Aide toi et le Ciel t’aidera

Jeudi 21 mars 2019

Assurément une des scènes les plus pénibles du film de Francois Ozon, Grâce à Dieu, est celle de la prière du Notre Père, unissant en une seule supplication, criminel, victime et go-between : « Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés ». On fait difficilement pire, on se demande comment on peut, sans rire, se lever le matin pour faire un truc pareil.

Oui, là on a du mal, on a beaucoup mal.

C’est qu’il faut du pardon à tout crin et barbe à papa, rose de sentiments magnanimes, tout filandreux de grandeur d’âme et d’honnête simplicité : tiens-moi la main et prends la mienne.

Pardon de gogo au pied d’une idole en croix, tutélaire et morte pour un déjà mort et un toujours mort. Mais un pardon tellement pratique, tellement à notre hauteur, tellement possible, tellement pensable. Tellement faux. Tellement injuste. Tellement mortel.

Un pardon pour un monde simple, où le mal, au fond, n’existe pas. Un accident de parcours. Un petit problème. Un gros accroc. Mais rien de grave, rien qui interroge, rien qui dérange vraiment les certitudes calmes d’un monde en ordre où le gentil tristounet doit comprendre le benêt méchant.

Car le méchant, il peut être gentil, et le gentil, il peut être méchant. Par exemple, le gentil juge que le méchant, il est méchant, et bien, ce n’est pas bien, car le gentil, il n’est pas Dieu, et Dieu il n’est pas méchant, il est plutôt gentil, même bon. Donc le méchant et le gentil, ils sont pareils, ils sont mauvais, et donc ils doivent prier ensemble le seul qui soit bon, Dieu. CQFD. Même Dieu, l’ « au-delà de tout », on le comprend. On est vraiment trop forts.

Oyez, oyez bonnes et braves gens fracassés, oyez oyez la bonne nouvelle : Dieu vous aime, alors pardonnez comme lui vous pardonne. De quoi vous vous plaignez ?

Mais voilà, mais voilà, la miséricorde et tout ça, ce n’est pas trop le problème number one, plutôt les oignons perso du Très-Haut, et qu’en attendant d’y comprendre quelque chose, il y en a une que le plus abruti saisit illico : la justice et la réparation comme ce très bas-monde, pour le coup expert en humanité, sait y penser, lui.

A « l’Eglise » qui décide, on a envie de dire : fais-toi partie civile aux procès, vire de la prêtrise tous ces scandaleux, fais ton boulot et souviens-toi du bon samaritain. Aide toi et le Ciel t’aidera.

Et dans trois générations, ça ira, peut-être, un peu mieux, avec beaucoup, beaucoup de foi.

Vos réactions

  • Françoise 24 mars 2019 12:11

    Bonjour

    Merci pour l’article. Le premier pardon dont ne parle jamais le clergé (et c’est logique), c’est le pardon à soi-même. Car le jugement de soi face aux crimes subis, est immédiat. Et participe grandement au traumatisme. Culpabilité renforcée souvent par l’agresseur qui en rajoute une couche, histoire de verrouiller durablement dans le silence et la honte ses victimes ou sa victime.

    La première personne qui doit se pardonner à elle-même, c’est donc la victime. Accepter de n’avoir pas pu se défendre au moment des agressions, essayer de comprendre de quoi fut faite l’emprise, pourquoi, comment l’éducation familiale, scolaire, religieuse a préparé, voire accentué cette soumission. Comprendre comment en sortir pour pouvoir retrouver une certaine intégrité et dignité. Rien que ce pardon-là est long et demande un sacré voyage intérieur et initiatique. Et qui prend des années et des années. Et demande aussi un travail thérapeutique profond.

    Ca devrait être dit à toutes les victimes de viols et d’abus sexuels. Et ça n’est pratiquement jamais dit. Je le regrette en tant qu’ancienne victime d’inceste. Il m’a fallu attendre la quarantaine et une thérapie jungienne avec un psy pour le comprendre et travailler véritablement dessus.

