En réponse au message :
Le père Bernard Peyrous démis de ses fonctions
Bonjour Agapé
Ce n’est pas le manque d’éducation scolaire en soi, ni la maladie en soi mais le cumul de plusieurs situations d’enfermement et d’exclusion qui favorisent l’abus de faiblesse, l’instrumentalisation.
Et avec une grand-mère venant du même milieu agricole et encore moins scolarisée que Marthe, des élèves depuis plus de 10 ans, pour moitié venant de milieu populaire et une maladie chronique qui fut un temps invalidante, de quel mépris parlez-vous donc ?
J’avais oublié un autre facteur qui se surajoute au reste, c’est de vivre à proximité d’un sanctuaire religieux qui accueille depuis le 17e siècle des pèlerinages royalistes, nationalistes, et qui célèbre Marguerite Marie comme mystique et voyante, cette dernière adepte d’un comportement doloriste et d’auto-mutilation. On comprend que les manipulateurs lui ont suggéré qu’elle était la nouvelle Marguerite Marie et participait par ses souffrances et sa maladie (que Dieu avait pu lui envoyer pour la mettre à l’épreuve), à la dévotion du Sacré Cœur et permettrait le retour de la monarchie et par extension la sauvegarde de la France telle que les contre-révolutionnaires la souhaitaient (c’est d’ailleurs très perceptible dans le discours et les écrits de Bernard Peyrous, qu’il s’agisse des écrits, des vidéos sur Marthe, sur le sanctuaire, que ses écrits sur le renouveau catholique tel qu’il l’entend).
Sans les manifestations de visions mystiques, d’inédie et de stigmates liés à l’encéphalite, les religieux et idéologues contrerévolutionnaires se seraient-ils intéressés durablement à Marthe ? Je n’en suis personnellement pas sûre du tout. Se sont essentiellement ces symptômes qui sont longuement décrits (non comme pathologiques mais déclarés d’emblée mystiques) et servent à la présenter et à la promouvoir depuis les années 70 dans les cercles cathos identitaires, les communautés charismatiques et au-delà. C’est cette dimension qui est mise en avant. Les foyers de charité viennent bien après.
L’intégrisme a effectivement des caractéristiques particulières :
- exaltation du mysticisme
- exaltation du dolorisme et du martyr, pratique de l’auto-mutilation et de mortifications
- rejet du corps, de l’intimité
- défiance vis à vis de toute pensée individuelle et d’émancipation personnelle
– conviction de détenir la vérité, écrite souvent avec un grand V et la foi avec un grand F. - goût pour l’entre-soi, uniformité sociale
- virilité offensive, monde sans femmes, paternalisme, antiféminisme, soumission, mépris de soi.
- survalorisation de la doctrine catholique (dans une vision radicale et identitaire)
- esthétisme et romantisme
- désir de pureté / perfection alliée à une méfiance à l’égard des émotions et des sentiments
- manipulation affective et spirituelle
- fragmentation de la personnalité, clivages
- service de la tradition catholique ( principalement dans son décorum et certaines idéologies, généralement les plus mystiques et radicales)
- exigence implacable et autoritaire dans l’adoption des codes du groupe
- christianisme musculaire fondé sur la violence et la recherche de domination, le dépassement de soi physique, spirituel, le no-limites.
- abus multiples et répétés provoquant des situations de confusion, de dissociation, de dépersonnalisation, de dépression et des suicides chez les victimes cibles.
Concernant MD Philippe, il réunit tous les critères. Vous retrouvez ce type de profil chez tous les gourous et gourelles des communautés controversées. Ce qui me permet de parler d’intégrisme les concernant. Concernant les autres personnalités, c’est l’idéologie contre-révolutionnaire qui les unit entre eux, ainsi que leur proximité idéologique avec l’extrême droite.Et qu’on retrouve toujours aujourd’hui avec leurs héritiers. Bernard Peyrous ne fait pas exception.
Je me souviens avoir lu le petit livre de Guitton sur Marguerite Marie, avec ses vignettes illustrées, les envolées lyriques de la grandeur de la France par la monarchie, c’était quelque chose. Et vous retrouviez cela dans chaque biographie de saint dont il avait rédigé les textes.
Enfin, je n’ai à aucun moment prétendu avoir la foi avec un grand F, ni la vérité et encore moins avec un grand V. Je me méfie profondément d’ailleurs du mot vérité dans la mesure où je considère qu’il n’est que subjectivité et concentré de croyances, par définition subjectives elles aussi.
Je préfère m’appuyer sur la réalité, de faits, d’Histoire, de contexte économique, social et politique, religieux, psychologique, familial. Cela me paraît beaucoup plus rigoureux et pragmatique en terme d’approche.
Et si je suis heureuse d’avoir construit une vie épanouie, d’avoir pu surmonter un passé ultra violent familial, une maladie chronique invalidante, je n’en tire aucun orgueil ni personnel ni spirituel.
Se réfugier dans la religion pour supporter la maladie, la souffrance, je le comprends tout à fait et je ne le juge pas. Confronté à la maladie, au handicap, à une situation qui accule et fracasse, l’humain va trouver ses solutions personnelles pour échapper au désespoir et à l’anéantissement. Ca peut être l’art, la religion, la lecture, l’écriture…et des tas d’autres choses encore.
Ce que je dénonce, c’est l’instrumentalisation religieuse, mystique, faite autour de certaines personnes malades par un entourage non malade, manipulateur et abusif. C’est cela qui me choque et plus encore quand je vois les idéologies qui servent de support à cette instrumentalisation. Ca s’appelle un abus de faiblesse et même si ça a pris du temps à être défini dans le code pénal, les termes sont clairs et décrivent exactement ce que j’expliquais plus haut :
Si j’entends tout à fait votre colère que je dénonce les agissements de MD Philippe qui pour vous constitue une référence incontournable et un guide spirituel, malheureusement, cet homme a cumulé les comportements abusifs après avoir été lorsqu’il était enfant et jeune ado, abusé et manipulé par son oncle. Et ces comportements abusifs qu’il a intégrés positivement, puis à l’âge adulte reporté sur d’autres, continuent hélas de faire du dégât et des victimes.
Voir que pour d’autres personnalités qui ont gravité autour de Marthe, travaillent encore à sa médiatisation, on est dans les mêmes comportements à plusieurs niveaux, encore avec l’exemple de Bernard Peyrous tout récent, c’est comprendre un peu mieux le problème de l’abus et de la manipulation dans son ensemble.