Pédocriminalité : « Les évêques se lavent les mains et leur conscience à bon compte »

Lundi 11 novembre 2019

Les collectifs de victime sont très critiques alors que les évêques réunis à Lourdes ont voté le principe d’une « somme forfaitaire » à verser à celles et ceux qui ont été abusés dans le passé par des clercs pédophiles et dont les affaires sont prescrites.

Par Bernadette Sauvaget — 9 novembre 2019

L’affaire risque de tourner très vite au conflit entre la hiérarchie catholique et les collectifs de victimes de pédophilie dans l’Eglise. Réunis à Lourdes, les évêques ont approuvé, lors d’un vote samedi, le principe d’une « somme forfaitaire » à verser à celles et ceux qui ont été abusés dans le passé par des clercs pédophiles et dont les affaires sont prescrites. Du point de vue de la Conférence des évêques de France (CEF), il ne s’agit pas d’indemnisation, ni de réparation, qui dépendent, selon Eric de Moulins-Beaufort, président de la CEF, « de la justice de notre pays et de la justice canonique (interne à l’Eglise, ndlr). ».

A Lourdes, les mots ont été soigneusement pesés, trop justement pour les victimes. Figure de proue de la lutte contre la pédophilie dans l’Eglise, Olivier Savignac, à la tête du collectif Foi et résilience, n’y va pas par quatre chemins : « Les évêques se lavent les mains et leur conscience à bon compte. » Le langage épiscopal est perçu comme un évitement par les victimes.

Suite de l’article sur libération.fr

Voir en ligne : https://www.liberation.fr/france/20…

Vos réactions

  • Damien 1er juin 2021 03:02

    « Pour nous, l’Evangile est resté lettre morte » 27/05/2021

    « La Croix » publie le cri de révolte d’un père doublement meurtri, par les abus subis par son fils, mais aussi par l’absence de soutien de la part des responsables d’Église. Chrétien engagé avec de hautes responsabilités, Loïc M. a souhaité garder l’anonymat.

    « Un de nos fils a été victime d’abus de la part de notre curé de paroisse en 2008 alors qu’il était mineur. En 2009, il est l’un des trois jeunes qui portent plainte contre le prêtre pour viol et agression sexuelle. Mis en examen, ce dernier n’a été jugé aux assises qu’en 2019 avec une première condamnation à quinze ans de réclusion, puis en appel fin 2020, avec une condamnation à vingt ans. Sa cause est actuellement portée en cassation.

    Ces douze dernières années, nous les avons vécues comme si les faits s’étaient produits dans une froide administration terrestre et pas dans l’Église du Christ. Au mal de l’abus, des hommes d’Église ont ajouté mille maux supplémentaires. Je savais que des abus étaient possibles, je ne croyais pas possible qu’on amplifie autant le mal, surtout dans l’Église. La douleur de notre enfant aurait dû susciter un élan d’amour et de consolation. Rien. Nous avons été abandonnés à notre malheur, aucun samaritain ne s’est arrêté. Cette douleur aurait été tellement amoindrie, apaisée, sans doute pas effacée, si nous avions bénéficié de cela. C’était comme si les hommes d’Église considéraient que les personnes concernées, victimes, familles ou témoins d’abus, étaient perdues, qu’elles sortaient de leur champ de préoccupation, persuadés qu’elles étaient désormais à la fois hostiles à l’Église et imperméables à la grâce du Christ. Nous sommes devenus des lépreux : “Aucun contact avec eux.” Nous n’étions plus qu’un problème juridique à régler. Dès l’annonce des faits, l’Église a cessé de nous considérer comme ses enfants et de se soucier de nos âmes. […] Lire la suite

    • Bonjour,

      Sachez Monsieur que je suis totalement avec vous. Ce que vous écrivez ne m’étonne pas. Moi, je me suis converti à l’âge de 21 ans. J’ai cru en l’Église. Jusqu’au jour où j’ai été victime d’abus spirituels au sein de la Communauté des Béatitudes. Dès que j’ai dénoncé cela, ainsi que les abus sexuels, je n’ai plus été considéré. On ma ignoré aussi. Aujourd’hui, cela fait plus de 20 ans que j’attends des excuses et des réparations. Rien. J’ai donc pris de la distance avec l’Église Catholique Romaine qui est corrompue par le Pouvoir, l’argent et le sexe. Les prêtres ne sont plus des pasteurs mais des fonctionnaires de l’Église. Ils se cachent tous derrière leurs avocats. C’est ce qui s’est passé avec les Béatitudes. Les fonctionnaires de l’Église font porter le poids de la loi divine alors qu’eux n’en sont pas capables. L’Église nous ferme la porte du Paradis. Je ne crois plus en l’Église. Sachez que vous avez mon soutien.

