Entretien avec Renata Patti

Les Focolari ou la libération d’une duperie
Dimanche 4 avril 2021 — Dernier ajout dimanche 6 juin 2021

L’auteure témoigne de son adhésion au mouvement d’obédience catholique pendant une quarantaine d’années et de sa prise de conscience du caractère sectaire et néfaste de l’organisation. Elle montre les pièges qui se dressent devant les personnes en quête de transcendance, dévoilant les méthodes manipulatrices et dévalorisantes de guides spirituels autoproclamés.

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À propos

« Ils ont vécu dans leur esprit et dans leur chair les effets du poison. Celui de l’emprise subtile exercée par des malades ou des gourous que d’autres prennent pour des saints. Ils alertent du danger que personne n’avait su ou voulu discerner. Ils se lèvent là où on ne les attendait pas. Renata Patti du cœur du Mouvement des Focolari. Écoutons-la… »

Dominique Auzenet, prêtre délégué diocésain aux sectes et nouvelles religiosités, diocèse du Mans (F).

« Une histoire douloureuse, des blessures profondes, des cicatrices ineffaçables. À la limite de la mort psychologique et spirituelle. Les dérives sectaires dans certains nouveaux mouvements, non seulement reconnus mais survalorisés dans l’Église catholique récente, ont des effets mortifères. Dans le cas des Focolari, le drame est que cette dérive trouve clairement sa source dans les textes de la fondatrice, Chiara Lubich. […] il y a chez la fondatrice une quasi-identification personnelle à Dieu lui-même et, à partir de sa mystique de l’unité, l’exigence de renoncer totalement à sa personnalité propre, à toute volonté personnelle. D’où, au sein des Focolare (communautés de vie), les manipulations mentales de la part des responsables et la progressive dissolution des personnes, jusqu’à la tentation du suicide et parfois le passage à l’acte. Merci à Renata Patti pour ce témoignage indispensable. »

Ignace Berten, O.P., Dominicain, théologien (Bruxelles)

À PROPOS DE L’AUTEURE

Renata Patti est italienne. Originaire de Milan, elle a résidé à Bruxelles, de 1980 à 2015, où elle a notamment travaillé pour une organisation internationale. Membre des Focolari depuis sa prime jeunesse, elle a décidé de quitter le Mouvement en 2008

"Ainsi nous sommes un et cet Un vit en tous."

"Il n’y a pas d’Unité, sinon là où il n’existe plus de personnalité."

"Ceux qui nous quittent le font parce qu’ils ne voulaient pas mourir : ils ne voulaient pas se renier et prendre la croix. Ou parce qu’ils sont psychologiquement incapables de vivre la vie du mouvement. Ou parce qu’ils ont été submergés par les tentations. »

Chiara Lubich

"Le charisme de l’unité est un stimulant providentiel et une aide puissante pour vivre cette mystique évangélique du ‘nous’."

Pape François

POUR ALLER PLUS LOIN :

[1] - Renata Patti, « Dieu, les Focolari et moi. La libération d’une duperie », éditions Mols, 2020 ;

[2] Renata Patti, « Moi et le Mouvement des Focolari Le vécu d’une ex-Focolarine qui en rappelle tant d’autres », http://pncds72.free.fr/319_focolari/319_49_moi_focolari.pdf

[3] La spiritualité exprimée par Chiara Lubich au fil du temps a été définie très tôt comme une spiritualité « collective » ou, mieux, « communautaire », c’est-à-dire en vue de l’unité, de l’ut omnes unum sint (« Que tous soient un ») (Jn 17,21), https://www.focolare.org/fr/chiara-lubich/spiritualite-de-lunite/

[4] - « Quelques phrases sur l’Unité vue et vécue dans la spiritualité de Chiara Lubich », http://pncds72.free.fr/319_focolari/319_42_2_unite_absorption.pdf ;

[5] « RENCONTRE AVEC LA COMMUNAUTÉ DU MOUVEMENT DES FOCOLARI, DISCOURS DU PAPE, Parvis du sanctuaire Maria Theotokos de Loppiano (Florence), Jeudi, 10 mai 2018 », http://www.vatican.va/content/francesco/fr/speeches/2018/may/documents/papa-francesco_20180510_visita-loppiano-focolari.html ; « Début du Jubilé des Focolari pour le centenaire de la naissance de Chiara Lubich », https://www.vaticannews.va/fr/eglise/news/2020-01/chiara-lubich-centenaire-naissance.html

