Voici quelques extraits de textes officiels de la congrégation, à propos des relations avec la famille :
63. Suivant les pas de Jésus Christ, qui – par amour pour la mission qu’Il a reçue du Père – a sublimé les affections familiales, le légionnaire vit sa consécration religieuse avec un sens de séparation de sa famille. Il exprime son amour authentique pour eux par ses prières et ses sacrifices, de telle façon que Dieu, notre Seigneur, puisse les aider dans leurs besoins matériels et spirituels. Le légionnaire offre à Dieu la joie de la fidélité à sa propre vocation, et il aide les membres de sa famille à ouvrir leur cœur à Jésus Christ et trouver dans la fidélité à la vocation personnelle de chacun le chemin pour construire le Règne de Dieu.
64. Le légionnaire fait en sorte de ne jamais compromettre la Légion ou ses supérieurs dans des situations dans lesquelles l’implication de sa propre famille n’est pas en harmonie avec la discipline de sa propre vie religieuse. Pour cela, il vit selon toutes les normes et habitudes de la Légion avec conviction et les présente à sa famille avec décision et prudence, faisant tout ce qui est nécessaire pour que ces derniers les acceptent dans la lumière de la foi et avec le sacrifice que suppose le fait de dédier sa propre vie au salut des âmes.
65. Lorsqu’il reçoit une visite de sa famille, le légionnaire apparaît heureux, cordial, attentif, reconnaissant et satisfait de la vocation que Dieu lui a offert. Après la visite, il profite de l’occasion pour offrir de nouveau avec générosité ses affections les plus intimes et pour renforcer sa consécration à Dieu. Il se conduit de la même façon quand il leur rend visite. Il ne perd pas de temps à regarder la télévision, ou accepter des invitations à voir des films ou des spectacles publiques inappropriés à une âme consacrée. Il boit du vin ou des liqueurs avec grande modération. Il profite de l’occasion pour rendre témoignage de la maturité de sa vie consacrée et pour éclairer les différences qu’il y a entre les critères de Dieu et les critères du monde. Il est un apôtre au sein des siens. Il se montre comme un homme de Dieu, et non un homme mondain.
66. Le légionnaire ne tombe pas dans des états de tristesse dans sa relation avec sa famille et il ne se permet pas de partager ses états émotionnels avec les membres de sa famille lorsqu’il a quelques sentiments de dépression ou quelques difficultés irrésolues de telle façon qu’il ne les dérange pas avec ses problèmes qui ne concerne que sa relation personnelle avec Dieu et la Légion.
67. Le légionnaire accomplit avec ponctualité et responsabilité son obligation de correspondre par lettre avec ses parents, comme il est indiqué dans les Constitutions. Il utilise autant que possible ce moyen pour parler de Dieu.
68. Le légionnaire s’efforce de rendre la Légion sympathique aux yeux des membres de sa famille, de telle sorte que ceux-ci puissent l’aider par leurs prières et leurs sacrifices, en paroles et en faits, et d’une façon spéciale de façon à ce qu’ils puissent devenir des instruments pour la recherche de nouvelles vocations.
Cette séparation n’est pas justifiée pour les élèves de l’Ecole Apostolique. Dès leur arrivée à l’Ecole Apostolique, les enfants sont complètement séparés du monde. Leur rapport avec leur famille se limite à quelques week-ends par an, ainsi qu’à trois semaines de vacances au mois d’août (avec une visite du supérieur au milieu de celles-ci : ce qui signifie que le supérieur passe plusieurs jours à faire le tour de la France !), et une semaine à Noël (après les cérémonies, qui se vivent à l’Ecole Apostolique). Les familles ont le droit, par contre, de venir voir leurs enfants le dimanche, à l’Ecole Apostolique…
Mais ce qui, personnellement, me choque le plus, c’est le manque de confiance que la Légion du Christ a en la famille… Comme si la famille représentait naturellement un risque potentiel pour une vocation ; comme si cette dernière était dans un état permanent de péché. Dans une lettre écrite par le père Maciel en réponse à une famille française qui s’interrogeait sur la raison de cet isolement, le père Maciel mettait en avant la fragilité d’une vocation et les risques pour cette vocation d’être exposée dans le monde : les filles, Internet, etc.
« A l’exemple du Christ qui avait sublimé les affections familiales », il nous était demandé de ne pas parler de nos difficultés personnelles avec notre famille. Cela devait rester un secret entre nous, Dieu et notre supérieur. De même, pour nous permettre de vivre en pleine obéissance avec nos supérieurs, il fallait être « transparent » : ainsi notre courrier (celui que nous recevions comme celui que nous envoyons) était lu.
De toute façon, on n’avait pratiquement pas le temps d’écrire. Notre courrier devait être finalisé avant tout par la promotion vocationnelle et la recherche de fond : chaque fois que nous voulions écrire à quelqu’un, il fallait auparavant demander l’autorisation à notre supérieur.
L’isolement se faisait également à l’intérieur même de nos communautés : c’est le principe « d’incommunication ». Chaque centre de formation était formé de plusieurs communautés, qui n’avaient pas le droit de communiquer entre elles.
Ce principe d’incommunication s’appliquait aussi (et de façon absolue) aux rapports avec les femmes consacrées, parce que, disait-on « ¡Entre la santa y el santo, pared de cal y canto ! » (Entre la sainte et le saint, un mur de chaux et tout le monde chante !).
Séparés complètement du monde, les légionnaires recréent un univers parfait où l’on fait l’expérience de la charité fraternelle et où l’on se forme sans interruption. Cet univers est régi par les mille et une consignes qui règlementent tous les aspects de la vie. Petit à petit, on sent un décalage se creuser entre nous et le monde. On fini presque par en avoir peur, à ressentir de la pitié pour les pauvres gens qui vivent dehors.