    • Ce que je trouve dingue, c’est que des croyants puissent encore penser que l’Eglise en tant qu’institution puisse les aider alors que l’institution a tout fait pour masquer complètement abus, crimes sexuels, manipulation et emprises diverses de ses clercs sur enfants, femmes, ados, etc… La réaction à avoir face à ces crimes, devrait être celle de la réponse pénale. Donc de la justice civile. Il n’y a rien à attendre de l’institution cléricale. Rien. Strictement rien. Ce n’est pas une institution qui a envie d’évoluer ni de changer ses comportements. Elle considère le viol, l’abus sexuel comme un fait du prince. Comme un privilège de demi-dieu. On est pas du tout dans une prise de conscience de ces crimes en terme de faute pénale, de crime, relevant des Assises. Et ces crimes ayant existé depuis les débuts du catholicisme, pour la majorité des hauts-clercs, ça fait partie de la normalité. Si véritablement, il y avait une volonté institutionnelle de stopper les dégâts et les crimes, jamais l’entreprise de l’Institut du Paraclet aurait été interrompue en 1965. Aujourd’hui nous aurions un établissement pénitentiaire réservé aux religieux et clercs pédophiles, criminels sexuels sur les îles Grenadine comme ça avait été prévu au départ. Et on aurait une destitution complète de la fonction cléricale et des procès au pénal contre les clercs pédophiles, criminels sexuels, etc. Avec prison, avec dédommagements aux victimes via l’IOR. Et puis, surtout, les archives du St Office seraient depuis belle lurette entre les mains de la police et de la justice pénale. Pourquoi ce n’est pas comme ça ? Parce que l’Eglise souhaite perpétuer son comportement criminel en toute impunité. Elle le manifeste par le déni, le mépris, la culpabilisation des familles, des victimes, le rejet, les petites phrases assassines, le renvoi… Il est temps que les croyants ouvrent les yeux. L’Eglise n’a aucun intérêt de son point de vue, à changer. Ni à réparer quoi que ce soit. Elle n’en a pas la volonté non plus. Les anciennes victimes qui siégeaient à la commission formée par F1 en 2014 l’ont rapidement et douloureusement compris. C’était surtout une affaire de vitrine marketing. Pas de traiter réellement le problème criminel.

      Même si c’est horrible de l’admettre, même si ça fait un mal de chien, c’est une réalité.

      Après, à chacun de voir s’il veut encore faire des salamalecs, des tentatives de réconciliation, de conciliation. Mais clairement, la seule réponse qui a du sens et qui peut apprendre quelque chose à l’institution, c’est la réponse pénale. Et au stade où nous en sommes rendus, c’est une réponse pénale internationale. Ce n’est pas qu’en France que le problème existe. C’est partout. Dans tous les continents où le catholicisme romain est religion sinon principale du moins importante.

      Dieu, la foi, la spiritualité, n’ont rien à voir avec la religion. La religion est là pour appliquer sa loi institutionnelle qui se fiche complètement des adeptes sauf au plan du comptage, de l’argent et pour y embrigader du petit personnel. En dehors de ça, l’adepte il est là comme une serpillière. L’institution peut en disposer comme elle veut. Faut bien comprendre la situation qui constitue un rapport de domination et se positionne en terme d’autorité de domination. On est pas du tout dans un rapport de réciprocité et de respect et de liberté ni de fraternité. Ni d’égalité. L’institution cléricale se voit supérieure, dominante et hors la loi pénale et civile. Elle souhaite maintenir cette situation, envers et contre tous.

