Les légionnaires tentent de nettoyer leur image

Lundi 9 décembre 2013

La lettre du père Sylvester Heerman, relatifs aux abus sexuels commis par des membres de la congrégation contient de nombreuses imprécisions, ainsi que quelques mensonges. Décryptage. Article original en espagnol sur le site Veritas liberavit vos.

1. Prendre conscience de la gravité de l’abus sexuel et de la souffrance des victimes

« Leur voix nous a poussés à chercher la vérité sur ce qui était arrivé »

 Faux : Rappelons tout d’abord que le délégué pontifical, Velasio de Paolis, a déclaré qu’il n’allait pas continuer l’enquête par crainte « d’avoir à payer pour les pécheurs » ; Ensuite, le père Heereman a affirmé que le gouvernement général n’était pas missionné pour faire des histoires, et donc, pas question de faire d’autres enquêtes. Enfin, des accusations ont effectivement été portées, mais celles-ci ont été systématiquement rejetées. En règle général, on envoie le père Raymond Cosgrave pour laver le linge sale. On peut même affirmer que ce n’est que lorsque les médias se sont emparés de ces accusations que les supérieurs légionnaires ont commencé à agir.

« afin d’aider les personnes affectées »

 Si la Légion a aidé certaines personnes affectées, il faut cependant ajouter que la magnanimité de la Légion a ses limites : celle-ci se contente d’offrir un soutien aux personnes affectées dans les affaires qui ont fait du bruit dans les médias. Les autres personnes affectées, notamment les anciens légionnaires, peuvent espérer recevoir de la Légion un maximum de 7’000 euros. Mais attention, il ne s’agit pas d’un acte de justice, mais de charité, car selon une déclaration officielle du délégué pontifical « la Légion n’a aucune obligation envers les anciens légionnaires ».

2. Actions entreprises par les autorités de la congrégation

« Le gouvernement général de la Légion a poussé à ce qu’en tout lieu où nous sommes présents, nous mettions tous les moyens en œuvre pour protéger l’intégrité des mineurs confiés à notre attention pastorale ».

 Mais il n’est fait aucune mention du soin à porter aux membres de la congrégation, sachant qu’un grand nombre d’accusations concernent des abus commis à l’intérieur de la Légion.

« répondre avec rapidité et professionnalisme à toute plainte »

 Professionnalisme ? C’est sans doute pour cette raison que la Légion ne s’intéresse aux accusations qu’à partir du moment où la presse s’empare du sujet ! L’affaire du père Guillermo Izquierdo en est une bien triste illustration.

« Les abus contre mineurs commis par le P. Marcial Maciel ont été instruits par la Congrégation de la Doctrine de la Foi qui lui a imposé les sanctions canoniques correspondantes en 2006 »

 Faux : Le fondateur pédophile n’a jamais reçu la moindre sanction canonique. Faut-il rappeler que l’un de ses plus loyal complices, le cardinal Angelo Sodano, a affirmé dans un communiqué, à travers la Secrétairerie d’État du Saint Siège « qu’il n’y a ni n’y aura aucune procédure canonique à l’encontre du père Maciel » ?

En 2011, une « commission de rapprochement » a été établie, mais la méthodologie adoptée est bien éloignée du message de l’Évangile, puisqu’il a été décidé que c’était aux personnes affectées de faire les démarches nécessaires pour obtenir les excuses de la Légion, et non à la Légion d’aller à leur rencontre. Une telle commission s’inscrit dans la ligne du Délégué Pontifical, qui reste assis sur son fauteuil, et attends qu’on vienne à lui.

« Quelques personnes (…) qui ont été victimes du P. Maciel n’ont pas souhaité entrer en contact avec la Commission de recours. »

 MENSONGE. A travers différents témoignages et lettres, rendus publiques sur quelques sites internet, nous savons que la commission de rapprochement n’a jamais fait la moindre démarche pour rechercher ces victimes !