    Pourquoi le pardon à soi-même est-il si peu pratiqué par le catholicisme ? Parce qu’il sort la personne de la culpabilité. Il la rend à une capacité de sujet et non d’objet. Alors que le pardon à l’autre contraint l’individu à prendre sur sa propre souffrance et le maintient dans la culpabilité donc dans la soumission.

    Souvent ce pardon est faussement relié à Jésus. Or Jésus ne pardonne pas. Il demande à son Père de pardonner. Ce qui n’est pas la même chose. Sur la croix, Jésus crucifié ne peut pas pardonner à ses bourreaux. Mais demande à son Père de le faire pour lui. Il laisse à Dieu le choix final de pardonner ou pas. Ce pardon appartient donc à Dieu et non à la personne victime. La personne victime peut prier pour que Dieu pardonne à son agresseur. Mais c’est Dieu qui décidera en dernier ressort s’Il pardonne ou pas. La victime s’en remet à Dieu à ce sujet. Elle brise l’emprise en plaçant son agresseur face au jugement divin et à sa conscience. Mais ça n’absout en rien l’agresseur de quelque responsabilité que ce soit ni de son crime.

    Or c’est ce que croit et c’est ce que nous a toujours fait croire le clergé. Et c’est logique. Car dans le cas de crimes commis par une autorité qu’elle soit cléricale ou sociale ou politique ou familiale, il est important que les victimes restent soumises à ces autorités criminelles et abusives. Qu’elles ne se révoltent jamais, qu’elles n’osent pas demander des comptes ni justice. Qu’elles se contentent de pardonner, de subir en serrant les dents (et éventuellement les fesses) et de se taire. Cela va avec l’approche cléricale qui se veut sacrée donc autorité suprême divine face aux croyants qui seront infériorisés. On est toujours dans un rapport hiérarchique qui pose de fait, une certaine résignation vis à vis de toute forme d’autorité.

    Et quand on est éduqué sur ce modèle dès l’enfance, c’est particulièrement compliqué de ruer dans les brancards.

    Et ça dépasse le cadre de la seule dimension religieuse. Il faut être poussé à bouts de misère, de chagrin, de traumatisme pour qu’il y ait un sursaut de colère, de révolte, de douleur pour oser transgresser cette éducation faite de soumissions successives.

    Commencer à le conscientiser peut infiniment culpabiliser les individus. Et il faut du temps pour oser le penser sans culpabiliser. Avant même d’entamer une démarche judiciaire et thérapeutique.

    C’est pourquoi il se passe de longues années avant que des victimes de crimes sexuels osent dénoncer et demander jugement pénal de leurs agresseurs. Non seulement il est difficile, compliqué physiquement, psychologiquement, affectivement, sexuellement de retrouver un équilibre après ce type d’agression (et plus ça s’est répété sur une longue période et plus c’est compliqué et plus ça impacte le quotidien durablement), mais il est plus que compliqué d’oser transgresser l’ordre établi (à savoir la victime doit pardonner, oublier, se soumettre).

    Dieu n’étant pas sadique, pas plus que Jésus, il ne demande pas à la victime de pardonner. C’est lui qui se charge de la situation et il en dégage la victime. Par contre, la victime doit se pardonner à elle-même. C’est ainsi qu’elle pourra commencer à se repenser sujet et non objet. Et penser qu’elle peut obtenir justice, thérapie, dignité, respect, considération, protection, écoute.

    Et c’est un long chemin.

    Ozon est spécialiste de l’outrance. C’est récurrent. Il l’a fait dans plusieurs films et ce dernier n’y échappe pas. C’est sa marque de fabrique, si je puis dire. Il faut donc replacer le film dans le contexte des autres productions du réalisateur. L’aspect positif de son travail est qu’il ose questionner frontalement ce qui peut se jouer autant à l’extérieur qu’à l’intérieur d’une personne, ambiguïtés comprises. Il va creuser très loin dans les zones les plus sombres, les plus cachées. Maintenant, il faut pouvoir être suffisamment remis de ses propres traumas pour parvenir à un certain détachement quand on voit certains de ses films.

