Quand les pasteurs deviennent des loups

Vendredi 17 mai 2013

Les évêques et les prêtres qui se laissent gagner par la tentation de l’argent et de la vanité du carriérisme, de bergers qu’ils sont se transforment en loups « qui mangent la chair de leurs brebis ». Le Pape François n’a pas fait dans la demie mesure pour stigmatiser le comportement de ceux qui – a-t-il dit en citant saint Augustin – « prennent la viande, pour la manger, à la brebis, profite d’elle ; font des négoces et sont attachés à l’argent ; deviennent avare et parfois même simoniaques. Ou profitent de la laine par vanité, pour s’en vanter ».

Pour dépasser ces « véritables tentations », les évêques et les prêtres doivent prier, mais ont aussi besoin de la prière des fidèles. Celle que le Pape lui-même a demandé ce matin, mercredi 15 mai, aux personnes qui ont participé à la célébration de la Messe dans la chapelle de la Domus Sanctae Marthae.

Le Saint-Père a commenté les lectures du jour : la première (Actes des apôtres 20, 28-38) « est l’une des plus belles pages du Nouveau Testament » a-t-il noté. Elle raconte la relation entre Paul et les fidèles d’Ephèse, c’est-à-dire la relation entre l’évêque et son peuple, « faite d’amour et de tendresse ». On parle aussi de cette relation dans l’Evangile de Jean (17, 11-19), « où il y a certains mots clés », a expliqué le Pape, que le Seigneur adresse aux disciples : « soyez attentifs » ; « soyez vigilants » « veillez sur le peuple » ; « bâtissez, défendez ». Et « Jésus dit au Père : “sanctifie” ». Ce sont des mots et des gestes qui expriment justement une relation de protection, d’amour entre Dieu et le pasteur et entre le pasteur et le peuple. « Cela – a précisé le Pape – est un message pour nous évêques, pour les prêtres et pour les curés. Jésus nous dit : “Veillez sur vous-mêmes et sur toute la création”. L’évêque et le prêtre doivent être vigilants, veiller précisément sur son peuple. Et soigner son peuple, le faire croître. Faire aussi la sentinelle pour l’avertir quand arrivent les loups ».

Tout cela « indique une relation très importante entre l’évêque, le prêtre et le peuple de Dieu. En fin de compte, un évêque n’est pas évêque pour lui-même, il l’est pour le peuple ; et un prêtre n’est pas prêtre pour lui-même, il l’est pour le peuple ». Une relation « très belle » basée sur l’amour réciproque. Et « ainsi l’Eglise devient unie. Vous – a-t-il demandé aux fidèles – pensez toujours aux évêques et aux prêtres, hein ? Nous avons besoin de vos prières ».

Mais « nous aussi — a-t-il ajouté — nous sommes des hommes et nous sommes pécheurs » : nous pouvons tous être pécheurs « et nous sommes aussi tentés. Quelles sont les tentations de l’évêque et du prêtre ? Saint Augustin, en commentant le prophète Ezéchiel, parle de deux tentations la richesse, qui peut devenir avarice, et la vanité. Et il dit : “Quand l’évêque, le prêtre profite des brebis pour lui-même, le mouvement change : ce n’est pas le prêtre, l’évêque pour le peuple, mais le prêtre et l’évêque qui prend au peuple” ». Soif et vanité : voici les deux tentations dont parle saint Augustin : « C’est la vérité ! Quand un prêtre, un évêque, est mû par l’argent, le peuple ne l’aime pas et cela est un signe. Et lui-même finit mal ».

Voir en ligne : L’Osservatore Romano

Vos réactions

  • P.V. 14 juillet 2013 20:40

    Le Loup devenu Berger

    Un Loup qui commençait d’avoir petite part Aux Brebis de son voisinage, Crut qu’il fallait s’aider de la peau du Renard Et faire un nouveau personnage. Il s’habille en Berger, endosse un hoqueton, Fait sa houlette d’un bâton, Sans oublier la Cornemuse. Pour pousser jusqu’au bout la ruse, Il aurait volontiers écrit sur son chapeau : C’est moi qui suis Guillot, berger de ce troupeau. Sa personne étant ainsi faite Et ses pieds de devant posés sur sa houlette, Guillot le sycophante approche doucement. Guillot le vrai Guillot étendu sur l’herbette, Dormait alors profondément. Son chien dormait aussi, comme aussi sa musette. La plupart des Brebis dormaient pareillement. L’hypocrite les laissa faire, Et pour pouvoir mener vers son fort les Brebis Il voulut ajouter la parole aux habits, Chose qu’il croyait nécessaire. Mais cela gâta son affaire, Il ne put du Pasteur contrefaire la voix. Le ton dont il parla fit retentir les bois, Et découvrit tout le mystère. Chacun se réveille à ce son, Les Brebis, le Chien, le Garçon. Le pauvre Loup, dans cet esclandre, Empêché par son hoqueton, Ne put ni fuir ni se défendre. Toujours par quelque endroit fourbes se laissent prendre. Quiconque est Loup agisse en Loup : C’est le plus certain de beaucoup.

    Jean de la Fontaine

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