[6] Sandro Magister, « Jésuites contre Focolari. La béatification de Chiara Lubich remise en question », https://www.diakonos.be/settimo-cielo/jesuites-contre-focolari-la-beatification-de-chiara-lubich-remise-en-question/

[7] Sandro Magister, « L’irrésistible ascension des focolarini. L’autre moitié de l’Église », http://chiesa.espresso.repubblica.it/articolo/7071.html?refresh_ce

[8] Vincent Hanssens (sous la coord.), « De l’emprise à la liberté. Dérives sectaires au sein de l’Église. Témoignages et réflexions », Mols, 2017 (pour une recension : https://devienscequetuespindare.blog/2018/05/24/331/)

[9] Pascal Hubert, « La vérité vous rendra libres », Golias Magazine, n° 174, 2017, http://pncds72.free.fr/300_01_eglise/300_01_6_golias_174.pdf (à télécharger)

[10] Gordon Urquhart, « L’Armada du pape », Golias, 1999

[11] Pastorale Nouvelles Croyances et Dérives sectaires 72, http://pncds72.free.fr/319_focolari.php

[12] Olivier le Gendre, « Confessions d’un cardinal », J.-C. Lattès, 2007

[13] https://www.la-croix.com/Urbi-et-Orbi/Documentation-catholique/Actes-du-pape/Sans-marque-Dieu-projets-humains-echouent-toujours-affirme-pape-Francois-laudience-generale-2019-09-18-1201048395

[14] Voy. également, sur le blog de Pascal Hubert, e.a. : « L’Armada du Pape », https://devienscequetuespindare.blog/2018/12/06/larmada-du-pape/ et Marie-Laure Janssens, « Le silence de la Vierge », https://devienscequetuespindare.blog/2018/05/29/le-silence-de-la-vierge-un-livre-choc-de-marie-laure-janssens/

[15] Pascal Hubert, « Les Focolari : quelle unité ? », https://devienscequetuespindare.blog/2021/01/30/les-focolari-quelle-unite/

[16] Fabien Rimaz, « L’unité par absorption et par identification dans la spiritualité de Chiara Lubich », https://lependolino.ch/lunite-par-absorption-et-par-identification-dans-la-spiritualite-de-chiara-lubich/

[17] http://ilsismografo.blogspot.com/2021/04/vaticano-vaticano-fonti-vicine-al-papa.html?m=1#.YGdoW5pzZ7I.whatsapp

[18] Dominique Auzenet, «  » Dieu, les focolari et moi : la libération d’une duperie ", RCF, https://urlz.fr/fjE1

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Vos réactions

  • Damien 22 avril 2021 19:54

    Ce que dit, dans la vidéo, Renata Patti de la Cène du Seigneur du Jeudi Saint que le Saint-Père a concélébré dernièrement dans les appartements du cardinal Beciu avec lui, et en présence de quelques focolarines, est très intéressant. Son geste a pu être interprété de diverses manières.

    https://www.la-croix.com/Religion/Le-pape-celebre-messe-Jeudi-Saint-chez-cardinal-Becciu-2021-04-01-1201148971

    Des proches de Becciu ont pu voir là une forme de réhabilitation envers quelqu’un qui a été subitement écarté de ses fonctions en septembre dernier, apparemment pour de graves malversations financières, mais les raisons de son éviction ont été tenues secrètes par le pape. D’autres ont pu interpréter son geste à la lumière de ce que fit « Jésus le Jeudi saint [qui] est allé jusqu’au bout pour signifier son amitié à Judas afin que son cœur change ». C’est sur ce point que Renata Patti insiste.

