Les Sœurs (contemplatives) de Saint-Jean et la dissidence de 2009
Nous faisons ici un rappel chronologique de l’histoire tumultueuse de la branche contemplative et du groupe dissident surgi à la faveur de la crise de 2009 (les « Sœurs de Maria Stella Matutina »), en nous appuyant sur le témoignage d’une ancienne sœur [1] :
1.3.1 L’âge d’or
1975 : Autour des premiers étudiants réunis autour du père M-D Philippe à Fribourg, gravitent également des jeunes femmes, aspirant pour certaines à une vie religieuse, ainsi qu’Alix Parmentier, une ancienne carmélite devenue l’assistante du père Philippe. Voici le noyau qui allait bientôt devenir les « Sœurs de Saint-Jean ». Un dérèglement moral et sexuel règne très vite dans cet embryon de famille religieuse. Les jeunes gens tombent dans le piège du père Philippe et de son « amour d’amitié », Alix jouant également en la matière un rôle d’initiatrice.
1982 : Alix et les deux premières sœurs reçoivent l’habit, des mains du père Philippe, à Châteauneuf de Galaure, dans la chambre de la mystique Marthe Robin. Sœur Alix, qui avait vécu plusieurs années au carmel, prononce sur le champ des vœux perpétuels, et se voit confier la direction de la communauté féminine naissante. Déjà, la première génération de sœurs cache son mal-être profond (troubles anorexiques, tentatives de suicides, etc.) derrière d’éclatants sourires et de belles liturgies.
1994 : la communauté est reconnue comme congrégation de droit diocésain, sous la dépendance de l’archevêque de Lyon, Mgr Decourtray à l’époque. On entre assurément dans l’âge d’or des Sœurs de Saint-Jean. Louise Hubac, alias Sœur Marthe, est depuis quelques années à son poste de maîtresse des novices. Elle se lance bientôt dans l’enseignement « entre sœurs », en leur remâchant les cours du « père ». Elle imprime sa marque sur la communauté, avec son indéniable charisme, pour le meilleur… et pour le pire. Quoi qu’il en soit, l’effet vitrine fonctionne toujours parfaitement : les recrues, d’abord arrivées au compte-goutte, sont de plus en plus nombreuses et affluent par dizaines, de tous les continents.
En 2003, cela commence à « sentir le roussi ». Peu de temps après son installation à Lyon, le cardinal Barbarin décide d’“accompagner” la communauté. Il nomme comme « assistant » des Sœurs, l’évêque émérite de Périgueux, Mgr Poulain, tandis que Mgr Joseph Madec (évêque émérite de Fréjus-Toulon) hérite d’une mission parallèle auprès des frères. Leur mandat officiel (en tout cas, tel que cela est présenté à l’interne) consiste à aider les religieux/ses dans leur croissance, dans une période d’extraordinaire expansion numérique et géographique. Dans les faits, la nomination de l’assistant est motivée par de sérieuses préoccupations sur les dysfonctionnements de la communauté, tant chez les frères que chez les sœurs.
Cependant, ledit assistant passe totalement à côté de sa mission. Pour preuve, dans un communiqué du 11 octobre 2004, Mgr Poulain et son acolyte répondent aux assauts médiatiques contre les religieux/ses, et prennent farouchement leur défense :
Monseigneur Madec et Monseigneur Poulain, chargés de veiller sur la croissance des communautés des frères et des sœurs de Saint-Jean, réagissent. Face aux accusations lancées par l’AVREF (Association Vie religieuse et Famille), ils se portent garants de ce que vivent ces communautés et récusent à leur propos toute qualification de secte et de dérives sectaires. Il faut rappeler que ces communautés sont au service de plus de 20 diocèses en France, dans certains cas depuis plus de 20 ans. (…) [Elles] vivent selon les règles établies par l’église et ne peuvent d’aucune façon être accusées d’être des sectes. Nous ne pouvons admettre qu’on fasse peser sur elles un tel soupçon et qu’on ternisse ainsi l’image de jeunes religieuses et religieux qui, avec leurs richesses et leurs fragilités, donnent généreusement leur vie pour l’amour du Christ et des hommes.