      Et faut arrêter de nous faire croire qu’elle ne sait pas pour ses brebis galeuses…Des prêtres en bas de l’échelle ok. Mais des hauts clercs, ils savent tous. Episcopat à épiscopat. Ratzinger qui a été longtemps le patron du St Office connaissait tous les dossiers dont celui qui concernait son frère. Et il s’est bien gardé de faire quelque chose de réellement concret pour changer la donne. Les victimes sont passées en pertes et profits. Parce qu’il y a une corruption, parce qu’il y a des intérêts en jeu puissants, d’argent, d’exploitation des individus adultes comme enfants derrière.

      Eh oui, ça blesse infiniment de comprendre ça. Mais il le faut pour pouvoir avoir le courage de porter plainte, de comprendre les limites institutionnelles. Et se mobiliser pour que la réponse pénale soit massive et internationale.

      Et puis aussi pour se reconstruire sur d’autres bases. Et s’appuyer non sur l’institution cléricale mais sur Dieu lui-même pour sa foi. Dieu ne nous décevra jamais, ne nous rejettera jamais, ne nous exclura jamais. C’est la plus grande certitude que nous ayons ainsi qu’Il nous aime inconditionnellement. Ca devrait nous aider tous et toutes, non ?

      • En l’espèce les victimes se sont tournées directement vers la justice, et non pas vers l’institution : « le prêtre a été dénoncé en décembre 2009 par un des deux frères, alors âgé de 18 ans, il a témoigné au commissariat de police de Perpignan ». C’est ainsi que Mgr André Marceau a eu beau jeu de dire au procès « qu’il aurait pu enquêter mais qu’aucune famille ne s’était plainte » et se dédouaner, même si apparemment « deux prêtres étaient venus l’avertir que des faits graves se déroulaient dans la paroisse ».

        J’ai vu que ce père de famille avait déjà témoigné en mars 2019 : « Pourquoi je garde la foi en l’Eglise, même si notre fils a été abusé par un prêtre » :

        « Il n’est pas utile de revenir sur l’impensable : "comment un prêtre a-t-il pu commettre de pareils actes ?" Nous l’avons expérimenté dans notre chair, aucun homme n’est à l’abri du mal, et même du mal le plus sombre, au point que le président du tribunal m’interpellait : "mais comment pouvez-vous encore être catholique après cela ?". Non seulement je le suis encore mais je voudrais dire que si notre fils a été abusé par un prêtre, cela ne diminue en rien l’estime et la confiance que nous avons pour tous ces autres prêtres qui chaque jour se dévouent auprès de nous.

        Quand j’entends dire de toutes ces affaires, "c’est un péché collectif", je m’insurge. On passe d’une culture du silence à la culpabilisation générale. Ces prêtres ne sont pas coupables des crimes de leur(s) confrère(s). Si en tant que père je m’en veux aussi de ne pas avoir pu empêcher ce qui s’est passé, je ne me sens en aucune manière coupable de la même manière que ce prédateur. Ces prêtres ne devraient pas non plus s’en sentir coupables. Pour ce qui est de la hiérarchie, je crains que cette nouvelle doxa ne soit qu’une nouvelle manière de ne pas assumer les choses. La hiérarchie de l’Église doit assumer individuellement ses fautes et ne pas les noyer dans une vague responsabilité généralisée… les victimes n’en veulent pas. Elles espèrent que leur bourreau demandera un jour pardon et auraient été tellement apaisées d’entendre leur évêque faire de même. Dans notre cas, l’évêque de l’époque –Mgr André Marceau– n’a jamais reçu notre fils, jamais demandé de ses nouvelles ou des nôtres, jamais eu une parole de compassion pour les victimes … pas plus en dix ans qu’au procès où tel un fonctionnaire de Dieu, il est venu dire "j’ai fait ce que j’avais à faire" c’est-à-dire rien. Il ne nous a même pas regardés, n’a pas parlé de la douleur des victimes, n’a pas eu un mot pour nos enfants… L’avocat général a jugé cette attitude de l’évêque "scandaleuse" et la cour, si elle a reconnu à l’audience civile le dédommagement demandé par les victimes, a refusé l’euro symbolique de dédommagement demandé par le diocèse. Tout le monde en a été sidéré.

