Bonjour Xavier
Si un intervenant peut poster un lien ici dont le contenu est de la littérature antisémite et fait référence à un auteur antisémite n’est pas alertant pour vous, les bras m’en tombent.
Malheureusement, ce lien a été déposé sur le forum et je vous ai même posté personnellement par mail la preuve de cela via des avertissements de maisons d’éditions sur ces contenus littéraires de Léon de Poncins, ouvertement antisémites et utilisés par le passé comme outils de propagande pro nazie. Et vous n’avez rien dit, laissé passer ces contenus.
En retour, j’ai eu droit à des reproches.
Peut-être aurais-je dû signaler directement à la LICRA ou à des organismes gouvernementaux ce lien et contenu antisémite, mais il m’a semblé plus courtois de vous envoyer un mail et de faire l’alerte à tous les participants de façon publique. Un accident peut arriver et tout le monde ne sait pas forcément que les écrits de Léon de Poncins sont antisémites et outils de propagande pro-nazie.
Voilà pourquoi je me suis adressée à vous directement pour faire un rappel de la loi et préciser à tous comme à Isabelle, responsable de ce dépôt de lien, le fait que l’antisémitisme n’est pas une opinion mais un délit.
Que je dise des choses difficiles, dures, jugées radicales pour la plupart des personnes qui ici ont une culture relativement soumise à toute forme d’autorité y compris à celle qui les a bafouées, et que du coup, je fasse grincer des dents, c’est tout à fait normal.
Je serais surprise du contraire. J’accepte totalement cette situation et cela fait partie des échanges et des débats, des différences.
Dans la sortie d’emprise sectaire, il y a des étapes. L’exfiltration n’est pas que physique, elle est aussi psychologique, culturelle et c’est certainement cette partie qui est la plus longue à réaliser pour un ex-adepte. Donc il faut du temps et des rencontres et différentes prises de conscience qui vont se compter en années, voire en plusieurs décennies (tout dépend de l’éducation initiale, du parcours sectaire, du degré d’emprise, de la capacité d’ouverture sur l’extérieur). Les choses ne se font pas en claquant des doigts ou simplement parce qu’on a quitté géographiquement, physiquement la secte. Sinon cela se saurait depuis belle lurette !
Mais pour autant, ça ne doit pas empêcher la réflexion et de déposer des outils pour alimenter cette réflexion. Sinon la discussion tourne en rond. Reste au niveau du cahier de doléances des uns et des autres, qui certes est une première étape d’échanges et de prise de conscience, mais qui ne permet pas de comprendre pourquoi les personnes sont entrées dans ces sectes ni pourquoi il est si compliqué d’en sortir au-delà de l’aspect physique.
J’essaie de faire réfléchir sur ces questions parce que je m’y suis confrontée moi-même , dans le cadre de l’emprise sectaire et ultrareligieuse paternelle et ses conséquences au plan éducatif et religieux, au plan culturel, familial, social, idéologique.
Et c’est évident qu’aborder ces aspects est dérangeant. Maintenant, si on fait l’impasse dessus, est-ce que l’on fait avancer les ex-adeptes ?
Je suis loin de tout savoir.
J’apprends tous les jours.
Et il n’y a aucune prétention chez moi.
Sinon, croyez bien que je ne partagerais en aucune façon tout ce que je peux apprendre et ai pu apprendre dans le cadre de mes recherches, de mon vécu et des étapes de reconstruction que j’ai effectuées.
Si je poste autant d’infos et d’analyses, c’est que je pense l’espace et les personnes en capacité, justement parce que sortis de sectes, de pouvoir y avoir accès. Et que si elles avaient eu auparavant ces infos, elles ne seraient sans doute pas entrées dans ces sectes ni ne se seraient laissées piéger religieusement.
Par contre, j’ai bien conscience de ce que notre institution cléricale a choisi de rester en partenariat et soutien logistique, idéologique, à ces sectes plutôt que soutenir les croyants et les victimes. Et cela, je ne peux que le souligner et expliquer pourquoi. Car non seulement c’est un choix religieux mais c’est aussi un choix politique, financier.
Qu’il y ait à l’intérieur de l’institution, des groupes religieux sincères qui souhaiteraient en finir avec ces sectes, je n’en doute pas (le fameux gris dont vous parlez).
Mais ces groupes constituent hélas plus une forme d’alibi de lutte pour l’institution ( comme un paravent exactement comme a fonctionné la commission pontificale sur la pédophilie) quand les directives générales institutionnelles et les faits vont exactement dans le sens inverse.
Peut-on prétendre lutter contre les sectes en négociant avec la CEF qui elle-même est tenue par des hauts prélats dont les amitiés et les idéologies vont davantage au soutien de ces groupes sectaires qu’à protéger les croyants et encore plus les croyants victimes ?
Ca me paraît difficile, très très compliqué et pour le moins hasardeux.
Vous avez vu je pense comment, après avoir tenté le maximum en ce sens, certaines associations de victimes de prélats pédophiles ont compris que malheureusement, l’institution cléricale est dans l’incapacité et dans le refus profond tant de dénoncer que traiter ce problème pénal, tout en balayant complètement la souffrance des victimes et pire, en l’instrumentalisant.