    Oui, je suis d’accord. Il faudrait déjà que l’institution vire ses clercs pédophiles, criminels violeurs et abuseurs. Mais ça voudrait dire qu’elle entre en critique et dévoile l’horreur de la politique de Paul VI. Et fasse cesser cette politique. Avoue avoir abandonné et délaissé, voire banni la solution d’internement et de destitution préconisée par Gerald Fitzgerald de l’institut des Serviteurs du Paraclet. Avoue l’ensemble des crimes commis par l’institution depuis ses débuts. Explique clairement aux croyants comment le recrutement d’enfants dès le haut Moyen-Age (pour les congrégations religieuses et les petits séminaires), a placé de fait le clergé dans une position d’autorité sacrée pouvant (pour soumettre définitivement ces enfants et disposer d’une vie sexuelle dans le cadre clérical) agresser sexuellement sous couvert d’amour divin et d’éducation scolaire et religieuse. Tant que cela ne sera pas admis et avoué par le clergé à l’ensemble des croyants, rien ne pourra vraiment avancer. On continuera de jouer au chat et à la souris, à rester dans l’hypocrisie, les faux-semblants, le jeu de dupes.

    Et j’ai bien peur que jamais l’institution ne le fera d’elle-même (sauf quelques exceptions très marginales). Parce que toute institution n’est pas là pour évoluer mais pour perpétuer ses dogmes. Or son dogme principal est la soumission à une autorité définie comme indiscutable et divine, à savoir soumission au clergé. Revenir sur ce dogme, en dénoncer sa perversion n’est pas du tout au programme de l’institution. Certains hauts-clercs peuvent courageusement le manifester (quitte à se faire virer comme le fut Eugen Drewermann ou d’autres), mais le corps institutionnel refusera toujours je pense de revenir dessus. Car cela signifierait l’effondrement et la destruction de fait de l’institution. Qui ne peut accepter de voir détruit son fondement.

    L’institution telle qu’elle fonctionne et se pense, ne pourra donc que s’autodétruire par la perpétuation de ses crimes.

    Les croyants auront d’ici là, construit d’autres bases institutionnelles plus conformes au message de Jésus et hors de tout cadre hiérarchique. L’Eglise continuera, mais sous une toute autre forme que celle des empires.

    C’est ce que nous voyons se profiler depuis environ dix ans avec l’enchaînement des révélations et des procès pour crimes cléricaux graves. Un peu comme différentes explosions avant la mise en orbite d’une fusée.

    Il est seulement dommage qu’il ait fallu attendre 17 siècles pour que les croyants commencent au plan international à taper du poing sur la table. C’est vrai que le niveau d’éducation s’est élevé seulement depuis le 20e siècle. Idem pour le niveau d’information. Mais c’est triste si on fait le bilan des millions, peut-être même des milliards de victimes qu’il aura fallu durant 17 siècles, avant ce sursaut de dignité.

  • lm 24 mars 2019 11:16

    Merci beaucoup Anne pour votre article ! Je vous rejoins sur toute la ligne. Certes, cette lucidité dérange tous ceux qui préfèrent leurs chimères à la vérité. Plutôt que d’entreprendre un travail de clarification et de discernement en se confrontant à la réalité brutale de l’ existence superficielle de ce monde de bisounours ,ils se racontent des histoires, se mentent à eux -mêmes, discourent sur le pardon des victimes mais jamais sur la demande de pardon de la part des coupables. Bref, rien de nouveau…

  • M 23 mars 2019 19:23

    Le ton de cet article est irrespectueux. Si une mère pardonne au meurtrier de son enfant, parlerez vous de sentiments dégoulinants… Vous avez le discours de ceux qui ne veulent pas pardonner. Or le pardon n’est pas optionnel dans la foi catholique. On peut ne pas pouvoir pardonner maintenant, mais le vouloir. Quant à votre description de Jésus en croix, comment osez vous ? Vous ne vous rendez pas compte de ce que vous dites. En voulant défendre les victimes, vous tournez en dérision notre Foi et la Personne du Christ. Vous ajoutez du crime au crime. Quand on aime l’Eglise on souffre pour elle, c’est concret cela, non ? Je vous souhaite de découvrir la douleur devant le mal qu’on hait. Là voyez-vous, vous affermissez ma conviction que votre douleur ne produit que de la haine envers Dieu et son Evangile. Si vous étiez de Dieu vous ne tiendriez pas ce discours.

