Obligée de travailler 18 heures par jour, sans salaire, et privée de toute liberté. C’est le calvaire qu’a vécu Myriam (prénom d’emprunt). Cette jeune femme est arrivée d’Afrique en 2001 pour intégrer la communauté des Travailleuses Missionnaires, une organisation internationale qui gère la chaîne de restaurants l’Eau Vive.
Elle pensait devenir religieuse
Elle pensait devenir religieuse, elle a, en fait, été exploitée pendant neuf ans. Elle a réussi à s’échapper et aujourd’hui elle a porté plainte. Cette affaire d’esclavage moderne s’est notamment déroulée à Lisieux, dans le Calvados.
En courant
Myriam n’oubliera jamais ce matin de 2011 où elle a prétendu avoir mal à la tête pour ne pas aller à la messe avec les autres, et sans réfléchir, elle n’avait que son passeport en poche, elle s’est enfuie en courant. Depuis neuf ans, elle travaillait sans relâche, dans les restaurants et les foyers gérés par la communauté en France et en Europe, notamment celui de Lisieux où elle a passé deux ans.
Sous emprise
Pendant tout ce temps, elle a espéré devenir religieuse, c’est d’ailleurs sous ce prétexte que la communauté l’avait faite entrer illégalement en France. Myriam n’a aujourd’hui toujours pas de papier. Elle a entamé une procédure de régularisation et, grâce à une psychothérapie, elle a réussi à libérer sa parole pour livrer un témoignage qu’elle voudrait utile pour celles qui sont toujours sous l’emprise des Travailleuses Missionnaires.
« Je n’ai fait que travailler et obéir pendant neuf ans. »
Myriam : « Dans cette communauté, il y a une emprise très forte. On n’est pas nous-mêmes. » - interrogée par Nolwenn Le Jeune
Exploitation par le travail et réduction en esclavage
Mais le lent chemin vers la vraie vive passe aussi par une plainte, déposée le 17 mars dernier au commissariat de Caen pour exploitation par le travail et réduction en esclavage. Des crimes punis de 20 ans de réclusion. Il y aurait en France près de 200 jeunes femmes dans son cas.