C’est le symbole du climat très pesant qui règne au sein du diocèse de Lyon : aucun prêtre ayant une vision critique (franche ou modérée) de la gestion de l’affaire Preynat, ce prêtre lyonnais aujourd’hui âgé de 72 ans et accusé d’abus sexuels sur des scouts dans les années 1980-1990, n’a accepté de s’exprimer à notre micro. Un seul a bien voulu témoigner à la condition que sa voix soit masquée :
« Il faut renvoyer le cardinal à sa propre conscience. J’ai été choqué, et je ne pense pas être le seul, du fait que, dans la défense qu’il a voulu avoir pour lui-même, il a eu tendance à vouloir se défausser sur nous en disant : ’C’est l’affaire de tous’. Or, ce qui était en cause ici, c’est sa décision de reconduire sans problème le père en question. Cela m’a un peu heurté, parce que, comme le dit clairement le comité La Parole Libérée, c’est UNE décision, d’UN évêque, qui a été inappropriée ».
Les autres prêtres, membres du clergé et laïcs que nous avons contacté, ont préféré s’exprimer hors micro, en demandant de ne pas être cité. Ils craignent de possibles sanctions de la part des autorités diocésaines. Parmi les témoignages, l’autoritarisme de la hiérarchie du diocèse de Lyon est souvent citée. Le manque de compassion et de sincérité dans les excuses aux victimes également. Le dossier de l’affaire Preynat et sa gestion par le cardinal Barbarin « parasitent notre travail au quotidien », explique une source ; « Cela discrédite tout le travail de l’Église. La déprime gagne le diocèse » renchérit un clerc qui connaît bien le diocèse de Lyon. Pourtant, ils ne sont pas forcément d’accord avec la pétition mise en ligne cet été, demandant la démission du cardinal, du moins sur la forme.