Malheureusement, je pense que nous voyons exactement le même positionnement clérical vis à vis des groupes sectaires au sein du catholicisme romain.
Ca ne me réjouit pas du tout de le constater en tant que croyante et pratiquante, mais au vu de l’historique, des choix politiques, financiers, religieux qui ont été faits depuis le début du 20e siècle en Europe (avec certes la parenthèse Vatican 2, sorte d’ovni mais vite mis par terre par des groupes ultra conservateurs toujours majoritaires au sein de l’institution), je suis malheureusement contrainte à ce constat. Les faits sont de plus en plus dénoncés médiatiquement par des croyants. Et par des victimes aussi.
Ce au plan international.
Pour autant, l’institution joue la montre, les effets d’annonce publicitaire mais continue d’appliquer la même politique, ce qui accentue le conservatisme, le dogmatisme et donc justifie au final plus les groupes sectaires que cette politique institutionnelle ne les dénonce.
Peut-on rester silencieux là-dessus ? Peut-on continuer à cautionner une institution religieuse qui se comporte de cette façon ?
Personnellement, je ne le peux pas. Parce que cette attitude cléricale majoritaire a des conséquences graves sur les croyants. Pas seulement sur les victimes et ex adeptes de ces groupes dérivants et sectaires.
Ce positionnement institutionnel clérical blesse l’ensemble des catholiques en les bafouant. Et ça décrédibilise complètement l’institution (y compris les groupes antisectes, les groupes de victimes qui luttent pour réformer et changer la donne avec tout leur cœur) et tout autant la pratique religieuse. En la réduisant presque uniquement à des pratiques dérivantes et sectaires, et cela depuis une bonne vingtaine d’années, car c’est l’image que véhicule de plus en plus le catholicisme romain, tant les groupes dérivants et sectaires ont pris de poids dans la pastorale et les différents groupes de réflexion de nos paroisses et diocèses et tant ces groupes disposent souvent, pas toujours certes, mais de plus en plus, du soutien de nos évêques (le tournant marquant a été en France l’année 2007 avec des nominations ultraconservatrices).
Et ça ne va pas en s’arrangeant puisque sur la totalité des futurs prêtres ne serait-ce qu’en France, vous en avez un quart qui provient de l’intégrisme schismatique (FSSPX), et la plupart du reste du groupe sont liés culturellement ou religieusement à des groupes sectaires et dérivants que ces séminaristes ont connus dans les aumôneries, des retraites, des pélés jeunes et auxquels ils ont plus ou moins adhéré.
Dans un tel cadre culturel et religieux, qui entend la dérive sectaire non comme une dérive sectaire mais comme un fondement constructif du catholicisme, comment pouvoir dénoncer ces communautés dérivantes et sectaires au plan institutionnel ?
Cette situation, je ne sais pas vous mais personnellement en tout cas, je la trouve insupportable. Je considère qu’elle nous prend tous et toutes en otages et doit être dénoncée.
Ce n’est peut-être pas votre positionnement, mais je vois de plus en plus difficilement une issue positive dans une espèce de coopération avec l’institution qui n’aboutit la plupart du temps qu’à des changements ultra mineurs, cosmétiques, tandis que les communautés dérivantes continuent leur travail criminel d’embrigadement et continuent de progresser en terme d’emprise aussi bien au plan religieux, idéologique, financier, que politique, institutionnel, dans l’animation pastorale, dans nos établissements scolaires cathos, etc.
Vous connaissez sans doute les singes de la sagesse :
« ne pas vouloir voir ce qui pourrait poser problème, ne rien vouloir dire de ce qu’on sait pour ne pas prendre de risque et ne pas vouloir entendre pour pouvoir faire « comme si on ne savait pas. »
C’est actuellement le positionnement institutionnel et clérical.
Et je trouverais dommage que ce soit le positionnement de l’Envers du Décor.
Si véritablement le forum se positionne pour dénoncer clairement les groupes et communautés sectaires et dérivants dans tout ce qu’ils sont, font, il faut aborder ce qui peut poser problème y compris des paradoxes des soutiens cléricaux institutionnels, parler de ce que l’on sait y compris de ce qui fâche (l’embrigadement peut s’opérer par le biais d’un modèle éducatif dysfonctionnel), et entendre que l’orientation politique et religieuse de l’institution a plus favorisé que combattu et continue de plus favoriser que combattre ces groupes dérivants et sectaires, pour ne plus faire comme si on ne savait pas.
C’est le sens de ma démarche ici.
Je pense que lorsque vous avez en prolongement de votre blog sur les Légionnaires, ouvert le forum de l’Envers du Décor, c’était votre souhait profond aussi. Logiquement, le forum est indépendant de la CEF, non ?
S’il ne l’est pas, alors je peux comprendre que mon propos peut vous déranger ainsi que mes interventions. Mais merci de le préciser.
Cordialement
Françoise