C’est effectivement une très bonne chose que la démission de Barbarin ait été acceptée et entérinée par le pape.
Maintenant, vu le nombre d’évêques en fonction qui se sont fait arroser financièrement et idéologiquement par les groupes dérivants sectaires, et qui ne comptent pas de sitôt se passer de tels bénéfices, et si l’on y rajoute les logiques de baronnies qui sévissent, je crains que la mission du nouveau président de la CEF comme celle du futur chef épiscopal, soit plus que difficile (en admettant que ceux-ci ne soient pas déjà en lien avec l’un ou l’autre groupe dérivant sectaire).
Les écuries d’Augias n’en sont, pour le coup, qu’au début du grand nettoyage, sans vouloir être pessimiste.
Le clergé au sens institutionnel du terme, s’est complètement grillé.
Et pas seulement en France. Mais partout où il est présent.
Celui qui s’en sort le mieux actuellement est le clergé suisse, principalement grâce à l’évêque de Fribourg, Mgr Charles Morerod qui a osé reconnaître publiquement et frontalement la dimension criminelle cléricale depuis l’ère du projet Pro Junventute. Et travaille à réparer les dégâts immenses en collaboration avec les associations de victimes.
En dehors de la Suisse, c’est comme le jeu de la boule sur une série de dominos. C’est l’effondrement continue et l’avalanche de crimes et de dérives.
Le nombre d’affaires criminelles, de découvertes de dérives toutes plus abjectes les unes que les autres, ne cesse pas, ces dernières années.
Et heureusement qu’il y a ces révélations, car enfin, les croyants ont accès à des informations et des situations criminelles longtemps cachées.
Mais, ces révélations portent un coup fatal à l’institution.
Elles sapent définitivement toute forme de crédibilité, d’autorité.
Comment revenir à une crédibilité et une autorité ne serait-ce que minimales ?
Ca me paraît très très très compromis. Voire même mission impossible.
Et on voit que c’était déjà, depuis la fin de la seconde guerre mondiale, quelque chose de difficile à envisager. Du fait déjà de l’exploitation et des tortures, des crimes commis dans le secteur social, éducatif, mais aussi les compromissions avec les idéologies nazies et oustachis, allant jusqu’à organiser des réseaux pour protéger les criminels et leur éviter procès et condamnations à mort.
Vatican 2, les prêtres ouvriers ont été des ouvertures possibles pour remettre l’institution dans une autre dynamique beaucoup plus proche de l’Evangile. Sauf que, les plus réactionnaires et conservateurs ont décidé d’arrêter ces expériences parce qu’elles portaient atteinte à ce qu’ils considèrent comme un statut privilégié et qui ne doit pas être remis ni en question ni en cause.
Le Vatican a tenté de miser ensuite sur les groupes dérivants sectaires en pensant sauver les meubles, enrayer les démissions et abandons religieux et cléricaux, contenir une jeunesse catholique de plus en plus instruite et donc comprenant le jeu de dupes clérical, donc rejetant progressivement une pratique religieuse. Ca n’a fait que retarder un peu l’échéance, mais on voit aujourd’hui que miser sur ces groupes sectaires, c’est un mauvais choix car c’est un accélérateur de destruction institutionnel.
Je vous rejoins quand vous dites que c’est la fin d’un cycle.
Mais y en aura-t-il un autre ? J’en doute fortement.
Il n’existe plus hiérarchiquement de contrepoids à l’intégrisme dérivant sectaire et à l’ultra conservatisme au sein de l’institution cléricale.
Le clergé jeune est massivement ultra réactionnaire et ultra conservateur, infusé spirituellement aux groupes dérivants sectaires.
Le clergé ancien qui un temps a pu être progressiste, s’est remis massivement aux vieilles lunes réacs pour rester à la page vaticane, et souhaite rester dans ses pantoufles pour maintenir vaille que vaille sa position et ses petits avantages.
Les jeunes ne sont même pas assez nombreux pour renouveler les anciens. Et tombent en burn-out quand il s’agit de gérer un trop grand nombre de paroisses.
Cette situation ne prédispose pas aux changements ni aux transformations.
