Le monde va très bien. Surtout certain monde. Pas le monde livré au diable, au modernisme dans toutes ses dérives (Ap. 13), dont le certain monde préserve, et préserve par charisme.
Quel est ce monde, fort critiqué par le monde au diable, qui préserve par charisme ? C’est, à cette heure de nos temps modernes, un monde en germe, voulu par Dieu, où la sainteté est à l’œuvre. Grâce à une organisation béton, un charisme donc béton, une fidélité à soi-même béton. Béton armé : référence au combat, à la guerre qui oppose à l’autre monde.
Comment s’opère la guerre ? De deux manières : reprendre les postes de pouvoir du monde, séduire le monde. C’est à dire proprement et très ingénieusement procéder comme le monde. Une démarche caméléon, mais cela fait partie des stratégies militaires. Avec Dieu caché ou affiché, peu importe. Discrétion ne nuit pas. Le monde est donc déclaré ouvertement une chose bonne. Le monde qui est au diable. L’argent est bon, le pouvoir est bon, tout est bon, omnia bona. C’est pourquoi laissez-nous la place. Et l’Église, gênée aux entournures, ringardisée dans la modernité, est satisfaite. La mise à jour s’opère toute seule dans un nouveau monde clé en main. Chacun y retrouve son bien.
Seulement, un problème.
Ce nouveau monde, déjà existant en cellules, donc, qu’on appelle centres ou foyers ou autres choses, n’est pas non plus un monde, une seule entité. Ce sont plusieurs mondes qui tous sont le monde nouveau. C’est pourquoi ils s’ignorent ou cherchent à s’englober l’un l’autre. Théologiquement, vaticanesquement, spirituellement. Disons : militairement (miles Christi sumus).
Quand ils sont réunis, ce n’est jamais pour un bien : par exemple, dans la lettre aux évêques qui a provoqué quelques mots fâcheux à leur encontre, ils étaient réunis. Ce qui les confortent dans le fait de se séparer mutuellement et n’avoir rien à faire les uns avec les autres. Une charité les empêche juste de pointer le mal du voisin, qui manifestement n’est pas le nouveau monde.
Donc, moi, personnellement, je ne sais quel est le bon monde. Même en comptant le monde monde, le problématique.
Je me tâte. J’hésite.
Mais me tâtant je prends conscience de mon corps, de ma tête qui hésite. Et je touche un monde. C’est, quoi, l’univers dans un crâne. Et même dans un être. Tout un monde. Et là dedans il y a aussi un salut en jeu, paraît-il. C’est ce que m’ont appris ceux qui avaient quelque chose à me dire.
Il y a un Christ qui peut bouger des choses. Et donc dans ce monde-là intérieur que je suis, et même physique, est-ce qu’il y a un espace qui est sauvé, sur lequel je peux me baser, quelque cellule saine ? Je pourrais le faire correspondre à la cellule extérieure qui lui correspond, et ainsi reconnaître la bonne.
Or, dans mon difficile chemin passé, encore obscur via crucis, on (certain de ces mondes nouveaux pour les temps futurs, c’est à dire dont l’un va devenir le monde total futur, dans la diversité la plus complètement unie) m’a dit : tu es fait de toute éternité pour nous. Mais je n’ai pas éprouvé que ce monde nouveau-là fût, lui, de toute éternité pour moi.
Donc voici où j’en suis de mes tâtonnements : ce que j’ai en moi de sain est saint. Donc c’est le monde futur. Ce que j’ai en moi d’obscur, ce n’est pas grave, car seul le bien compose, et que l’obscur montre que ce n’est pas moi qui agit, mais Dieu à travers un instrument lamentable.
Donc, dans cette foi absolue de l’action de Dieu en moi qui suis voulu de toute éternité mais je ne sais pas encore pour quoi, je vais prendre le pouvoir. Les éditions, les médias, la république, les supranationales, pour le bien (des œuvres de charité, du social, de la formation au bien et à sa méthodologie) - le Vatican, où le mystère d’iniquité agit mystérieusement indécemment. Bien sûr, je ne vais pas faire ça tout seul, ce serait anti-évangélique d’oublier la communion. Non, c’est que je porte un message, qui est justement que nous sommes tous appelés à l’unité dans le salut, tous dans le même salut, en suivant ce qui est saint en nous, qui est le Christ en nous, et en bâtissant avec cela. Pour cela, il faut commencer par le premier bien qui se présente, car bonum diffusivum sui, le bien se diffuse de soi-même : ma cellule de sainteté. Puisque je prends le pouvoir, qu’il en faut un pour le prendre, et que le fait que je le prenne est le signe de mon élection, on va partir de mon bien : ma cellule de sainteté. Ainsi tout le monde va profiter de ma cellule de sainteté, qui donc, prend les dimensions du monde, l’englobe. Et comme le bien ne m’appartient pas, mais provient du Christ en qui et par qui tout est créé et tout retourne, ce n’est pas moi, mais le Christ qui se manifeste dans ce bien que je suis. Et donc, voici pour les temps infinis le monde nouveau ; vous serez un autre Christ, moi-même qui lui ai laissé toute ma place. Quant à mes ombres, qui servent pour mon humilité, elles sont le cadre mettant la lumière en relief, jusqu’à ce que le Christ à la fin des temps les purifient. En attendant l’heure de cette purification ultime, je vous propose le partage aussi de mes ombres. Elles servent aussi mystérieusement au bien, omnia in bonum. Si j’abuse de vous, c’est la croix que vous porterez en toute liberté pour la purification finale et le salut de tous. Acceptez mes abus. Vous, les femmes, venez à moi, et vous les hommes, je ne fais pas de différence de genre. Le monde du Malin croit nous détruire avec sa nouvelle théorie, il ne voit pas combien il est bête. Stulti sunt.
Soyez tous en moi, partons de cette base rationnelle et spirituelle, et nous serons sauvés, car je viens de recevoir ce charisme : d’être ce petit être misérable, qui possède le plus petit bien, mais dont précisément le Christ va faire le germe pour l’arbre de l’univers régénéré. Si vous dites : mais quel con ce mec, ou : pauvre type, ou autre chose de ce genre (salaud, quand vous me verrez, ou connard), trouvez dans ce jugement juste la raison de mon élection.
Mes filles et mes fils nouveaux, venez à moi, consommons les noces d’or. Anticipons dans l’ombre et au soleil l’amour universel.
Etienne Michel.