France : mise en garde contre les dérives sectaires dans des communautés catholiques

Jeudi 11 juillet 2019 — Dernier ajout mercredi 25 septembre 2019

La Conférence des évêques de France (CEF) met en garde contre les dérives sectaires qui se sont fait jour dans certaines communautés catholiques. Sa “Cellule pour les dérives sectaires au sein de l’Eglise catholique”, créée en novembre 2015, a déjà traité 163 cas.

19.06.2019 par Jacques Berset, cath.ch

Ce qui a émergé ne pourrait être que la pointe de l’iceberg, estime le dominicain canadien François-Marie Dermine, interrogé par Vatican News. Ce spécialiste des sectes et exorciste dans le diocèse italien d’Ancône, met en garde les communautés contre le culte de la personnalité du fondateur et la fermeture au monde de certaines organisations religieuses.

De leur côté, les évêques de France sont conscients que des communautés catholiques, comme d’autres groupes non chrétiens, peuvent céder aux tentations de dérives sectaires, autoritaires, financières, à travers certains de leurs responsables ou par une déviance collective. “Ces comportements sont lourds de conséquences pour leurs membres, victimes d’emprise et de manipulation”.

“L’appel de Lourdes”

La “Cellule” de la CEF, présidée par Mgr Alain Planet, évêque de Carcassonne et Narbonne, est née en réponse à “l’appel de Lourdes” adressé aux évêques de France, le 25 octobre 2013, par une quarantaine de victimes ou de proches de victimes d’abus au sein de communautés se réclamant de l’Eglise.

Les cas traités concernent aussi bien des groupes de guérison, charismatiques, ou traditionalistes, des communautés religieuses nouvelles ou anciennes, que des congrégations, mouvements et individus. La “Cellule”, qui n’a pas diffusé les noms des groupes et communautés concernés, a aussi examiné le cas de 13 prêtres concernés.

Mise en garde contre “l’emprise spirituelle”

Diverses informations ont pu être données et des mises en garde ont été émises concernant des personnes ou des groupes déviants, a expliqué Mgr Planet mercredi 12 juin 2019, lors d’une conférence de presse à Paris. Il a affirmé que l’emprise spirituelle existant dans certains groupes peut être vécue “comme un viol” par la personne qui en est victime. Il a reconnu que l’Eglise manque souvent de moyens de coercition face à des “gourous” soutenus par leurs disciples.

Constatant que quel que soit le groupe déviant, les dérives sont toujours les mêmes, la “Cellule pour les dérives sectaires au sein de l’Eglise catholique” a émis des critères pour les détecter, en particulier le culte du fondateur, les abus d’autorité, la coupure du monde extérieur, la culpabilisation, etc.

Un “Documents Episcopat”

Ces critères sont développés dans un “Documents Episcopat” sur les “Dérives sectaires dans des communautés catholiques” (n° 11 – 2018), publié par l’Eglise de France dans un souci de formation et de prévention. On y trouve notamment une réflexion pour accompagner et aider dans leur reconstruction ceux et celles qui ont été victimes de dérives sectaires. “Pour fonder cette démarche, un regard psychologique et une clarification des dysfonctionnements communautaires s’avèrent indispensables afin de proposer des points de repères”. JB

De nombreux signalements

Installée le 16 novembre 2015, la “Cellule pour les dérives sectaires au sein de l’Eglise catholique” s’est mise au travail selon la feuille de route tracée par la présidence de la CEF : accueillir et traiter les signalements de dérives, avertir les autorités compétentes pour qu’elles agissent selon la justice, entendre et accompagner les victimes, les aider à trouver les moyens de se reconstruire y compris en allant devant les tribunaux compétents. La “Cellule” a pour principal souci de rester en contact avec les principales associations de victimes et la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes). Elle établit avec elles un véritable partenariat, de différentes formes, en fonction d’objectifs communs.

La “Cellule” a reçu de nombreux signalements et plusieurs affaires ont pu être traitées par les autorités compétentes (ordinaires, congrégations romaines, instances de la CEF). Des victimes ont été accompagnées et soutenues dans leur démarche de reconstruction. Diverses informations ont pu être données et des mises en garde ont été émises sur des personnes ou des groupes déviants.

Voir en ligne : https://www.cath.ch/newsf/france-mi…

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