Sauf à voir ce clergé s’enfoncer encore plus dans les dérives, les compromissions de toutes sortes dans une logique de survie économique, statutaire, avant de voir arriver en lieu et place du clergé actuel de nouveaux responsables laïcs, directement issus de ces groupes dérivants sectaires dont nous savons la dimension criminelle et les nuisances.
Ce qui sera très certainement le dernier acte qui clôturera l’histoire de l’institution.
Je pense plutôt que l’on assiste progressivement à la fin du clergé.
Et que nous assistons aussi à la fin d’un pouvoir totalitaire religieux clérical.
Le protestantisme est déjà passé sous gouvernance sectaire laïque. Avec une dynamique très politique droite-extrême droite et affairiste. Et qui montre encore plus la dimension criminelle et guerrière de ces sectes.
Le catholicisme en prend le chemin également avec les groupes dérivants sectaires qui ont tous une extension politique et ont aussi tous investi dans un volet économique et financier très important.
Et c’est de toute façon ce qu’avait prévu JP2 en terme de succession cléricale quand il a mis en orbite et légitimé progressivement tous ces groupes dérivants sectaires. Pour le résultat que l’on voit : crimes, dérives, corruptions à tous les étages.
Comment sortir de cette logique d’emprise ultra conservatrice et de contrôle sectaire institutionnel contre laquelle le pape actuel ne luttera pas (il est encore trop conservateur sur beaucoup de sujets, s’il le faisait, il sait que ça lui coûterait la vie et il doit trop sa place à JP2 pour défaire sa politique) ?
Je doute que le président de la CEF comme le nouvel épiscope osent poser la question et exposer la situation à la fois à l’ensemble des clercs mais aussi aux croyants.
C’est pourtant une réalité ordinaire cette dépendance financière et idéologique de beaucoup d’évêques, de cardinaux, d’archevêques aux groupes dérivants sectaires, qu’il faudra aborder.
Même si ça fait partie des questions qui fâchent.
Barbarin est lié depuis très longtemps à l’Opus Dei. C’est justement parce qu’il était lié de très près à ce groupe dérivant sectaire qu’il a eu le poste épiscopal et qu’il a progressé dans la hiérarchie.
Et c’était une nomination opérée pour confiner le clergé français dans un certain conservatisme en même temps qu’arranger les affaires de l’Opus Dei sur le territoire.
Et il n’est pas le seul haut-clerc à être dans ce cas de figure, même si la dépendance des autres n’est pas forcément vis à vis de l’OD mais avec l’Emmanuel, les Béatitudes, la Communauté St Martin, la FSSPX, etc, etc.
Le nombre de clercs et surtout de hauts-clercs qui ne sont pas noyautés par un ou plusieurs groupes dérivants sectaires, doit être très faible à l’heure d’aujourd’hui.
Ce qui explique aussi le côté inamovible institutionnel.
Comment faire bouger et évoluer une institution à ce point corrompue ?
Ca paraît compliqué quand on sait que même s’il y a eu une opération mains propres vis à vis de la mafia italienne et sicilienne, on sait par les ouvrages de Gianluigi Nuzzi notamment, qu’il y a toujours une dépendance vaticane et des arrangements de hauts-clercs avec ces mafias concernant différents dossiers brûlants et criminels.
Et avec les groupes dérivants sectaires, c’est pire !
Le fameux cardinal anonyme d’Olivier Le Gendre le disait déjà il y a une bonne dizaine d’années. Et depuis, la situation de dépendance et de compromission de hauts-clercs avec ces sectes, n’a fait qu’empirer.
Dans un tel contexte, il paraît donc un peu compliqué d’être optimiste et encore moins serein quant à l’avenir institutionnel.
Il me paraît illusoire d’espérer la nomination d’un épiscope non inféodé à un groupe dérivant sectaire (ce qu’il faudrait pourtant pour sauver l’épiscopat et faire le ménage). Et si pour le moment, le président de la CEF ne paraît pas encarté dans ce type de groupe…que pourra-t-il concrètement faire contre les Aillet, Rey et consorts affiliés eux à tous les râteliers sectaires et mettant sous tutelle de ces groupes nombre d’établissements scolaires cathos, mais aussi décrédibilisant un peu plus l’institution par leur comportement ?