Défiant sa hiérarchie, un prêtre de Valence demande au pape la démission du cardinal Philippe Barbarin, poursuivi pour non-dénonciation d’agressions sexuelles. Sa pétition, lancée mardi en ligne, intervient après un nouvel appel de François à se mobiliser contre la pédophilie au sein du clergé catholique. Le père Pierre Vignon appelle également « tous les membres de l’Église conscients de l’importance du mal fait aux victimes d’abus » à signer sa pétition. Aymeri Suarez-Pazos, président de l’Avref (Aide aux victimes des dérives de mouvements religieux en Europe et à leurs familles), n’a pas hésité longtemps.
Le Point : Pourquoi avoir rallié l’appel du père Pierre Vignon ?
Aymeri Suarez-Pazos : Ce prêtre prend une position forte, il se met en danger par rapport à ses supérieurs pour rappeler qu’il est inadmissible de laisser proliférer les crimes sexuels et de pédophilie. Et cela touche évidemment l’Avref parce que, dans son courrier, il est bien question d’une culture de l’abus, qu’il soit de pouvoir, sexuel ou spirituel au sein de l’Église. Évidemment, si le cardinal Barbarin démissionne pour avoir couvert des prêtres pédophiles, ce sera surtout symbolique. Ce sera un acte qui sauve son honneur. Mais on peut aussi voir dans cet acte un bouchon qui saute parce que tout l’épiscopat se cache derrière lui. Il n’y a pas de diocèse où il n’y a pas de prêtre pédophile, donc il est étonnant que rien ne soit sorti depuis 20 ou 30 ans dans certains diocèses.