[2]
Mgr Barbarin, cependant, n’est guère convaincu par cet angélisme. Et pour cause. Il collectionne les preuves de dérives graves au sein de la communauté, non seulement parce que les supérieures lui désobéissent frontalement depuis des années (notamment en poursuivant l’expansion de la communauté), mais aussi parce que différents témoignages documentent toujours plus ce dossier. Il décide donc de poursuivre l’enquête, et nomme deux nouvelles assistantes, des abbesses bénédictines (Mère Luc Congar, et Mère Marie-Joseph Roduit). Et il augmente la pression : visite canonique au noviciat, « lettre pastorale » adressée à toutes les professes perpétuelles pour questionner l’évolution de la communauté… Ce processus d’accompagnement, néanmoins, se déroule sans que la très grande majorité des sœurs ne puisse soupçonner ce qui se trame en coulisses. Le langage très mesuré du cardinal ne saurait les alerter de la gravité des problèmes. Et en clôture, l’omerta est reine.
6 juin 2009 : Coup de théâtre, Mgr Barbarin débarque à la maison-mère, « vire » sœur Alix, sœur Marthe, et tous les membres du gouvernement, tout en imposant une nouvelle prieure générale en la personne de sœur Johanna. Cela est vécu par les sœurs comme un véritable tsunami. Et pourtant, cela faisait six années déjà que l’archevêque de Lyon se préparait, mine de rien, à reprendre le contrôle de la communauté en vue d’un assainissement radical.
Alors, que reprochait exactement Mgr Barbarin à cette communauté ?
1.3.2 Dérives communautaires et flou institutionnel
Eh bien, ce n’est pas l’église qui le dira, car « le cardinal Barbarin comme ses successeurs ont choisi de rester très discrets sur les motifs du changement de gouvernement », et ce, « par respect pour les personnes » (La Croix, article du 27 mai 2013). « Respect et miséricorde », voilà déjà la réponse donnée aux sœurs, lorsque, en pleine crise de l’été 2009, totalement sous emprise et donc déboussolées devant les sanctions, elles avaient mendié au cardinal des explications. Il avait tout simplement refusé de s’exprimer, en invoquant ce prétexte hautement spirituel. Décidément, la miséricorde due aux coupables semblait devoir prévaloir sur la nécessité d’éclairer les victimes. L’autorité ecclésiale, en se taisant, allait plonger les sœurs dans un sentiment d’arbitraire et d’injustice, et contribuer ainsi au schisme de la communauté.
En fait, la gestion de cette affaire allait toujours être entourée de silence ou d’euphémismes. Avec Mgr Bonfils, puis Mgr Brincard, nommés successivement par le Saint-Père pour gouverner la communauté, il a fallu encore et encore se contenter de formules édulcorées, distillées dans le bulletin des Amis de Saint-Jean et des courriers internes : « système clos de pensée », « attachement désordonné à l’un ou l’autre », « séduction affective » [3], « comportement peu religieux de certaines sœurs » [4], là où, en appelant chat un chat, et en remontant aux racines du mal, il aurait fallu parler de harponnage, de dépersonnalisation, d’asservissement de l’intelligence, d’infantilisation, de suicides, d’exercice illégal de la médecine, de recours outrancier aux exorcismes, de rébellion à l’égard de l’institution, d’emprise affective et sensuelle, d’abus sexuels.
En plus de ce flou criminel, on peut adresser trois reproches à l’institution :
Premièrement, pourquoi avoir attendu des années (27 ans tout de même !) pour réagir aux dysfonctionnements de cette communauté ? Les dérives étaient nombreuses et repérables, au moins en partie ; elles étaient aussi décrites dans des rapports détaillés, remis à Rome par d’anciennes sœurs, et ce dès les années 90 :
- Une concentration des pouvoirs, inconcevable même du point de vue canonique, dans les mains de la très charismatique sœur Marthe ;
- Une formation exclusive, avec des cours écoutés en boucle jusqu’à l’obsession, formatant les esprits, diabolisant les objections, piétinant tout « vécu » personnel au nom d’un “pseudo- réalisme” ;
- Des signes répétés de mal-être physique et psychique chez un certain nombre de sœurs (anorexie, dépressions, insomnies, suicides ou tentatives « ratées ») ;
- Des abus sexuels commis par le père fondateur, et par sœur Alix sur des frères, et par des frères sur des sœurs.