        Nous ne sommes que de simples fidèles. Nous n’entendons rien aux beaux discours de réformes toujours annoncées, aux grandes réunions, aux effets d’annonces… ce que nous voyons c’est la réalité de l’Évangile. Qu’aurait coûté à ce hiérarque une parole de miséricorde et de compassion ? Notre fils l’attendait et nous aussi ; elle n’est pas venue, elle ne viendra pas. De quoi avait-il peur ? Qu’on prenne ce geste comme un acte de faiblesse ? Un aveu de culpabilité ? Je ne peux croire que ce soit cela, l’Église de Jésus-Christ. Tant que nos évêques n’auront pas cette attitude simplement évangélique, les beaux discours ne serviront à rien. Tant qu’ils ne seront pas des pères, pour les victimes, pour leurs prêtres, pour leurs fidèles… ils ne seront pas crédibles et ne nous aideront pas à garder confiance dans l’Église, à l’aimer malgré tout. »

        • Ce père se trompe. Un nombre grandissant de victimes souhaitent un procès pénal international. Parce que la responsabilité est institutionnelle. Le fait que la hiérarchie ait volontairement couvert et tu différentes affaires rend les prêtres, évêques, cardinaux complices des crimes commis par leurs collègues. Et ils peuvent se sentir coupables dans le sens où leur hiérarchie couvre et tait ces crimes et accule parfois les victimes et leurs familles à des situations ultra toxiques, abusives qui inversent la culpabilité et renvoient les victimes et leurs familles dans des situations de mal-être. Manifestement, c’est son cas. Mais ce que je trouve terrible est qu’il est encore dans la révérence au système tout en s’en plaignant. Ca, ça me sidère. Et le pire, c’est qu’il continue à cautionner vis à vis de l’Eglise un rapport de soumission de type filiale et réclame des prêtres une attitude de père. Donc de dominant. Franchement…mais il réalise qu’il est en train de cautionner la perpétuation de la domination totalitaire ou pas ? Son fils a été abusé, violé par un clerc et finalement, ben continuons sur le même régime qu’avant, ne culpabilisons pas les prêtres ni l’institution. Au nom d’un idéal.

          Son propos montre un homme dans la dualité. Il s’accroche encore à un fantasme que l’Eglise entretient pour maintenir une illusion familiale quand en réalité il s’agit d’emprise et de domination, parfois mortifère et criminelle. Le jour où cet homme admettra que son idéal n’existe pas et n’existera pas dans la réalité cléricale, alors peut-être il fondera sa spiritualité seulement en Dieu et pourra permettre à son fils de se reconstruire vraiment sur d’autres bases, bien plus saines.

          En attendant, la façon dont il parle, montre qu’il reste ligoté à des schémas de représentation cléricale encore trop fantasmatiques puisqu’il en parle en termes familiaux. Alors que la notion de famille ne s’applique qu’entre membres masculins du clergé (tous se tiennent les coudes pour éviter de divulguer crimes, délits, déviances des uns comme des autres, mais absolument pas vis à vis des croyants. La frontière est bien étanche. Et elle l’a toujours été. Quand je lis des propos aussi révérencieux, je me dis, bon sang, y a encore du boulot avant que ce monsieur et nombre d’autres familles de victimes, voire de victimes elles-mêmes, fassent une réelle prise de conscience. Atterrissent dans la réalité cléricale, telle qu’elle est, et pas telle qu’ils la souhaiteraient.

          C’est dur de grandir…y compris spirituellement !

    • Merci, Damien pour les liens.

      Pourquoi les évêques ne parlent pas de la pédophilie cléricale au plan historique ? Parce que ce serait déjà un premier pas de franchise important sur le sujet. Et assorti avec la révélation sur le centre français pour prêtres pédophiles lié aux Serviteurs du Paraclet, ce serait encore mieux.

      Un petit lien sur les révélations il y a quelques années de Pierre Gouet (neveu de Mgr Julien Gouet) sur la pédophilie cléricale et la gestion de l’institution du dossier par le passé, via l’exemple de son oncle :

      http://carnets-de-voyage.over-blog.fr/article-les-pretres-pedophiles-on-les-fait-tourner-3-source-mediapart-55295153.html

      Et un autre sur l’institution et ses difficultés avec un passé très gênant :

      https://www.humanite.fr/node/24863

      Ce n’est donc pas uniquement sur le sujet de pédophilie cléricale qu’il y a problème. Le dévoiement de la théologie, la complicité de classe et la défense du groupe clérical au détriment du message christique et des souffrances supportées par les victimes, sont des comportements récurrents au sein de l’institution romaine. Qui montrent que l’esprit général institutionnel ne change pas d’un pouce (peu importe le type d’implication criminelle) quand il s’agit de protéger des intérêts particuliers de classe et de groupe. Que la contrition reste de surface et forcée par des circonstances et des contraintes judiciaires. Pas le résultat d’une vraie de vraie prise de conscience et un changement concret de fonctionnement.