Exemple d’une réponse légionnaire dans une affaire d’abus sexuels : le père Luis Garza Medina, actuel directeur territorial en Amérique du Nord (Il a toujours été au pouvoir) a reconnu que le père Guillermo Izquierdo était coupable d’abus sexuels. Mais son prédecesseur, le père Jacobo Munoz, bien qu’il ne l’ait pas reconnu innocent, avait indiqué que les accusations n’étaient pas recevables, car contradictoires. Le père Raymond Cosgrave était celui qui s’était occupé de l’enquête.

3. Résumé du diagnostic sur la réponse aux plaintes

« Au total, la congrégation a reçu des plaintes contre trente-cinq prêtres ».

 Cette information est extrêmement importante, parce qu’elle ne tient compte QUE DES PLAINTES qui ont été déposées, et non de tous les autres cas pour lesquels il n’y a pas eu de plaintes, mais qui sont cependant connus par les supérieurs de la Légion. En cela, la Légion a toujours agi avec un hermétisme absolu. Elle commence toujours par déplacer le religieux impliqué avant de contacter les familles pour trouver un arrangement à l’amiable avec elles. On a des exemples de cela à Cancun, à Mexico, à São Paulo, à Méry-sur-Marne, à Santiago… La Légion fait tout ce qu’elle peut pour éviter que des plaintes soient déposées. Le nombre de pédophiles doit donc être beaucoup plus important !

« dix prêtres ont été innocentés après l’instruction faite selon l’article 1717 du Code de droit canonique »

 Ils ont été innocentés… Et pourrait-on savoir par qui ? Qui a réalisé l’enquête ? Si le canon 1717 §2 du CDC nous enjoint effectivement de protéger la réputation de celui qui est accusé, il ne stipule pas que l’identité des enquêteurs doive rester secrète. Or, si ce fameux « enquêteur » s’avère être le père Cosgrave… nous connaissons hélas que trop bien ses méthodes qui consistent essentiellement à limiter les dégâts et à préserver la réputation de la Légion. On en a une preuve éclatante de cela dans cette lettre écrite par l’ancien directeur territorial d’Amérique du Nord, le père Jacobo Munoz, qui va jusqu’à déclarer que l’enquête canonique est close.

« Neuf prêtres ont été trouvés coupables et sanctionnés selon le droit canonique »

 Et quid de la justice civile ? Dans quels pays ces abus ont eu lieu ? A quelle époque ? Mettons que chacun de ces prédateurs ait abusé de 15 mineurs, nous parlons alors de 135 victimes. Dans tous les pays où les légionnaires sont installés, l’abus sexuel est un délit. Mais la Légion se considère-t-elle au dessus de la loi, comme osait le déclarer Maciel ?

« Il y a deux autres prêtres qui ont été accusés dont, après l’instruction, on n’a pas trouvé de motif pour douter de la véracité des faits. »

 En d’autres termes : ils ont été reconnus coupables.

« des mesures pertinentes ont été adoptées pour chaque cas »

 Quelles sont ces mesures ? On les a convoqué à Rome, on les a grondé et on les a envoyé passer des vacances à Jérusalem, et c’est tout ?

« je peux assurer que nous avons mis les moyens à notre disposition pour qu’aucun membre de la congrégation dont nous savons qu’il aurait commis un délit d’abus sexuel puisse avoir un contact ministériel avec des mineurs. »

 Ceci est inexact. En effet, il y a, dans les territoires de mission de Cancun, des légionnaires qui ont commis des abus sexuels sans recevoir d’accusations. Ceux là peuvent encore avoir des contacts avec des mineurs. Rappelons que les légionnaires se sont toujours servis de ces territoires de mission comme d’un débarras.

Le père Heereman affirme que les plaintes sont étudiées, mais il ne fait aucune mention des affaires signalées par des supérieurs de communauté, en particulier dans les petits séminaires.

4. Les principes qui nous guident dans la lutte contre les abus de mineurs

« La prévention et la réponse à des plaintes sont la responsabilité des autorités des provinces »

 Cependant, nous savons que la Légion du Christ possède un gouvernement centralisé et que les supérieurs locaux, qui pourraient, en théorie, faire quelque chose, dans les faits, ne font jamais rien sans l’aval de la direction générale. C’est l’un des aspects structurels que la Légion a hérité de son fondateur pédophile.