    • Aide toi et le Ciel t’aidera 24 mars 2019 01:12, par anne thoraval

      Je n’ai aucune douleur particulière, n’ayant jamais connu d’abus. Je ne défends pas les « victimes », ce mot me gêne : je le trouve réducteur. Je n’ai aucune haine, et surtout pas contre la foi en Jésus-Christ, que je crois être le fils du Père, mort et ressuscité.

      Simplement, je ne prends pas des vessies pour des lanternes. La scène de la prière du film Grâce à Dieu, à elle seule, exprime le scandale , et tout le scandale : le pardon y est érigé en idole, de celles qui ont des yeux et ne voient pas, des oreilles et n’entendent pas une bouche et ne parlent pas. Le scandale est complet, jusqu’au sacrilège, puisque cette idole, devient le Crucifié lui-même, et l’adresse à son Père par la prière qu’il a lui-même enseignée à ses disciples. Je sais donc parfaitement ce que je dis, c’est même pour ça que je l’écris.

      Cette prière commune racontée dans le film - et vécue dans la réalité- est, aussi, bête, abyssalement bête, effroyablement bête, bête jusqu’au grotesque. Isabelle de Gaulmyn, dans son livre Histoire d’un silence, dit d’ailleurs que le « go-between » a amèrement regretté sa naïveté.

      Lisez cet excellent livre. Vous y trouverez l’histoire d’un homme, violé dans sa jeunesse par ce prêtre et qui, ne sachant plus comment (sur)-vivre, est entré dans les ordres. Epuisé, il est parvenu à s’ouvrir de son drame à son père abbé, qui l’a encouragé à agir. Mais le corps a laché et il est tombé malade, « une loque », sur un lit d’hôpital, dit-il de lui-même. Quelle grandeur, quelle beauté, quel courage chez cet homme ! Lui ne le voit pas peut-être, mais nous, nous le voyons.

      Isabelle de Gaulmyn explique aussi comment a pu agir, en toute impunité, Bernard Preynat, grâce à un silence collectif des clercs et des parents, au nom de « l’Eglise », au nom du « pardon ». Cette idôlatrie a de multiples noms : le cléricalisme, le déni, la dissimulation, la protection de l’institution, mais aussi la lacheté. Molière, lui, faisait dire à Tartuffe « Cachez ce sein que je ne saurais voir ». Aujourd’hui, mal élevés, on dit cache-sexe.

      « Qu’as-tu fait de ton frère ? - Suis-je responsable de mon frère ? ». La miséricorde divine va jusqu’à supporter cette réponse minable, que l’on fait tous, plus ou moins, dans nos vies, vous comme moi, comme tout le monde. Mais quand, dans les faits, c’est à dire l’absence d’actes réels, la réponse minable vient des ministres de son Verbe, pour un frère qui, violé dans son corps, tué dans son âme, coupé de son Dieu à cause de ce scandale, meurt à petit feu de désespoir, de haine, de détresse, et qu’aucun ne s’arrête sur le bord du chemin, là, c’est autrement grave. Ce n’est pas juger, c’est appeler un chat, un chat.

      Le bon Samaritain, l’étranger, l’inconnu ce sont tel ou telle, qui par leurs paroles, effectivement libérées, relèvent et réconfortent, dans le secret des cœurs, la dignité humaine, irréductible, des plus offensés, des plus bafoués, des plus oubliés. Ceux-là, sans doute, lisent leurs livres et voient leurs films.

      Et vous, les lisez-vous, les voyez-vous ? Insuffisament peut-être. Sur ce site, sur l’Avref, vous trouverez toutes les références nécessaires. Ce sont d’excellents sites qui, même pour les évêques, ne sentent plus le soufre. Vous voyez, tout arrive. Grâce à eux, d’ailleurs, j’ai ouvert les yeux moi-même. Heureusement, puisque, comme le dit si lucidement Camus, « la bêtise insiste toujours ».

