La volonté de ne pas savoir

Samedi 7 avril 2012 — Dernier ajout mardi 19 novembre 2019

Le « dossier Maciel » provenant des Archives Secrètes du Vatican, et transmis par un groupe de prélats travaillant au Vatican à Fernando Gonzalez, José Barba et Alberto Athié vient d’être enfin entièrement mis en ligne. Cela représente un très grand nombre de documents, plusieurs milliers de pages, écrites en espagnol, en latin, en italien, en anglais… Il y a même quelques documents en français.

www.lavoluntaddenosaber.com

Il me semble que le document le plus intéressant, c’est sans doute la liste qui a été établie par les personnes chargées de reconstituer ce dossier, en grande partie grâce aux archives provenant de la Congrégation pour les religieux. Cette liste, établie selon toute vraisemblance en 2005, au moment où le Pape a ouvert une première enquête, montre de façon indubitable que le Pape avait en 2005 tous les éléments pour comprendre que la situation exigeait une intervention immédiate.

Ce n’est qu’en 2009, et acculé par les menaces de révélations dans les médias que Benoît XVI a commencé à agir. Enfin, agir… disons qu’il a envoyé les visiteurs pour rassurer tout le monde et empêcher les légionnaires de sortir. Pas trop pour chercher la vérité, apparemment.

Je n’ai malheureusement pas le temps d’informer les lecteurs de ce blog des informations qui me parviennent régulièrement sur l’avancée des réformes dans la congrégation… qui procède en fait par l’exclusion de toutes les personnes qui demandent des réformes. Sic.

Je publie ci-dessous la traduction de l’introduction que vous pouvez lire sur le site de "la volonté de ne pas savoir" :

Afin de vous donner clairement le déroulé des occasions que les autorités de l’Eglise ont eu d’intervenir sur la Légion du Christ, je dirais les choses suivantes :

  • La première a eu lieu en décembre 1944, quand le 5e évêque de Cuernavaca a reçu la dénonciation du jeune Luis de la Isla et de ses parents, mais n’a pas pas agi en conséquence et, autant qu’on peut le savoir, n’a pas envoyé de rapport au Vatican.
  • La seconde occasion a eu lieu entre 1948 et 1950, quand deux jésuites de Comillas ont envoyé des rapports à la Congrégation pour les Religieux.
  • La troisième a eu lieu en 1954, quand l’archevêque de Mexico a envoyé des rapports au légionnaire Federico Dominguez, lequel avait pour la première fois évoqué l’addiction du père Maciel à la Dolantine (morphine), et cette fois-ci, le document est bien parvenu à la Congrégation pour les Religieux.
  • La quatrième a eu lieu en 1956, lorsque l’archevêque de Mexico et le 7e évêque de Cuernavaca ont envoyé une lettre dénonçant le père Maciel pour son addiction et pour ses abus sexuels. Ces accusations ont conduit à la suspension provisoire du père Maciel.
  • La cinquième a eu lieu en 1962, lorsqu’un pharmacien de San Sebastian et un prêtre ont envoyé des accusations relatives à l’achat et à la consommation de drogues, ainsi qu’à une tentative de corruption des autorités de la part du père Maciel.
  • La sixième a eu lieu entre 1976 et 1979, quand deux anciens légionnaires provenant du cercle intime du père Maciel ont décidé de le dénoncer aux Etats-Unis et ont également envoyé des lettres à Rome.
  • La septième a eu lieu dans la presse en février 1997, et a été suivie d’un envoi de documents notariés aux autorités vaticanes en 1998, de la part d’un groupe de huit anciens légionnaires ainsi que d’une autre accusation parallèle, de la part d’un prêtre diocésain.
  • La huitième a eu lieu en 2005, au moment où le Pape a réouvert cette affaire qu’il avait bloqué auparavant, quand il était Préfet pour la Congrégation de la Foi, et qu’il a envoyé des enquêteurs pour recueillir des informations.
  • La neuvième a eu lieu en 2010, lorsque le Pape Benoît XVI a envoyé des Visiteurs Apostoliques pour faire une enquête plus détaillée pour analyser les effets de l’affaire Maciel sur la structure de la Légion. Cette visite a conduit à la nomination d’un Délégué Pontifical, le Cardinal De Paolis, avec la mission de « purifier » la Légion du Christ. Cette intervention continue. Les trois premières n’ont apparemment pas provoqué la moindre intervention de la part des Autorités Vaticanes. La cinquième et la septième ont effectivement provoqué certaines réactions de la part des Autorités Vaticanes, mais ont ensuite été classées sans suite.
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