Bonjour LM
La notion d’égalité dans une hiérarchie qu’elle soit laïque ou cléricale relève de l’absurde. Elle n’existe tout simplement pas et n’est pas souhaitée par celles et ceux qui détiennent le pouvoir, l’autorité. Tout est organisé suivant la position hiérarchique et c’est quelque chose d’obsessionnel dans les communautés dérivantes sectaires. Difficile donc de laisser l’espace à une quelconque égalité, donc de facto à une quelconque considération.
Quand on s’accroche à la hiérarchie pour dire qui a droit à quoi c’est qu’il existe une insécurité profonde intérieure qui empêche l’ouverture suffisante sans la peur ni de soi ni de l’autre.
Je regardais ce week-end un magnifique documentaire sur le village espagnol andalou Marinaleda et le maire a très bien compris que la base de l’égalité, de la fraternité, de la liberté, du bien-être de tous les citoyens du village, c’est la résolution des 14 besoins fondamentaux des individus, et qui peuvent se réaliser par l’entraide.
Je vous passe les repères créés par une infirmière américaine Virginia Henderson, qui sont les bases d’une vie digne et vous pourrez ainsi comprendre que dans les différentes communautés dérivantes sectaires, ces 14 besoins ne sont absolument pas résolus mais au contraire, mis à mal.
Mais comme la plupart des hommes et femmes, enfants (hormis les infirmiers, les infirmières, les médecins) ne connaissent pas du tout ces 14 besoins fondamentaux de l’humain, forcément, les communautés dérivantes, les institutions abusives font ce qu’elles veulent. C’est sur l’ignorance, l’insécurité personnelle, la peur, la privation des besoins élémentaires que se fonde chaque violence, chaque discrimination. Mais encore faut-il l’avoir appris. Et c’est très rare aussi bien dans nos familles que dans nos écoles.
https://www.psychaanalyse.com/pdf/psychologie_14_BESOINS_FONDAMENTAUX_VIRGINIA_HENDERSON.pdf
Pour moi, ces notions devraient être apprises dès l’école primaire à chacun de nous. Ce serait un repère pour les enfants comme les adultes pour savoir s’ils vivent dignement, sont respectés réellement dans le minimum du minimum à chaque âge de leur vie.
Avant même l’apprentissage des droits fondamentaux, il me semble qu’il faudrait enseigner les besoins fondamentaux humains.
Je ne dis pas que ça résoudrait pour autant tous les problèmes de violence et d’abus, mais ça permettrait de disposer d’une échelle d’appréciation pour voir si véritablement, les conditions d’existence de chacun sont dignes ou pas. Et si elles ne le sont pas, de pouvoir se donner plus facilement et sans culpabilité les moyens juridiques et politiques de contester les fonctionnements indignes.
Sans connaître ces repères, avec le rajout en plus de manipulations mentales, il devient très compliqué voire impossible de se défendre et d’avoir conscience véritablement qu’il est important de préserver de sa dignité. Et par extension d’être attentif en suivant à préserver celle d’autrui. C’est valable aussi bien dans un cadre religieux que laïc.
Autre apprentissage qui nous fait généralement défaut, c’est celui sur les valeurs de Schwartz.
http://valeurs.universelles.free.fr/valeurs.html
Qui permet de comprendre ce qui prime véritablement pour chacun de nous dans la vie, qui va changer aussi au fil de l’âge, des buts atteints ou qu’on se fixe, des rencontres, etc, etc.
Je suis surprise que l’on en parle pas dans le cursus scolaire au moins au lycée. Ca permettrait de mieux se connaître, de mieux cerner ses choix, ses envies à un moment de la vie où tout se bouscule dans la tête, dans le cœur, et où finalement, on ne sait pas très bien où l’on en est et ce qu’on veut, ce à quoi vraiment l’on tient.
Je suis frappée par la tonne de non-dit qui parfois nous fait prendre des routes, des choix qui ne sont pas les nôtres véritablement, mais que nous héritons de conduites familiales (fidélités inconscientes) ou extérieures, et qui vont complètement à rebours de nos préoccupations et désirs personnels.
Et qui finissent par nous mettre en danger à différents niveaux, portent atteinte à notre sécurité physique, psychique, affective.
Il me semble que si les valeurs de Schwartz étaient enseignées à tous avant le grand saut dans la vie adulte, ce serait un moyen de renforcer sa sécurité intérieure en considérant ce qui véritablement fait sens pour chacun, ce qui commence à être important, ce qui paraît primordial non pas pour faire plaisir à notre entourage, au prof, à l’autorité religieuse, mais véritablement parce que c’est important pour soi.
Permettre ce discernement à la fois sur les besoins et les valeurs fondamentaux, c’est permettre à chacun de partir dans la vie en baissant le niveau de peur et en augmentant le niveau de sécurité intérieure.
C’est comme favoriser sa vitalité finalement.
Du coup, forcément, toutes les relations humaines, l’épanouissement personnel sont facilités. Et ça impacte positivement au fil du temps le bien-être individuel et collectif aussi.
Est-ce que ça ne réduirait pas considérablement tout un tas de violences ?
Est-ce que ça ne constituerait pas une base pour aller de l’avant, en étant mieux dans sa vie, ses choix, et dans ses relations à autrui ?
C’est fou quand même que pas une religion ni une institution laïque ne travaille ces questions éducatives et citoyennes. Alors que nous avons ces outils à portée de main et qu’il suffit d’en discuter tous ensemble, de décider des meilleurs moments pour les ajouter dans le parcours éducatif…
Vous imaginez si les religieux disposaient de ces outils avant un quelconque engagement communautaire ou pastoral ?
Il me semble que ça changerait beaucoup de choses. Et pas seulement au plan relationnel et intellectuel mais aussi spirituel, privé et pratique.
Et que dire sur l’effet de tels outils dans l’approche politique, démocratique, pacifique…vous imaginez un peu ?
Et je me dis parfois que ce type d’enseignement éviterait bien des souffrances, des errances et des violences aussi.
C’est peut-être très naïf de ma part de penser ça car sans doute les plus tordus trouveraient toujours des parades pour violenter les uns ou les autres, mais mine de rien, ça améliorerait la vie d’un grand nombre de gens. Et ça leur permettrait sans doute d’évaluer plus concrètement leurs besoins et leurs valeurs, donc de pouvoir mener une existence plus heureuse, plus épanouie, plus conforme aussi à qui ils sont, ce qui leur correspond vraiment et ce qu’ils ont envie d’apporter.
Et je me dis que ça pourrait aider comme prévention des dérives sectaires aussi.
A réfléchir…j’ai commencé à en discuter avec des collègues profs et instits. Mais comme ça dépasse le seul cadre scolaire et nous concerne tous, je me permets de vous partager tout ça aussi. Si ça peut servir à vous, à d’autres…
Cordialement
Françoise