Mais rien de cela n’a semblé mériter, pendant des années, une attention particulière de la part des archevêques de Lyon, pourtant alertés par l’AVREF, notamment. Coupable insouciance. Entre temps, ce sont des centaines de jeunes femmes qui ont été happées par la communauté, sans avoir été averties du danger qui les guettait.
Deuxièmement, lorsqu’elle a sévi, l’institution n’a que très peu, ou très mal, communiqué sur le pourquoi des sanctions. Les non-dits ont nourri chez la majorité des sœurs la théorie d’un complot, et parmi leurs oblats et familles un pur déni, dont la plupart ne sont toujours pas sortis.
Troisièmement, après avoir agi, l’institution a fait machine arrière à plusieurs reprises. Revenons sur les étapes de la dissidence.
1.3.3 De la dissidence à la fondation des « Sœurs de Maria Stella Matutina »
Été 2009 : une minorité de sœurs se soumet à l’Église, et embrasse les réformes demandées par le cardinal Barbarin et le Vatican. Ce groupe minoritaire, qui perdure toujours sous le vocable des « Sœurs de Saint-Jean », entreprend un redressement aussi douloureux que courageux.
Mais pendant ce temps, sœur Marthe défie l’institution et crée un gouvernement parallèle, entrainant derrière elle la plupart des religieuses. Ces dissidentes, criant à la persécution, défendent becs et ongles la « pureté » de leur charisme, glanant tous les appuis possibles, parmi les frères, les évêques et la curie romaine. Sœur Alix, sœur Marthe, sœur Agnès Marie et sœur Isabelle sont finalement exilées dans des monastères extérieurs à la communauté, avec une obligation de silence. Mais cela n’y change rien : sœur Marthe, en particulier, n’est pas du genre à renoncer à son influence. Peu importe les injonctions du cardinal. Elle pilotera ses troupes, vaille que vaille.
Fin 2009 - Début 2010 : les dissidentes partent massivement au Mexique, dans un acte flagrant de désobéissance et à grands frais de billets d’avion et de visas (quelques legs et héritages seront engloutis au passage). Un bon « ami du père », Mgr Raùl Vera Lopez, dominicain et évêque de Saltillo, leur a offert sa protection. L’institution réagit in extremis pour stopper la manœuvre. Les dissidentes n’ont d’autre choix que d’attendre la prochaine opportunité.
Juin 2012 : un autre évêque, celui de Cordoue en Espagne, se range du côté de sœur Marthe et de ses troupes. Mgr Henri Brincard présentera ainsi l’évènement : « Depuis plusieurs mois, dans le plus grand secret et à l’insu du Délégué pontifical, certaines sœurs préparaient une scission. » [5] Le Substitut du pape, Mgr Angelo Becciu, évoquera [6] pour sa part « d’innombrables démarches (…) entreprises et des pressions diverses (…) exercées pour contourner la volonté du Saint-Père ». Mais du côté des dissidentes, on annonce [7]triomphalement la naissance des « Sœurs de Saint-Jean et de Saint-Dominique ». Cette nouvelle communauté est « pour l’instant érigée en une Association publique de fidèles avec des droits propres et en pleine communion avec l’Église catholique, avec le Pape et avec le Saint-Siège ». Son charisme s’affiche sans complexe : « Vivre pleinement de l’esprit de Saint-Jean, du père Marie-Dominique Philippe et de Sœur Alix », le tout avec la bénédiction de l’institution, et « sous l’autorité bienveillante et paternelle de l’évêque du lieu ». Voilà donc une réintégration en bonne et due forme dans le giron de l’église universelle.
Janvier 2013 : revirement spectaculaire, une lettre signée du Cardinal Bertone, Secrétaire d’État au Vatican, énonce un implacable jugement :
Le Souverain Pontife Benoit XVI, lors de l’Audience qu’il m’a accordée aujourd’hui, a disposé ce qui suit : l’Association publique de fidèles dénommées Sœurs de Saint-Jean et de Saint-Dominique, érigée le 29 juin 2012 dans le diocèse de Cordoue, étant donné qu’elle a gravement porté atteinte à la discipline ecclésiastique, est supprimée avec effet immédiat et sans possibilité qu’elle soit reconstituée sous une autre forme, aussi bien dans le diocèse de Cordoue que dans un autre diocèse.