Un exemple de cette centralisation se trouve dans le code de conduite, soi-disant « promulgué dans chaque territoire », mais en réalité élaboré de façon centralisée. Ainsi, l’affirmation suivante est fausse : « Cette responsabilité des provinciaux inclut la promulgation et l’actualisation de codes de conduite pour les légionnaires du Christ ».

« La guérison des victimes (connues ou pas) constituent notre priorité. »

 Un exemple qui montre le cynisme de cette déclaration mensongère se trouve dans le groupe des « 8 Magnifiques » (les huit premières victimes de Maciel a avoir osé rompre l’omerta). Mais on pourrait évoquer d’autres cas, comme celui des apostoliques de Sao Paulo.

« Actions quand quelqu’un est coupable d’abus contre mineurs ». « Si l’agresseur est un prêtre, en plus de se soumettre aux sanctions que l’autorité civile ou ecclésiale lui impose (…) »

 Ici, le père Heereman ment ! Le père Raoul LeBlanc n’a-t-il pas échappé à tout jugement ? La Légion ne l’a-t-elle pas fait sortir du Mexique dans la plus grande discrétion ?

« (…) s’il n’est pas réduit à l’état laïc, il ne pourra avoir aucun accès ministériel avec des mineurs et, selon les cas, aucun exercice public du ministère sacerdotal. »

 Encore une fois, le père Heereman ment. Il y a des cas de légionnaires qui ont été envoyés dans les territoires de missions, et qui exercent leur ministère en paroisse, où il peuvent bien évidemment être en contact avec des mineurs.

5. Recommandations pour une réponse chrétienne au phénomène des abus

Viennent ensuite quelques phrases épiques :

« Ce sont les victimes qui doivent être au centre de notre attention ».

 Pur cynisme macielique ! N’importe quelle personne dotée d’un peu d’esprit critique sait que la seule chose qui compte pour la Légion, c’est elle-même, et ses intérêts personnels.

Ou encore la phrase suivante :

« Sur le chemin du discernement vocationnel (…) ».

 Puisque tout le monde connait les techniques musclées de recrutement utilisées par les légionnaires, est-il nécessaire de donner des exemples, comme celui de Thomas Williams, lequel n’a vraisemblablement jamais reçu la moindre vocation religieuse ou sacerdotale ?

Encore une autre phrase qui vaut son pesant d’or :

« Disponibilité pour écouter et répondre à ceux qui ont souffert d’un abus ».

 Il est de notoriété publique que la Légion n’agit jamais agit que sous la pression des médias.

Personne ne peut garder le silence face aux abus sexuels

« si quelqu’un observe des comportements imprudents ou des transgressions, ou bien a connaissance en dehors de la confession d’abus sexuels contre des mineurs, nous lui demandons de ne pas garder le silence »…

 Si les légionnaires ont effectivement une telle volonté de transparence, nous demandons que soit créée une commission présidée par un évêque éloignée de la Légion, et aux cadeaux de Maciel (nous suggérons Mgr Ezzatti). Telle commission devra être composée par deux psychologues, deux canonistes, un avocat spécialisé en Droit pénal, un ancien légionnaire, un légionnaire, et quelques victimes d’abus sexuels provenant de différents pays. Cette commission sera chargée d’examiner et de suivre les dossiers. Un certain nombre de personnes accusent les supérieurs de la Légion d’avoir informé sur des cas d’abus, dans lesquels la Légion du Christ n’aurait agit que pour limiter les dégâts, et non sous les critères de transparence, de justice et de charité chrétienne. A cela, il faudrait ajouter les voix de tous ceux qui ont eu le sentiment d’être violé dans leur conscience, ce qui est une autre forme d’abus.

Quant à cette ultime phrase, du plus pur style macielique :

« reconnaître avec gratitude envers Dieu, notre Seigneur, le don qu’il a fait à la Légion du Christ en lui envoyant un groupe nombreux de prêtres et de frères en formation ».

 Dans la langue des légionnaires, les mécanismes d’embrigadement sont des « dons du seigneur ».

Voir en ligne : http://liberabitveritas.blogspot.it…

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