Abus sexuels dans l’Église : « Tony Anatrella a été couvert par une omerta organisée »

Jeudi 12 juillet 2018

ENTRETIEN. Le frère dominicain Philippe Lefebvre alertait l’Église sur le cas du prélat depuis 10 ans. Anatrella a été destitué par l’archevêque de Paris. Propos recueillis par Jérôme Cordelier

C’est une décision symbolique que vient de prendre le nouvel archevêque de Paris, en poste depuis le 7 décembre. Mgr Michel Aupetit a interdit à Mgr Tony Anatrella, soupçonné d’abus sexuels, d’exercer un ministère sacerdotal, d’entendre la confession, d’exercer tout accompagnement spirituel, de se livrer à une activité thérapeutique et d’intervenir publiquement de quelque façon que ce soit. Ce prélat et psychothérapeute d’influence fut une grande figure de l’Église dans les années 80 et 90. Il fut consulteur (Canoniste commis pour donner son avis sur des questions de foi et de discipline, NDLR) auprès de deux conseils pontificaux (famille et santé) au Vatican et auteur de nombreux livres sur la sexualité des adolescents. Âgé aujourd’hui de 77 ans, l’homme était très discret depuis pas mal de temps. Il est officiellement destitué, mis au ban de sa communauté.

Voilà des années que le prêtre a été soupçonné de viols. Trois plaintes devant la justice pénale ont été déposées contre lui en 2006. Mais elles n’avaient pu aboutir. Pour deux d’entre elles, les faits étaient prescrits et, pour la troisième, le parquet de Paris avait considéré qu’« il n’y avait pas d’éléments constitutifs d’une infraction ». Plusieurs victimes en avaient alors appelé à l’Église. Et c’est une enquête canonique, interne à l’institution donc, lancée en 2016 à la demande de Mgr André Vingt-Trois, le prédécesseur de Michel Aupetit à la tête du diocèse de Paris, qui a abouti à cette décision. Une décision que le frère Philippe Lefebvre attendait depuis fort longtemps. Ce dominicain français qui enseigne depuis 13 ans la théologie à l’Université suisse de Fribourg a été le premier à alerter sur le cas Anatrella. Las, pendant des années, il a prêché dans le désert, c’est le cas de le dire. Au Point, il ne cache ni sa satisfaction ni sa colère.

Pour lire l’interview du frère Philippe Lefèbvre, cliquer ici

NOTE DE LENVERSDUDECOR : A la suite de l’article, sur le site du Point, une note affirme que Benoît XVI aurait condamné publiquement, et sanctionné le père Maciel, fondateur des Légionnaires du Christ. Cette affirmation, fruit d’une monumentale désinformation, est cependant contredite par les faits. Le cardinal Ratzinger a toujours protégé le père Maciel et a géré le « cas Maciel » sans prêter le moindre intérêt pour les victimes, qu’il a d’ailleurs refusé de rencontrer. Pour en savoir plus, nous vous invitons à écouter la conférence qu’un ancien légionnaire du Christ, Xavier Léger, a donné au congrès de l’ICSA en 2015.

Voir en ligne : http://www.lepoint.fr/societe/pedop…

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