Cent-cinquante sœurs sont brutalement réduites à l’état laïc. Certaines se placent sous la protection officieuse d’évêques qui les prennent en pitié, et se contentent d’abandonner la bure pour une simple jupe, dans l’espérance de voir advenir des jours meilleurs. D’autres affrontent une situation dramatique de réinsertion dans la vie civile. Aucune n’est éclairée par l’institution sur les raisons profondes de leur disgrâce.
1er Juillet 2014 : dernier épisode en date de cette histoire abracadabrante, le Vatican, pris de vitesse par un évêque décidé à accueillir le groupe sectaire, fait mine de présider à sa réhabilitation officielle. Mgr Brincard [8] en fait l’annonce en ces termes : les sœurs dissidentes [9]. Mais deux conditions sont posées :
- L’association ne pourra faire « d’une quelconque manière, référence au P. Marie-Dominique Philippe », sans avoir obtenu au préalable la permission de la Congrégation pour les instituts de vie consacrée, « compte tenu du fait que les contenus de ce charisme sont actuellement objets de discernement ».
- « Les personnes que le Saint Siège a déjà en son temps éloignées des charges de gouvernement [c’est-à-dire Sœur Alix, Sœur Marthe, Sœur Isabelle et Sœur Agnès-Marie] (sont) complètement exclues de la vie religieuse. »
Dans un article du journal La Croix, le 3 juillet 2014 [10], « une source proche du dossier » admet que « le pape a sans doute voulu donner sa chance au nouvel institut, mais qu’il ne s’agira pas de créer un duplicata de la congrégation des Sœurs contemplatives de Saint-Jean ».
Le Vatican s’imaginait-il donc que cette « nouvelle chance » accordée aux sœurs serait pour elles l’occasion d’une réforme ?
1.3.4 Les Stella Matutina et leurs vieux démons
Faut-il s’en étonner, les Sœurs de Maria Stella Matutina, menées par des leaders férues dans l’art de la désobéissance, n’ont jamais accepté les règles du jeu édictées par Rome. D’ailleurs, comment croire que quelque 250 jeunes femmes sous emprise pourraient se défaire de personnalités perverses devenues depuis longtemps leur seul repère ? Exclues de la vie religieuse ? Les supérieures visées n’en ont eu cure. Ni « sœur Alix » (qui, en février 2016, sera enterrée en grande pompe par le Primat d’Espagne « dans son couvent », à Almonecida de Toledo), ni « sœur » Marthe, ni « sœur Isabelle, ni sœur Agnès Marie », n’ont pris acte de leur condamnation. Les trois dernières portent encore aujourd’hui l’habit de « leur » communauté, vivent en son sein, et continuent à en tirer les ficelles, à la barbe de nombreux clercs.
Sœur Marthe reste la tête du groupe, le pilier incontournable. Elle poursuit, avec un zèle sans scrupules, la mission qui est la sienne depuis plus de vingt ans. D’un pays à l’autre, elle visite les prieurés pour former les sœurs à la « recherche de la vérité », présider au recrutement et aux engagements des jeunes recrues, épauler (c’est-à-dire téléguider) les supérieures, accompagner chacune avec sa grâce de « sœur ainée ». A noter que ce profil de globe-trotter lui permet, non seulement de garder efficacement la main sur l’ensemble du groupe, mais aussi d’être moins repérable. Mais au fond, qu’aurait-elle à craindre ? Elle bénéficie de la protection de l’évêque de San Sebastian, et face à lui Rome clame son impuissance.
Quant à Isabelle, son rôle est la réplique de celui qu’elle jouait à l’époque chez les Sœurs de Saint-Jean, dans le prieuré de Cenves : elle dirige une maison de formation théologique pour des professes. Au programme : la Somme de Saint Thomas, bien sûr commentée par le père Philippe. C’est dans le diocèse de Parme, au cœur de la paroisse de Fontanellato, que « sœur » Isabelle et ses apprenties théologiennes ont établi demeure. Peu importe si le titre de supérieure est assumé par une jeune sœur, pour sauver la façade, c’est bien Isabelle qui dirige son monde entre les murs du couvent. Sa présence, en soi illicite, n’échappe évidemment ni à l’évêque ni au curé de la paroisse, tous deux complices de cette imposture.
