.

Déjà dans les années 50, les secrétaires particuliers du père Maciel (le fondateur de la Légion du Christ) notaient avec stupeur la propension de ce dernier à ré-écrire sa propre histoire et l’histoire de la congrégation, de façon à toujours apparaître comme un héros et à créer une ambiance mystique et extraordinaire autour de son œuvre.

Le mensonge a été tellement utilisé qu’aujourd’hui encore la congrégation des légionnaires du Christ semble avoir renoncé à faire toute la vérité sur l’histoire de son fondateur, arguant « qu’il faut maintenant tourner la page ».

Vos réactions

  • Alexandre 7 juillet 2015 10:52

    Edifiant… et effroyable… des enfants violées, des hommes sacrifiés par l’Eglise et ses représentants, en connaissance de cause…

    Lustiger, Benoit XVI, tant de personnes auraient pu arrêter cette machine infernale mais l’ont, au contraire, l’ont protégée

    Merci à ce témoin courageux et honte aux hommes d’Eglises, nombreux sur des décennies qui n’ont pas arrêter le massacre…

    Quant aux légionnaires du Christ actuels, ils devraient avoir pour obligation d’écouter cette conférence : malheureusement, on leur cachera soigneusement… à quoi bon remuer le passé !!

    l’ Eglise a été d’une malveillance sans nom dans cette affaire et malheureusement dans nombre de communautés déviantes qu’elles laissent proliférer avec sa bénédiction : si les fidèles « béni oui, oui, » ou abreuvés d’articles leur cachant la vérité par la presse catholique, s’informaient valablement et disaient STOP ceci ne pourrait se produire… on a les dirigeants que l’on mérite disait qq…

    • Oui, puissance d’un message qui supporte et porte à lui tout seul le découragement de milliers de victimes en leur redonnant leur dignité d’homme et de femmes debout. Magnifique. Seule rectification à votre message, Alexandre, mais de taille je crois : il ne s’agit pas de remuer le passé, il s’agit du présent, celui de nombreuses communautés nouvelles et d’une Église qui a peur. Non, on peut essayer de réécrire l’histoire autant qu’on veut pour ne pas devoir assumer le mal dont est capable l’humain, elle ne la changera pas : les mêmes cris des prophètes bafoué, le même Christ crucifié au sein de son Église. Cela a donc un sens. Quelque chose qui a à voir avec les douleurs d’un enfantement à la Lumière ?

      • oui, oui, bien d’accord avec vous Sérénité : ce n’est pas le passé mais cela se passe AUJOURD’HUI (les victimes de Maciel sont toujours vivantes pour la plupart et non-reconnues, non aidées, non soutenues, aucune réparation pour elles , aucune justice élémentaire…) la légion continue d’exister … ainsi que les autres communautés déviantes

        je parlais du passé uniquement par rapport à Maciel qui est mort

        • D’accords Alexandre, je comprends mieux, et je continue d’aller plus loin avec vous : Tant que le mal n’est pas reconnu il continue à agir, maintenant. Il n’y a pas que le fondateur qui était un violeur, dans le sens le plus large possible, jusqu’au viol des consciences je veux dire. Le fondateur imprime son vice dans l’esprit de la communauté qu’il fonde, ce qui continue de faire des victimes aujourd’hui, et à venir, et c’est vrai des autres communautés déviantes. Selon moi, tant que l’Eglise utilise le spirituel pour fuir le psychisme et ses traumatismes, ces derniers continueront d’avoir du pouvoir. Les traumas non reconnus hurlent et se déferlent jusqu’à ce qu’on s’occupe d’eux.

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