      • Aide toi et le Ciel t’aidera 24 mars 2019 22:50, par agapé

        Non, la prière du « Notre Père », celle que le Christ nous a apprise, ne vient pas du royaume des bisounours , elle émane de sa relation à son Père. Et, il l’a vécue jusqu’au bout, comme supplicié, dans le plus grand des réalismes, en priant pour ses bourreaux. Ensuite, l’hypocrisie, étant une des choses au monde la plus partagée,chacun d’entre nous peut la réciter en la trahissant dans son cœur :« Ces gens m’honorent des lèvres, au fond d’eux mêmes ils maudissent » où comme dirait l’expression populaire : « C’est l’intention qui compte »..

    • Aide toi et le Ciel t’aidera 24 mars 2019 09:35, par E

      Très juste M ! Le ton de cet article est polémique à dessein, tout comme l’est le film partisan de François Ozon.

      Traiter le Christ « d’idole en Croix » en omettant l’une de ses dernières paroles : « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font », c’est nier l’Amour crucifié. Les victimes, au sens large, n’ont pas besoin de lire les « conseils » que cette personne donne à l’Eglise qu’elle caricature et dont elle dénature le message.

      Il est des cas où un pardon est impossible humainement mais devient possible avec le temps et la grace de Dieu. Le nier c’est renvoyer les victimes dans l’abîme de l’amertume, du désespoir, voir de la haine. Quant à la justice des hommes, elle est pauvre et imparfaite. Tout attendre d’elle est frustrant et souvent décevant. La justice de Dieu est elle immuable et parfaite. Que les modérateurs de ce Forum publient ce type d’article montre combien leur regard sur le mal et la souffrance des victimes est limité, réducteur et même irrespectueux.

      • Aide toi et le Ciel t’aidera 24 mars 2019 11:49, par lm

        @E,@M

        C’est votre inconscience qui est mortifère. Pour moi ce récit exhorte à la prise de conscience, il invite à la réflexion, à exercer son esprit critique…En tant que « victime » c’est grâce à des gens comme Anne que j’ai pu avancer ,et non grâce à ceux qui me soumettent à leur spiritualité narcissique et autoritaire. Les victimes ont besoin d’avancer, et pour le faire il faut d’abord sortir de l’ignorance et de la passivité. Et cette démarche elles ne peuvent entreprendre qu’en solitaires, à l’écart du « groupe et leurs vérités » communément admises. Dans cette histoire il y a deux niveaux de compréhension. Voir et croire. Voir, ce sont les survivants pour qui c’est une expérience personnelle, inexplicable à autrui, les personnes qui sont à l’intérieur. Croire, ces tous ces donneurs de leçons qui accepte une vérité officielle, un dogme enseignée, et qui restent à l’extérieur. C’est votre discours qui est irrespectueux. Surtout celui de « M » car il ou elle ose parler au nom d’une mère qui pardonne au tueur de son enfant… Vous jugez, culpabilisez,vous instrumentalisez le pardon, c’est ahurissant !

      • Aide toi et le Ciel t’aidera 24 mars 2019 12:03, par anne thoraval

        La justice des hommes est assurémént bien pauvre, mais elle est la seule en leur pouvoir et capacité. Jésus d’ailleurs ne la méprise pas, qui conseille de s’accorder en chemin avec son adversaire, de peur qu’il n’aille voir le juge et que le juge ne jette cet adversaire en prison. Enfin, quand il n’ y a pas prescription : vous avez raison, elle manque de perfection. Mais rassurez-moi, concernant la scène du Notre Père dans le film de François Ozon, vous n’auriez tout de même voulu que Bernard Preynat prononce à son tour les paroles sacrées : « Père, pardonne-leur car ils ne savent ce qu’ils font » ? Pour le reste, je vous renvoie à ma réponse à « M ». Ainsi, vous ne vous chagrinerez pas davantage : je sais très bien distinguer entre la vraie miséricorde et le mystère de la Passion, et leurs effigies scandaleuses, commodes aux sacrilèges.

