Toutes ces remarques sont très éclairantes sur le cheminement de Pierre-Marie Delfieux, entre autres, sur les contacts et la jalousie entre 2 communautés…
Mais en quoi invalident-elles les témoignages ultérieurs des « sœurs » qu’il a embrigadées dans les « petites Laures » dans les années 80 et, aussi toute la suite ?
Je ne doute pas que Pierre- Marie Delfieux ait été un très bon aumônier d’étudiants, entraînant pour les jeunes etc…, et multipliant les initiatives. Il avait ce don d’entraîner les personnes. La suite l’a aussi bien montré. Il avait aussi une grande foi que, d’après son propre témoignage, il n’a jamais remise en question et la vocation de la prêtrise depuis l’enfance.
Cependant il y a une énorme différence entre un aumônier de jeunes étudiants dont l’avenir n’est pas encore tracé et un guide exclusif ( fondateur, confesseur), animateur et recruteur de femmes et d’hommes déjà engagés dans la vie ( avec un métier, un logement etc.. à abandonner ) et toute une expérience de vie derrière eux à « régler ».
A partir du moment de sa fondation, il fallait, à tout prix, pour Pierre-Marie, réussir cette « œuvre » à laquelle il s’identifiait complètement…C’était, pour ainsi dire, plus fort que lui ! ( Et on pourrait se demander pourquoi ?) Il lui fallait donc recruter le plus possible…, sans aucune précaution, en essayant d’influencer et de faire pression….Je l’ai entendu me proposer la « promotion » de maîtresse des novices ( On rêve !), me dire que je ne devais pas rester « laïque « car, les laïcs n’étaient pas grand chose du point de vue « spirituel « ( merci pour eux ! sans cesse sollicités au niveau financier et courtisés pour leurs réseaux d’influence éventuels). Et quel bel exemple de « cléricalisme « !
Je sais les dégâts que cet intense recrutement a causés chez beaucoup de personnes, sorties très abîmées de cette expérience menée sans garde fous.
Dans n’importe quelle autre institution « laïque « où l’on a des comptes à rendre, ou l’on a conscience de ses responsabilités vis à vis des personnes dont on a la charge ( soignants ou enseignants par exemple) , où les droits et les devoirs de chacun sont clairs, Pierre- Marie n’aurait pu faire illusion. Dans n’importe quel monastère suivant les règles du droit canon, avec élections, visites canoniques ( non truquées), confesseur extraordinaire, de même. Dans n’importe quel monastère, on ne s’improvise pas ermite du jour au lendemain. Au contraire ! Les vocations érémitiques sont extrêmement rares.
Les « petites laures « étaient censées regrouper des femmes ( il n’y avait qu’un homme qui s’est d’ailleurs suicide ), vouées à la solitude de leur cellule c’est à dire une chambre de bonne sous les toits, glacée en hiver, étouffante en été.
J’ ai connu Pierre- Marie, après son éviction de la communauté des frères ( ce que j’ignorais ; sinon je me serais méfiée ) et au moment où les sœurs de la 1re communautés s’interrogeaient sur leur dissolution ( je l’ignorais aussi) car, entre autres, elles n’arrivaient pas à établir leur indépendance par rapport à lui. Et elles ont fini d’ailleurs par se dissoudre…
Pierre-Marie ne connaissait pas la patience nécessaire au discernement d’une vocation, surtout contemplative etc..Il ne connaissait pas la formation spirituelle et théologique nécessaires et, bien d’autres choses, que seuls le temps et l’expérience apprennent. Il eut mieux valu qu’il aille faire un séjour dans un monastère pour apprendre et expérimenté tout cela, plus la vie dans une communauté dont on n’est pas le « chef » incontesté, l’effacement et l’obéissance etc…
Ce n’est pas le succès d’une fondation qui fait sa sainteté. Et les chrétiens ne sont-ils pas les disciples d’un homme qui n’a jamais cherché à établir une suprématie sur les âmes et finit dans l’échec le plus total ?
Une activité de « lobbying » a toute sa place ds le domaine commercial, aucune ds le domaine spirituel.
Au moment de l’établissement des constitutions, qui ne fut pas facile, Monseigneur Rouet,à l’époque évêque auxiliaire de Paris, a demandé à rencontrer d’anciennes « sœurs ». Et j’y suis allée avec d’autres. Il s’est étonné qu’on ait laissé, au fil des années , tant de personnes prendre l’habit monastique et m’a dit qu’il fallait bien maintenant protéger ces dernières par un statut. Sa principale interrogation était le caractère contemplatif ou non de ce statut ?
Et encore faut-il que ce statut soit réellement respecte, que les élections ne soient pas « manipulées « etc…
Le message le plus horrible et le plus dénué de miséricorde est le premier :
Si une personne est fragile, tombe enceinte d’un Jésuite ( vous savez ds qu’elles circonstances exactes ?, vous y étiez ? ) et qu’elle est obligée d’avorter ; c’est exclusivement de sa faute ?! Il me semble qu’il faut être deux pour « faire « un enfant
Quant au traumatisme d’un avortement, surtout dans de telles circonstances, n’en parlons pas !
Et en quoi la fragilité réelle ou supposée d’une personne invalide-t-elle son témoignage ?
J’aurais encore beaucoup de choses à dire sur les dégâts occasionnés dans cette communauté. Je ne le peux pas car seules, les personnes en cause pourraient parler. Je n’ai pas le droit de le faire à leur place.
Je précise aussi qu’il y a des personnes très sincères et entièrement « données » dans cette communauté qui ont vécu et vivent tout cela dans une très grande abnégation.
Autre chose : J’ai rencontré aussi 3 ou 4 fois le Père Jacques Marin. Je l’avais connu alors qu’il était encore prêtre ouvrier et qu’il ne s’installe aux Béatitudes. Il ne m’a jamais agressee d’une quelconque manière . Il est vrai qu’il voulait exercer un charisme de guérison en « touchant « les personnes ( gestes sans aucune ambiguïté me concernant ) au moment de la confession.
Cela ne m’empêche pas de croire les personnes qui ont eu à souffrir de sa part, bien qu’au 1er abord, j’ai été complètement sidérée par leurs témoignages. Il m’a fallu du temps pour croire que cela ait été possible…Tout le monde n’a pas eu les mêmes relations avec ces prêtres, fondateurs, fondatrices plus ou moins « déviants »
Ma conclusion est qu’il faut se méfier des « fondateurs » et « fondatrices « , que l’on ne bâtit rien de valable sous la directive d’une ou de quelques personnes et de leurs complices par naïveté, abnégation ou encore intérêt bien compris.
Il faut des années, la maturité apportée par la vie, la fréquentation de communautés plus anciennes , pour en arriver à cette prise de conscience.