      On attendrait donc de la part de l’institution mise face à ses comportements criminels, un peu plus d’honnêteté et de cartes sur table. Pas de l’enfumage enrobé de sucre sous forme de circonvolutions envers les victimes et les croyants. Dire par exemple simplement que l’institution fonctionne comme l’armée, sans aucun égard pour autrui du moment que non clerc, dans la mesure où les intérêts d’autrui divergent des intérêts cléricaux, ce serait de l’honnêteté. Et dire ensuite que l’institution sur ce point contredit toujours le message christique qui n’est qu’un paravent commode, ce serait honnête vraiment aussi. Que pour véritablement qu’il y ait changement profond, il faudrait sortir l’institution d’un fonctionnement de monarchie absolue où la raison de l’institution deviendrait véritablement le message christique, la considération humaine et non une logique de classe et d’intérêts particuliers comme ce fut et comme cela est très, trop souvent le cas depuis le 4e siècle.

      Qu’en attendant ce changement structurel et politique, la CIASE est un début de tentative de réparation pour les victimes. Mais qui n’exclut pas un changement plus profond, nécessaire au regard de ce que savent à présent les croyants du système institutionnel clérical et qui explique largement la désaffection cultuelle depuis de longues décennies.

      Ca ce serait du message sans langue de buis, franc, direct. Mais je crains que nous ne le lisions jamais sous la plume du haut-clergé épiscopal. Et encore moins du Vatican.

      • Je pense que les mesures annoncées ne vont pas dans le mauvais sens, notamment la création d’un tribunal pénal canonique interdiocésain, pour éviter que des affaires puissent être étouffées par un évêque complaisant ou sous pression, ou les déplacements d’un diocèse à l’autre sans suivi des sanctions. Je pense qu’il faudrait une telle instance à l’échelon de l’Eglise universelle.

        Oui Françoise, Decourtray n’a pas été clair sur Touvier, c’est très mal. Et puisque c’est l’Humanité, organe officiel du Parti communiste qui le disait en 1992, je rappelle qu’en 1989, Marchais, son secrétaire, jugeait que le bilan des pays de l’Est était globalement positif. Oui 15 millions de morts en Union soviétique, l’holodomor et les goulags, c’était globalement positif. La Chine de Mao aussi avec ses 45 à 72 millions de morts, c’était que du bonheur ainsi que Pol Pot qui a génocidé le tiers de sa population. Clic

        Qui dit mieux ? L’Eglise ? La légende qui veut que l’Inquisition ait fait des millions de morts est un mythe forgé au XIXe siècle. 3000 morts en réalité sur cinq siècles d’existence et encore ! A lire. Les guerres de religion ? Le bilan est partagé entre catholiques et protestants et les plus massacreurs ne sont pas ceux qu’on croit. Alors qu’au total 80 ans de communisme c’est 65 à 85 millions de victimes, et ça ne compte pas les Ouighours aujourd’hui.

        Alors les leçons de morale infligées par le journal l’Humanité à l’Eglise il y a 30 ans, on s’en passe un peu, voyez-vous Françoise. Indépendamment de la « logique de classe » et des « intérêts particuliers de classe » phraséologie politique dont vous vous montrez friande mais dont vous n’êtes pas sans ignorer la provenance idéologique et les victimes qui sont associées. Pardonnez ma franchise, mais j’ai du mal avec vos références.

        • J’ose espérer, tant pour les victimes que les croyants. Ce n’est pas que Decourtray qui n’a pas été clair sur Touvier. C’est l’ensemble des hauts-clercs, une partie de l’état et déjà d’un groupe dérivant sectaire appelé Opus Dei. On pourrait aussi parler des réseaux du Vatican pour protéger et permettre la fuite de nazis, de collabos et d’oustachis (il y a eu il y a deux mois à ce sujet un excellent long métrage sur la réalité si peu connue du camp de concentration de Jasenovac où venaient massacrer des familles à la hache des franciscains oustachis). Et comment certains ont continué grâce au Vatican à mener des génocides qui au Chili, qui en Argentine, qui pour aider les US à mener des guerres meurtrières, ou créer des sectes qui ont pu servir aussi de centre de torture comme Colonia Dignidad au Chili…

          Vous croyez sincèrement que ça a fait plaisir au couple Klarsfeld et à certains rescapés juifs des camps nazis de traquer des meurtriers qui auraient dû être jugés à Nuremberg pour crimes contre l’humanité et s’apercevoir que le Vatican et certains épiscopats ont tout fait pour les soustraire à la justice pénale ?