      • Aide toi et le Ciel t’aidera 24 mars 2019 14:38, par Françoise

        C’est Dieu qui pardonne ou pas. Pas la victime. Jésus lui-même n’a pas pardonné mais a demandé à son Père de pardonner à ses bourreaux. Ce qui n’est pas du tout le sens du pardon que souhaiterait le clergé criminel et l’institution cléricale de la part de ses victimes. Le clergé criminel et l’institution cléricale souhaitent l’absolution via une messe, via la récitation d’une prière qui défausserait de toute responsabilité criminelle l’institution et le corps clérical responsable des crimes. C’est complètement absurde. Mais néanmoins la réalité que nous offre le clergé. Ce qui est un non-sens au regard des traumatismes subis et de la durée dans le temps des conséquences issues de ces traumatismes.

        Le pardon de Dieu n’appartient pas aux victimes. Il appartient à Dieu seul. Il peut ou pas être donné par Dieu.

        En attendant, il faut que les victimes puissent se reconstruire et elles ne peuvent pas le faire si elles défaussent les criminels en cause de leur responsabilité criminelle. Il n’y a pas d’absolution possible pour des crimes détruisant l’intégrité physique, psychique, spirituelle, sexuelle, affective. Peut-être ne le comprenez-vous pas, mais c’est une réalité à laquelle l’ensemble de la société doit se confronter, même si elle fait très mal. Parce que c’est cette réalité violente que doit vivre chaque victime de crime sexuel après les agressions. Toute sa vie terrestre. Il n’y a pas un jour sans que les victimes ne se confrontent à cette violence. Il n’y a pas un élément de leur vie qui ne soit pas impacté du fait de ces crimes subis. Et à chaque étape de vie, ces agressions vont peser dans les décisions, dans les choix, dans les relations, dans l’intimité. Logiquement, ces crimes devraient relever du crime contre l’humanité. Parce que ces crimes portent atteinte à l’intégrité complète de l’individu. Ces crimes tuent la personne non pas physiquement au sens propre du terme, mais à tous les niveaux dans sa vie. Ces crimes font de la personne un mort-vivant. Pour cela d’ailleurs que ces crimes font partie des armes de guerre et des crimes de guerre pour achever une population dont les belligérants veulent se rendre maîtres.

        Pourquoi le viol, les abus sexuels ne sont pas comptabilisés comme crimes contre l’humanité ? Parce qu’ils sont beaucoup trop utilisés par les individus masculins ayant autorité, que cela s’opère dans la sphère sociale, familiale, religieuse, professionnelle, militaire, ce qui nécessiterait un jugement pénal pour un trop grand nombre d’individus, presque pour la moitié de l’humanité et même plus car les femmes peuvent aussi violer et abuser sexuellement (essentiellement des enfants). Le crime sexuel est une variante de l’esclavage. Et vous savez que l’esclavage même dénoncé, même prohibé par décrets et législations, continue de sévir partout dans le monde. Parce qu’il s’agit d’une question de pouvoir totalitaire sur un individu. Et que certains humains ont besoin absolu de dominer leurs congénères pour se sentir exister. Ils ne peuvent se sentir vivants qu’en réduisant, qu’en crucifiant jusqu’en leur intimité leurs frères et soeurs. C’est sur cette oppression que se fonde leur existence.

        Pour eux, l’ordre du monde se définit entre dominants et dominés. Et les dominés listés sur des préjugés et des intérêts, n’ont pas voix au chapitre.

        Alors quand je vous lis, je ne peux que retrouver cette passion du pouvoir qui fait qu’on ne conteste pas l’ordre religieux établi. Sous prétexte qu’il ne faut pas contester l’autorité. Parce que vous avez été éduqué(e) comme cela et que pour vous, se sont ces valeurs d’autorité, de domination qui régissent votre vie.

        Cela irait sans mal si cette autorité était respectueuse des individus. Ne portait jamais atteinte à leur intégrité à quelque niveau que ce soit. Or, l’autorité dont vous vous réclamez viole, abuse, maltraite, réduit en esclavage. Doit-on courber l’échine selon vous ? Doit-on continuer à se taire ?

        De plus en plus de victimes disent non à cette injonction toute à la fois religieuse, sociale et familiale et professionnelle. Parce que c’est assez d’être crucifié chaque jour par les remontées des violences subies, assailli par des souvenirs, des odeurs, des mantras des agresseurs récités pour empêcher toute rébellion, toute sortie d’emprise de leurs victimes.

