En réponse au message :
Céline Hoyeau face à la « trahison des pères » des nouvelles communautés
Personnellement, je partage pleinement les réserves d’Anthony Favier. Si comme lui, je pense que ce livre est un début d’analyse et un bon résumé global des différentes dérives communautaire, il constitue aussi un masquage assez habile, comme une espèce d’excuse du système clérical catholique romain qui en réalité, a été et est toujours partenaire depuis P6/JP2 et a misé complètement sur ces communautés dérivantes sectaires pour détruire les avancées conciliaires et aussi pour faire perdurer le système institutionnel sur un pied matériel équivalent malgré une défection grandissante des vocations sacerdotales.
La responsabilité vaticane de toutes ces mises en orbite est donc majeure à plus d’un titre :
- L’institution profite financièrement (au moins en ce qui concerne les hauts-clercs) et idéologiquement de ces communautés pour tenter de se maintenir à flots au plan politique, diplomatique, financier, vocationnel. Peu lui chaut qu’il y ait des dérives criminelles du moment que les affaires continuent.
- Cette orientation a été décidée sciemment par JP2 et son équipe pour en finir avec le Concile Vatican 2 et réimposer un catholicisme totalitaire à l’ancienne, évacuant les avancées démocratiques laïques dans la gestion pastorale, synodale de l’Action Catholique. En s’appuyant sur des structures qui font en partie illusion tout en étant sûre que le résultat et le fonctionnement restent identitaires et ultraconservateur.
- L’institution (hauts-clercs là encore et pas que réactionnaires) a accepté la corruption des gourous de ces sectes et le secret du St Office pour masquer crimes et délits. (l’exemple de Maciel payant des voitures de luxe à certains cardinaux est assez emblématique).
- L’institution a confié de plus en plus de responsabilités y compris au sein du Vatican à différentes communautés dérivantes sectaires et d’abord pour tout ce qui concerne l’IOR, sa banque. Et utilise régulièrement les services des différentes communautés, en surplus de la milice opusienne et de différentes mafias.
Aujourd’hui ces sectes ont tellement de poids au plan institutionnel et financier qu’il est totalement impossible à l’institution ni de les juger, ni de s’en passer. Il est donc totalement vain d’espérer une quelconque réforme institutionnelle. Mais toujours plus d’emprise de ces sectes au sein de l’institution.
Il y a effectivement une haute trahison des gourous et de l’institution vis à vis des croyants, mais y a-t-il réellement trahison des gourous d’avec l’institution ? Non, car il y a eu une volonté politique de les imposer à la population des croyants à des fins de contrôle, de domination et de rétablissement autoritaire également. Et l’entente a été relayée par nombre d’intermédiaires.
Au final, gourous comme institution devraient pouvoir répondre au pénal de leur entente à des fins de contrôle, de domination et d’exploitation également des croyants engagés dans ces communautés dérivantes sectaires.
Mais est-ce que les victimes seraient prêtes à cela ? Non. Pas toutes. Et c’est bien sur cette peur d’engager la responsabilité pénale institutionnelle que jouent à la fois ces sectes et l’institution depuis toujours. En comptant sur la révérence de beaucoup au système institutionnel, même si exploités jusqu’au trognon par sectes et institution. En s’aidant aussi de ce livre qui charge uniquement les sectes en terme de responsabilité, mais défend l’institution comme si elle était ignorante de tout ça.
Est-ce étonnant ? Non. Car n’oublions pas que le livre est produit par l’institution elle-même, puisque édité par la Croix, donc par les Assomptionnistes qui font partie de l’institution. C’est un peu comme si Céline Hoyeau travaillait pour les éditions du Vatican. Avant que l’institution reconnaisse sa part de responsabilité, les poules auront des dents.
Regardez comment l’institution essaie de s’en tirer avec des messes de repentance vis à vis de tortures, d’exploitation et de traites durant plus d’un siècle dans les couvents-prisons ? Ce type de comportement devrait éclairer je pense, la façon dont procède toujours l’institution face à ses responsabilités lourdes et pénales.
Est-ce que d’autres travaux universitaires feront date et poids ? Certainement pour nous laïcs. Mais l’institution en fera simplement boulette de papier avant de jeter le tout à la poubelle pour continuer sur le même régime, sans aucune remise en cause ni en question.
Jésus crie mais la caravane passe, pourrait être le slogan institutionnel.
C’est pourquoi je le crains, tant qu’il n’y aura pas un jugement pénal international, rien ne changera. Ni pour ces sectes, ni pour l’institution. Le comportement criminel et dérivant sectaire ne fera qu’augmenter. Le nombre de victimes aussi. Les livres de témoignages se tasseront puisqu’ils ne serviront à rien vu la permanence criminelle et sectaire.
Et le même mouvement se poursuivra jusqu’à l’implosion complète du système institutionnel. Ramené à une simple association de malfaiteurs et d’escrocs patentés. Et de secte. Car où se trouve le message christique dans de tels comportements ? Nulle part.