          L’Huma vous indispose mais le fond de l’article n’aurait pas existé sans René Rémond, qui n’est pas un historien communiste, loin s’en faut. Et qui a fait partie des Jeunesses Etudiantes Chrétiennes, loin d’un anticlérical là aussi. Il a simplement fait son travail d’historien sur ces protections épiscopales autour de Touvier, qui expliquent hélas, certains comportements épiscopaux et politiques d’hier comme d’aujourd’hui.

          Et le témoignage de Mr Gouet victime d’un prêtre pédophile, montre concernant son oncle qu’il opérait une sinistre doublette entre la disparition active de rapports gênants sur les prêtres pédophiles et la protection de Touvier, tout en se faisant conseiller de de Gaulle. Si ça s’appelle pas une logique de corps et de classe, d’en venir à même sacrifier son propre neveu au bénéfice de la vitrine de l’institution cléricale et d’idéologies pour le moins contraires à l’évangile…

          Je n’entrerai pas pour le reste dans la polémique de chiffres et de parallèles douteux. Il est hors sujet ça relève du point Godwin. De plus, n’étant pas communiste et encore moins staliniste, je ne me sens pas visée par vos remarques.

          Par contre, le fait d’avoir suffisamment observé la classe bourgeoise et dirigeante toute mon enfance et mon adolescence, compris comment elle fonctionnait et voir depuis ma rupture familiale (datant de ma jeunesse), ce que cette classe dirigeante, parfois associée au clergé fait subir sans scrupules aux plus petits et miséreux où que ce soit sur la planète depuis des siècles, me permet de parler comme je le fais. Le fait d’être syndiquée, de travailler au sein du monde ouvrier en partie aussi, donc au contact d’une réalité bien âpre, loin des beaux salons et des soirées pince-fesses. Et enfin, le fait d’être précaire dans mon travail depuis 20 ans et de savoir ce dont certains patrons sont capables aussi bien vis à vis d’intérimaires que de précaires, me permet de dire tout cela. Beaucoup de prêtres ouvriers ont pris conscience de ces réalités oppressives contre les classes populaires. Sans doute pour ça qu’ils furent rappelés à des fonctions uniquement religieuses, pour éviter d’en arriver à trop critiquer leur hiérarchie et de possiblement la renverser. Si le bas clergé commençait à ruer dans les brancards en comprenant que l’idéologie cléricale contrevenait d’avec les évangiles et le message christique, où allait-on, n’est-ce pas ?

          Le problème de se préoccuper des violences et crimes de la classe dirigeante (dont le haut-clergé fait partie) quand on relève du clergé ou simple croyant, sans pour autant être affilié au parti communiste, ne date pas d’hier.

          Rappelez-vous ce que disait déjà il y a bien longtemps le regretté Dom Helder Camara :

          « Je nourris un pauvre et l’on me dit que je suis un saint. Je demande pourquoi le pauvre n’a pas de quoi se nourrir et l’on me traite de communiste. »

          Bonne journée, Damien !

          • Il n’y a pas eu que des clercs compromis avec les régimes d’extrême droite, il s’en est trouvé aussi sous les régimes communistes qui étaient main dans la main avec la police politique. De cela on parle moins : Les Eglises de l’Est face au passé communiste

            Je connais aussi un ami des pauvres et des exclus, qui n’a pas beaucoup brillé cependant dans le domaine de la protection des mineurs. Histoire de vous rafraîchir la mémoire : Mgr Gaillot oublierait bien les affres du curé pédophile.

            Juste pour vous dire que votre lecture politique à sens unique est lassante.