        Et ces victimes réclament un jugement judiciaire. Pas une correctionnalisation comme trop souvent, mais une mise aux Assises de ces tortionnaires et de leurs complices. Voire, comme je le fais moi-même, militent pour que ce crime soit enfin reconnu comme crime contre l’humanité. Ce qu’il devrait être tout comme l’esclavage et tout ce qui porte atteinte à la dignité et à l’intégrité physique, psychologique, sexuelle, affective.

        Dans cette nuit de l’âme dans laquelle ont été plongées les victimes, il y a une petite lumière qui commence à parvenir…La compréhension d’une torsion complète du message christique pour préserver des intérêts cléricaux basés sur la domination totalitaire des individus. Et avec cette compréhension, j’allais écrire, l’élévation du niveau de conscience, un sursaut de dignité arrive. Et c’est cela qui vous fait peur. C’est cela qui dérange. Parce que cela montre une complète trahison du message christique pour coller seulement aux intérêts matériels de l’institution.

        L’Eglise, se sont les croyants qui en font l’essentiel. Cette Eglise souffre de ce déni de justice, de ces mensonges, de ces crimes. L’Eglise cléricale quant à elle (et si c’est d’elle dont vous parlez) ne souffre que depuis que les croyants se rebellent et dénoncent les crimes du clergé et mettent le clergé au tribunal. Mais combien se repentent réellement, et pas juste pour la vitrine ? Très peu. Ils peuvent se compter sur le doigt d’une main actuellement. Les clercs criminels mis en cause n’ont aucun repentir. Pire, ils définissent les victimes comme des personnalité déficientes qui réclamaient elles-mêmes l’abus et le viol. Et ce discours est répété à l’envi par nombre de leurs collègues non directement criminels (l’abbé de la Morandais nous a fait il y a quelques jours une déclaration qui montre bien à quel point différents membres du clergé sont dans l’aveuglement et le mépris des victimes) . Ce qui constitue une inversion totale des responsabilités criminelles.

        Il est donc plus que temps de rétablir l’équilibre. Et donc aussi la justice des hommes concernant ces crimes. La justice de Dieu ne nous appartient pas. Et c’est à Lui et à Lui seul d’en décider. L’ordre du jour est aujourd’hui de traiter ces crimes, de punir les auteurs au plan judiciaire, de réparer les blessures et les traumatismes, d’aider à la prise en charge thérapeutique de qualité pour nombre de victimes en errance et en situation de grande pauvreté et dénuement.

        Tout en gardant aussi une bonne dose d’humour sans lequel on ne saurait vivre. François Morel nous a régalés d’une intervention exemplaire. Je vous la partage.

        Elle vous fera peut-être réaliser certaines énormités cléricales.

        https://www.franceinter.fr/emissions/le-billet-de-francois-morel/le-billet-de-francois-morel-22-mars-2019#xtor=EPR-6-

      • Aide toi et le Ciel t’aidera 24 mars 2019 20:51, par anne thoraval

        Vous me citez incorrectement : je n’ai pas mis de c majuscule à « idole en croix », ce que vous vous faîtes, justement parce que je ne confonds pas avec le Christ. C’est plus qu’une nuance, et pour vous pire qu’une confusion. Ce que vous dîtes est exactement ce que je dénonce : des chimères, pour reprendre le mot vraiment juste de lm.

        • Aide toi et le Ciel t’aidera 9 avril 2019 01:33, par Alex

          Je voudrais remercier Anne pour son article et encore plus Françoise pour ses commentaires qui m ont touche au plus profond de mon cœur. Je suis un pere de famille nombreuse, heureuse et prospère… sauf que il y a 30 ans, lorsque j’avais 16 ans j ai ete abuse par un pretre pendant plus d un an… quotidiennement… sous le nez de ma famille qui le vénérez…. malgré des années de thérapies, de lectures et d’amities sinceres et profondes je ne me suis jamais vraiment rétabli… j’ai écris aux évêques concernés dont un est un cardinal maintenant… j’ai reçu trois lignes de réponses a chaque fois… rien… aucun intérêt a me voir ou investiguer… le personnage est mort a 80 ans dans une belle maison de retraite aux jardins fleuris… je me sens encore « obligé » de par mon milieu a rester formellement proche de l’Eglise… amis prêtres, amis engagés, etc… JE considère que j’ai une relation avec le Christ, une relation personnelle, tres personnel… mais je ne crois plus en l’institution et je n’attache plus aucun intérêt aux messes, prêches, sacrements… c est ma façon de pardonner : sortir du cercle, ne plus être lié a l’institution…. lâcher prise, indifférence presque