Et qui a dit que cette communauté ne serait pas un duplicata de la précédente ? Renoncer à se mettre à l’école « du père » et de ses « Trois sagesses » ? Impensable ! Comment envisager que les sœurs fassent le deuil de ce « charisme » ? Ce n’est pas l’ajout de quelques heures de cours dispensés par des intervenants diocésains qui doivent faire illusion. La formation n’a pas changé, le formatage intellectuel est strictement le même. On pourrait être tenté de croire que les sœurs sont du moins pénalisées par leur statut canonique. Après tout, elles sont reconnues comme une simple « association publique de fidèles en vue de devenir un institut religieux », ce qui correspond à une reconnaissance minimale. Ce statut les prive de la possibilité de prononcer des vœux publics. Mais, pour ces religieuses, convaincues d’être la perle précieuse de l’église et prêtes à endurer la persécution, une cérémonie privée n’a pas moins de poids. De toute façon, leur statut ne les empêche aucunement de mener leur vie monastique intégrale, ni de recruter, ni de solliciter des fonds [11] comme tout institut religieux le ferait. La précarité devient même un véritable atout lorsqu’elle dispense les supérieures d’un contrôle étroit de la part de l’institution. « Pauvres, mais libres », ainsi pourrait-on résumer la nouvelle condition des Stella Matutina.
Alors quoi de neuf sous le soleil de Bergara ?
Il faudrait, pour conclure, dissiper définitivement le mensonge qui entoure les Sœurs de Maria Stella Matutina. Cette communauté, bien qu’elle se présente comme un fruit récent de l’Esprit, une réponse à la Nouvelle Évangélisation promue par le pape François, n’a strictement rien de nouveau. Les Stella Matutina sont la copie conforme des Sœurs de Saint-Jean d’avant 2009. Non, cette communauté n’est pas un milieu renouvelé et assaini. Elle est vieille de son histoire et de ses travers, elle hérite des mauvais plis acquis dès l’époque fribourgeoise puis à Rimont et Saint-Jodard. Aucun des caractères sectaires et abusifs, mis en lumière au fil des années par de nombreux témoignages, n’a disparu. Ce groupe n’a pas renoncé à ses vices, car il ne les a jamais reconnus comme tels. L’attachement au père M-D Philippe, et à sœur Alix, dont elles nient toute déviance, reste intact. Quant à l’emprise psychologique et affective exercée par sœur Marthe, elle n’est que trop bien démontrée par la fidélité aveugle que lui vouent encore des centaines de religieuses.
Les Sœurs de Maria Stella Matutina, c’est aujourd’hui encore :
- Une violence psychologique qui subsiste malgré les « Je vais très bien, je suis très heureuse, je respire à pleins poumons » que les jeunes religieuses aiment faire entendre pour oublier l’étouffement de leur liberté. Un questionnement existentiel, une prise de conscience, un burn-out ? « Eh bien, ma sœur, je te prescris une petite séance d’exorcisme, ou quelques psychotropes, à moins que tu ne préfères te changer les idées pendant quelques mois en allant “servir les pauvres” » ?
- Une vision binaire du monde et de l’Église : les sœurs se voient comme le « petit reste », avec les quelques évêques et prêtres qui les soutiennent. Face à elles, une église qui les persécute, et des détracteurs qui font l’œuvre du démon. Au dehors, un monde déchu dans lequel nulle n’aurait intérêt à retomber : ce serait trahir la pureté de leur appel divin.
- Des religieuses coupées d’elles-mêmes, de leurs émotions, de leur jugement, des informations (y compris des lettres vaticanes) et aussi de leurs sœurs, de leurs familles (avec des relations biaisées, contrôlées en amont). Fait symptomatique, certaines fratries sont déchirées, car plusieurs ont des sœurs chez les contemplatives de Saint-Jean, devenues infréquentables depuis le schisme de 2009.