En réponse au message :
Emprise spirituelle, abus de conscience
Exposé très clair et panorama terrible de ce qui peut se faire dans l’Eglise en termes d’abus psychologiques. Voir aussi son témoignage auprès de la Ciase en janvier 2020 sur ses motivations tant personnelles que professionnelles :
« Première motivation : étant donné les centaines de victimes que nous avons reçues, je considère que cela m’autorise à parler au nom des personnes que vous ne verrez jamais, que vous n’entendrez pas, mais qui pourtant sont bien présentes : les personnes qui après avoir été abusées se sont suicidées, sont en hôpital psychiatrique, sous tutelle ou curatelle, ou encore celles auxquelles on a retiré la garde de leurs enfants ou encore qui, faute de moyens, n’ont pas pu s’offrir les services d’un très bon avocat et ont été renvoyées au néant. Je parle également pour soutenir ceux de mes patients qui ont parlé depuis des années et n’ont pas été entendus, et en particulier dans certaines communautés. Ils étaient détruits quand ils essayaient de dire et de faire évoluer les choses en interne, puis diffamés lorsqu’ils quittaient ces communautés ; j’évoque là essentiellement les abus spirituels mais pas uniquement.
Deuxième motivation : à un moment, j’ai cru que je mourrais sans avoir vu la société et l’Église, en particulier, s’ouvrir à la prise en compte de ces drames (drames humains, drames spirituels), qui concernent des victimes mais qui, à chaque fois, touchent des familles entières, et ce malgré toutes les actions d’alerte qui avaient été menées ; et je ne peux que me réjouir infiniment que cette chape de plomb totalement mortifère laisse enfin passer un peu la lumière de la vérité et de pouvoir y participer. »
Elle raconte aussi la manière dont elle a été parfois reçue des évêques :
M. le Président Jean-Marc Sauvé. De quelle manière êtes-vous accueillie dans les communautés religieuses ?
Dr Isabelle Chartier-Siben. Avec des humiliations majeures de la part d’évêques, et ce pendant des années et alors même que l’on préparait très sérieusement les dossiers et que je pensais qu’ils souhaitaient entendre et savoir. Je dirais qu’ils ne m’ont pas écoutée, pour être polie. L’un d’eux m’a même poussée dans l’escalier, un autre m’a dit qu’il m’avait « écoutée », lorsque je lui ai demandé ce qu’il avait fait de ce que je lui avais dit. En revanche, depuis des années, certains évêques ont fait beaucoup pour éviter la répétition de ces abus, notamment pour faire respecter les jugements canoniques. Les religieux ont été plus ouverts et nous ont aidés.
Chapeau à cette dame pour son travail et son courage !