          J ai regarde une video sur Youtube d’un certain Mgr Gobilliard (https://youtu.be/pgf6kravWXo) Jettez y un coup d œil… il parle de la lutte contre le clericalisme - soit disant la cause principale des abus - tout en incarnant le cléricalisme le plus parfait lui-meme, tellement il est coupé du reel et de l’humainité authentique. Le seul moyen de dépasser le cléricalisme est de ne plus avoir de clergé, de ces Monsieurs les eveques qui ne servent a RIEN… sauf a faire perdu des vieux complexes, sauf a se créer des moyens de subsistence… regardez cette video, alors que les affaires de Barbarin sont sous son nez, ce brave monsieur est tout content de lui-meme, tout fier… pas de trace de cœur contris ou d’humilite, de veai sens d’ecoute pù on se tait face a l’indicible de la souffrance… ce brave monsieur va tres loin : en somme il dit que le principal moyen de lutte contre les abus c est le combat contre le clericalisme… qui passe par l’engagement des laics sous l autorité des pretres et des eveques… donc par le….cléricalisme… et voila, la boucle est bouclee… pitoyable… cette video que je trouve catastrophique est relayée par des nombreux sites cathos… vraiement « …ils ne savent pas ce qu ils font… »

          La cause des abus est plus profonde que le prétendu cléricalisme, elle est congénitale avec les doctrines essentielles de l’Eglise, le peche originel, la morale « divine » extérieure a la conscience individuelle… la notion du droit naturel est un bel exemple de l abus de l individu et de la liberté… heureusement plus personne n y croit…

          La religion catholique dans sa version institutionnelle est hélas fondamentalement toxique et dangereuse pour le bonheur de chacun… La prière du film cité l’illustre parfaitement…. il n y a plus de VRAI la ou on ne parle que de VRAI… et toutes ces bondieuseries ne sont qu une perte de temps…

          La vie est ailleurs, elle est plus simple, plus humaine, plus joyeuse et plus belle que tout ce dont on nous a tant parle dans les églises…

          • Aide toi et le Ciel t’aidera 9 avril 2019 20:16, par anne thoraval

            Bonjour Alex,

            Soyez bien certain que votre relation personnelle au Christ est le plus essentiel de tout, de tout, de tout. Je tenais à vous le dire car votre témoignage m’a beaucoup touchée. Très amicalement , Anne

          • Aide toi et le Ciel t’aidera 11 avril 2019 19:29, par agapé

            Même si j’aime beaucoup le fabuliste, « Aide toi, le Ciel t’aidera », ce n’est pas l’Evangile. Le samaritain n’a pas dit « aide toi le Ciel t’aidera » à celui qui gisait sur le bord du chemin. Le prêtre et le scribe qui passaient et regardaient de loin, le lui ont peut être dit ou l’ont peut être pensé très fort….. Par contre : « Heureux les affamés de la Justice, ils seront rassasiés » « Montrez vous compatissants comme votre Père est compatissant, ne jugez pas et vous ne serez pas jugés ;(…..)Donnez et l’on vous donnera c’est une bonne mesure , tassée,secouée,débordante qu’on versera dans votre sein ; car de la mesure dont vous mesurez on mesurera pour vous en retour ; »

    • Aide toi et le Ciel t’aidera 28 septembre 2019 21:00, par volubilis

      Père pardonne leur ils ne savent pas & etc devait concerner les bourreaux & soldats obéissant ainsi que les badeaux ( j’ignore l’orthographe de ce mot ) ignorant , mais les pharisiens hypocrites & le péché contre l’Esprit furent-ils absouts ?

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