    Comme je suis en train de lire le livre au titre évocateur de Gianluigi Nuzzi, Jugement dernier, paru en italien en octobre 2019, et traduit en octobre dernier qui traite de la corruption de la Curie, je voudrais approfondir cette perspective.

    https://www.la-croix.com/Religion/Catholicisme/Pape/livre-met-cause-gestion-desastreuse-finances-Vatican-2019-10-22-1201055897

    Ce dernier livre est très touffu, mais sa thèse est simple : l’opacité financière qui perdure depuis les années 70-80, la corruption, la gestion désastreuse des biens de l’Eglise, le tarissement des dons des fidèles à cause des scandales sexuels (on pourrait ajouter la pandémie depuis la parution du livre) conduisent tout droit à la faillite. Je cite sa conclusion : « Le compte à rebours a donc commencé. Dans ce livre, nous avons exposé la situation, données à l’appui, et raconté les manœuvres effectuées en coulisses dans l’espoir de trouver une solution. De deux choses l’une, désormais : soit l’on parvient à inverser la tendance ; soit, au contraire, la menace de banqueroute finira par mettre en danger la sécurité économique du Vatican. Si l’on en arrive là, le micro-État se verra contraint, pour conjurer la catastrophe, de désinvestir, de vendre ses propriétés, de vider ses comptes, et perdra toute crédibilité aux yeux des fidèles du monde entier. Le pontificat de François, si éclairé et pour la première fois de l’ Histoire en si nette opposition par rapport à ceux du passé, sera-t-il condamné à cette triste fin ?"

    Qu’une institution bimillénaire forte de 1,3 milliards de baptisés vienne à sombrer ne serait pas sans causer de remous. Si Nuzzi à la façon du premier ange du chapitre 14 de l’Apocalypse annonce le jugement dernier, certains crieront sans doute avec le second ange le moment venu : « Elle est tombée, elle est tombée Babylone la grande ! » (Ap 14, 8) en s’en félicitant, car elle leur aura causé bien des tourments, et ce sera pour eux une libération. Des catholiques penseront que c’est là l’occasion historique d’une « Eglise pauvre pour les pauvres » appelée de ses vœux par le Pape François, voire le moment de réinventer une autre institution qui ne serait plus encombrée par l’héritage romain. L’Église après tout pourrait survivre à l’effondrement de l’institution romaine monarchique, même si son unité serait fatalement menacée. Déjà l’église allemande est en situation de pré-schisme, d’autres églises locales pourraient suivre.

    Le catéchisme de l’Église catholique nous enseigne sur ce qu’il appelle l’Épreuve ultime de l’Église : "l’Église doit passer par une épreuve finale qui ébranlera la foi de nombreux croyants." CEC 675

    http://www.vatican.va/archive/FRA0013/_P1R.HTM

    C’est à dire que l’Église doit passer par la Passion de celui qui en est le Maître, car « le serviteur n’est pas plus grand que son seigneur, ni l’apôtre plus grand que celui qui l’a envoyé. » (Jean 13, 16) Cette épreuve qui est annoncée par le 3e ange du chapitre 14 de l’Apocalypse est celle de l’apostasie et de la manifestation de celui qui était mystérieusement retenu par à la fois une chose et une personne selon S. Paul dans la 2e épître aux Thessaloniciens (2, 6) : "Et maintenant vous savez ce qui le retient, afin qu’il ne paraisse qu’en son temps. Car le mystère de l’iniquité agit déjà ; il faut seulement que celui qui le retient encore ait disparu. Et alors paraîtra l’impie, que le Seigneur Jésus détruira par le souffle de sa bouche, et qu’il anéantira par l’éclat de son avènement.« L’impie autrement appelé l’Anti-Christ. Ce que dit ainsi le catéchisme : »L’imposture religieuse suprême est celle de l’Anti-Christ, c’est-à-dire celle d’un pseudo-messianisme où l’homme se glorifie lui-même à la place de Dieu et de son Messie venu dans la chair (cf. 2 Th 2, 4-12 ; 1 Th 5, 2-3 ; 2 Jn 7 ; 1 Jn 2, 18. 22)" Le geste de François du Jeudi saint envers le cardinal Becciu me semble introduire dans cette compréhension de l’Église finitive à la veille de sa passion.

    Je ne cherche pas en disant cela à jouer Philipilus dans Tintin et l’Etoile mystérieuse, comme les prophètes de malheur du monde profane qui nous parlent de manière anxiogène de réchauffement climatique irréversible, de pandémie hors de contrôle, de risque d’effondrement économique, etc. Mais le monde pour le meilleur comme pour le pire est désormais à cet instant de son histoire mondialisé et ses habitants partagent un destin commun. Là-dessus la Révélation chrétienne a aussi quelque chose à nous dire dans l’attente de Celui qui vient.

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