            • Qui vous dit le contraire ? Le problème est l’instrumentalisation de Dieu pour parasiter, dominer, violenter, rincer financièrement, massacrer des populations, en leur promettant monts et merveilles tout en dégageant d’immenses bénéfices et profits personnels. Et ça, l’institution cléricale romaine le pratique depuis ses débuts et n’a pas attendu les groupes dérivants sectaires du 20e siècle pour cela. Elle le fait comme toutes les religions et sectes. Et ça n’est pas normal. C’est criminel. Ca doit être dénoncé car ça a fait des milliards de morts depuis le 4e siècle pour le catholicisme romain en particulier et des milliards de morts pour les différentes autres institutions religieuses (hindouisme, islam, judaïsme, protestantisme, orthodoxie, etc, etc) et sectes de tous poils. Et Dieu n’a strictement rien à voir avec ce type d’agissements criminels. Jésus non plus.

              Si vous voulez vous engager sur le terrain de la proportionnelle, il est très facile de constater que l’argent et le pouvoir se trouvent plus dans les affections droite extrême droite, dans l’ultra libéralisme capitaliste sans freins que dans les logiques communistes.

              Sinon, nous aurions vu des conversions retentissantes au marxisme dans la noblesse de robe et d’épée depuis le 19e siècle et à l’identique dans la grande bourgeoisie financière, industrielle et agricole. Fort de constater que ce ne fut pas le cas, à aucun moment.

              Historiquement, sur la seule période allant du milieu du 19e siècle à nos jours, le haut-clergé catholique qui détient les rênes de l’institution cléricale, a toujours majoritairement pactisé avec des forces politiques réactionnaires et totalitaires issues de leur caste, massivement engagée qui dans l’armée, qui dans la finance, qui dans l’industrie, parfois dans les grandes propriétés viticoles et agricoles. Secteurs d’activités où la dimension d’exploitation du pauvre domine plus que la recherche d’une égalité, d’un salaire digne et de conditions de travail respectueuses.

              Parfois, il peut y avoir quelques exceptions, des prises de conscience individuelle, mais ce n’est pas globalement un état d’esprit dominant dans la haute hiérarchie catholique cléricale romaine.

              Pas plus d’ailleurs que ça ne l’est dans les hautes hiérarchies cléricales religieuses de toutes obédiences.

              C’est un fait. Très facilement observable. Avec des exceptions, surtout quand le totalitarisme de gauche se droitise et se sectarise. L’argent, le pouvoir n’ont pas d’odeur à certains niveaux 😉)

              Avant le 19e, l’union sacrée avec les régimes monarchiques, totalitaires aussi et tenus par la noblesse, montre là aussi une préférence marquée pour un totalitarisme élitiste. Pas du tout dans une perspective de société ni démocratique ni libre ni égalitaire ni fraternelle. Et même quand certains ont eu des scrupules et un peu plus d’ouverture sociale, très vite ils ont été rattrapés par la séduction du totalitarisme et du pouvoir et de l’argent. Donc repartis dans une perspective de domination. Ne pas s’étonner donc de pactes avec des totalitarismes communistes tout autant que d’extrême droite, nazisme compris.

              Rien à voir donc avec le message christique, dont pourtant le catholicisme romain se prétend dépositaire, guide et incarnation parfaite.

              Alors qu’en conclure si ce n’est que ces entreprises religieuses comme sectaires sont de l’opportunisme criminel car cela a fait des milliards de victimes depuis des siècles et des siècles. Et continue d’en faire. En brandissant pourtant Dieu comme alibi pour justifier dogmes et idéologies abusives et criminelles.

              Le dire, c’est admettre une réalité sordide, bien matérielle et humaine. Et enfin, sortir Dieu, Jésus de cette prise en otages qui ne favorise ni la foi, ni la spiritualité ni l’émergence d’une société humaine plus respectueuse, plus libre, plus égalitaire et plus fraternelle. Mais au contraire, dresse les humains les uns contre les autres (et pas tout contre, malheureusement).

              Jésus n’a jamais voulu créer de religion. Juste passer un message d’Amour Inconditionnel, quelques repères pour nous émanciper et nous réaliser plus pleinement spirituellement et au plan relationnel. Il n’a pas délégué des religions (alors qu’il était très critique de sa propre religion juive et de son clergé) pour continuer d’opprimer et d’exploiter sans vergogne, massacrer d’autres humains. C’était pas le genre de la maison.

              A partir de là, chaque humain peut vivre du message christique et s’en inspirer sans étiquette religieuse ni sectaire. Simplement en humanité fraternelle. Sans perspective ni de pouvoir ni d’argent ni de domination sur autrui. Force est de constater que les institutions religieuses ont plus participé à conditionner l’humain dans la peur, dans l’exploitation résignée, dans une mythologie destinée à soumettre les populations pour des profits matériels particuliers durables sous couvert de spiritualité. C’est une réalité qui a fait beaucoup de morts, beaucoup de guerres, génère encore de grandes violences, de grands abus. Et qui continuera d’en faire tant que croyants et population humaine dans son ensemble continueront à faire soit l’autruche (par soumission, peur, adhésion), soit laisser faire ces exploiteurs de l’individu, par paresse et ignorance.

              La spiritualité n’a ni besoin de religion ni de secte ni de dogmes. Elle a besoin de l’amour inconditionnel (qui passe par se respecter soi intégralement avant de pouvoir prétendre respecter l’autre : conscientisation de base) et du don de soi dans une relation humaine franche, libre et cordiale pour construire ensemble une société fraternelle et un peu plus juste et libre pour tous, pas pour une coterie de milliardaires et d’opportunistes. C’est ainsi que l’on rencontre Dieu, Jésus au quotidien. Rien de religieux là dedans. Mais énormément de spiritualité et de richesse d’échanges et de partages. Un autre monde en somme.

        • Cher Damien, C’est un procédé connu que de changer de sujet quand la question fâche. On parle de l’Eglise Catholique ici et pas du parti communiste français ou russe. Et s’il est vrai que l’Inquisition a moins brulé, torturé et tué qu’on ne le dit, il n’en reste pas moins que chaque personne torturée ou assassinée au nom de la foi catholique est un scandale pour l’Eglise de toujours. Cette Eglise qui au long des siècles s’est toujours rangée du côté des puissants. Qui était pape ? Qui était fait cardinal ? Qui était nommé évêque ? (Je viens de lire un article sur Talleyrand qui convoitait la charge d’évêque d’Autun pour les revenus qu’elle lui procure, pas par amour de l’Evangile). Relisez, Damien, Bartolomé de La Casas et ce qu’il raconte de la colonisation de l’Amérique du Sud. Pensez-vous vraiment que les indiens ont eu le choix entre le sabre et le goupillon du baptême ? Comment pouvez-vous ignorer à ce point l’histoire de votre Eglise ? Comment pouvez-vous tenir ces comptes d’apothicaires de qui a le plus massacré, des catholiques ou des protestants ? Encore une fois, chaque personne tuée au nom de Dieu, même s’il n’y en avait eu qu’une seule, est un scandale dont nous devons avoir honte aujourd’hui encore. Parce que nulle part dans les Evangiles il n’est indiqué qu’on doit, qu’on peut tuer celui qui ne veut pas croire. Nous catholiques, n’avions pas le droit de frapper, enfermer les filles-mères, nous n’avions pas le droit de leur voler leurs enfants. Nous, vous, moi, sommes responsables parce que catholiques de toutes les victimes des abus de pouvoir des représentants de notre Eglise. Avant de conclure, pensons avec humilité à elle complice au fil des âges de l’antisémitisme, des pogroms, des lois iniques, de tout ce qui a conduit, dans le presque silence de représentants à la Shoah.

          • Non, je ne me sens aucunement responsable de ce qu’ont fait les autres.par le passé et je n’ai pas de honte pour des fautes que je n’ai commises. Si vous voulez parler des fautes dans l’Eglise, j’en ai été victime moi-même. Vous voudriez aussi que je m’en sente coupable ? Au seul motif que je suis catholique ? En revanche si j’avais été amené à collaborer de près ou de loin avec une idéologie intrinsèquement perverse et homicide comme le communisme ou le nazisme, oui j’en concevrais une culpabilité (et je ne la ramènerais pas trop comme l’Huma). Mais le catholicisme n’est pas une idéologie perverse et homicide à ma connaissance, quelles qu’aient été les erreurs et les compromissions du passé ou du présent. Ce n’est pas un mystère que l’Eglise a presque toujours été proche du pouvoir, pour autant qu’il existait une chrétienté. Cela change et ce n’est pas forcément un mal.

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