Les frères et sœurs de Saint-Jean comptent actuellement près de quatre-vingts communautés réparties en Europe, en Afrique de l’Ouest, en Amérique du Nord (États-Unis et Québec), au Mexique et au Brésil. La plus grande partie des communautés est néanmoins établie en France (une quarantaine).
L’ensemble de la communauté Saint-Jean compte environ 750 religieux (500 frères et 250 sœurs) dont 230 prêtres ou diacres.
La plupart des communautés logent dans des prieurés ou des abbayes dont certains disposent de structures hôtelières. Elles offrent notamment la possibilité de retraites spirituelles. Les prix sont laissés à la volonté de chacun.
La maison-mère de la communauté Saint-Jean est en France, en Bourgogne, à Notre-Dame de Rimont, sur la commune de Fley, dans l’évêché d’Autun.
La communauté de Saint-Jean est reconnue depuis 1984 par la congrégation pour les Instituts de vie consacrée et les sociétés de vie apostolique (dicastère du Vatican). La communauté Saint-Jean a acquis le statut d’« Institut religieux clérical de droit diocésain » [2] en 1986. C’est l’évêché d’Autun (Bourgogne), territoire sur lequel est installée la maison-mère de la communauté, qui est responsable de l’ensemble des communautés Saint-Jean dans le monde. [3]
L’évêque actuel, en charge de la communauté, est Mgr Raymond Séguy.
Le père Jean-Pierre-Marie, d’origine française, est actuellement le prieur général de la communauté de Saint-Jean. Il a remplacé le fondateur, le père Marie-Dominique Philippe, également Français.
Histoire de la communauté
La communauté de Saint-Jean a été fondée en 1975 à Fribourg, en Suisse, par le père dominicain Marie-Dominique Philippe, alors professeur de philosophie à l’Université : « Tout a commencé autour de l’Université de Fribourg en Suisse. Des étudiants français y suivaient renseignement d’un dominicain, professeur de philosophie, le père Marie-Dominique Philippe. Certains de ces étudiants, désireux de consacrer totalement leur vie au Christ, avaient demandé au père Philippe d’être leur père spirituel. […] Nous avons alors commencé une vie commune, avec un horaire assez particulier pour des étudiants : lever dès 5h30, une heure d’oraison en commun, l’office de laudes puis la messe… » Le père Marie-Dominique Philippe a accepté de prendre la responsabilité de la communauté Saint-Jean après avoir demandé l’avis de Marthe Robin. En 1976, la communauté quitte Fribourg (elle comptait alors une dizaine de frères) pour s’installer en France, à l’abbaye cistercienne de Lérins, située sur l’île Saint-Honorat, au large de Cannes. En 1978, le Vatican (la congrégation pour les Instituts de vie consacrée et les sociétés de vie apostolique) autorise le rattachement de la communauté de Saint-Jean à l’abbaye de Lérins.
En 1982, la communauté Saint-Jean s’installe à Rimont, en Bourgogne, devenu par la suite le centre de formation théologique. La même année, la première communauté de soeurs de Saint-Jean voit le jour. L’année suivante, en 1983, la communauté ouvre une nouvelle maison à Saint-Jodard, dans le département de la Loire, qui propose actuellement la formation de philosophie. En 1986, les frères de Saint-Jean sont reconnus comme une congrégation religieuse autonome de droit diocésain, dépendant non plus de l’abbaye de Lérins mais de l’évêque d’Autun (Bourgogne). Interrogée sur les raisons pour lesquelles elle a vu le jour, la communauté de Saint-Jean répond ainsi : « Il faudrait poser la question à l’Esprit Saint ! Lui seul voit cela tout à fait clairement. »
Le fondateur
Le père Marie-Dominique Philippe est né en 1912 à Cysoing, petite ville du nord de la France et aurait grandi dans une famille catholique particulièrement engagée. Il était le « huitième d’une famille de douze enfants dont sept choisiront la vie religieuse » et il est entré dans les ordres, encouragé par un oncle dominicain. En 1930, il commence des études théologiques au couvent dominicain de Saulchoir de Kain, en Belgique et est ordonné prêtre en 1936. Après ses études, il enseigne la philosophie d’abord en France, au Saulchoir d’Etoilles, près de Paris, puis en Suisse à l’Université de Fribourg de 1939 jusqu’à l’âge de sa retraite, en 1982. Le père Marie-Dominique Philippe est l’au-teur d’une trentaine d’ouvrages de philosophie, de théologie spirituelle et de pédagogie familiale. Aujourd’hui, à l’âge de 93 ans, le père Marie-Dominique Philippe donne encore des conférences, notamment à Paris, au Centre d’étude philosophique à Paris (CEPHI), à la communauté de Saint-Jean de Genève, à celle de Saint-Jodard, dans le département de la Loire, ou encore à celle de Notre-Dame de Cana à Troussures, dans le département de l’Oise.
Mission et doctrine
La communauté Saint-Jean définit ainsi sa mission : « La communauté Saint-Jean veut être une communauté d’enfants du Père et d’amis de Jésus, réunie par l’Esprit Saint, pour vivre une vie pleinement évangélique à la suite du Christ et en communion intime avec Lui : vie d’adoration et de contemplation toute proche de Marie. »
S’appuyant principalement sur l’évangile selon saint Jean, la communauté souhaite être fidèle au Christ, à Marie et à l’Église. La règle de vie de la communauté s’inspire également de l’évangile de Saint-Jean, plus particulièrement de la prière du Christ, au chapitre 17.
La communauté met par ailleurs l’accent sur la recherche de la vérité du point de vue philosophique, théologique et mystique, se fondant notamment sur la pensée de saint Thomas d’Aquin et d’Aristote.
Les membres de la communauté de Saint-Jean
La communauté de Saint-Jean comprend plusieurs catégories de membres : les frères, les sœurs contemplatives, les sœurs apostoliques et les laïcs (oblats).
Les frères
Les frères doivent franchir plusieurs étapes avant d’entrer dans la communauté : la première, le « postulat », dure deux mois. Elle consiste à participer à la vie des frères dans le but d’éprouver « de l’intérieur sa vocation ». La seconde étape est celle du « noviciat » et a lieu à Saint-Jodard, en France. Le « noviciat » dure dix-huit mois et représente « un enfantement à la vie relieuse et […] à une vie monastique contemplative et apostolique ». La documentation précise ceci : « Le novice se sépare de ce qui était auparavant son milieu de vie. Ce dépassement doit permettre une plus grande proximité de Dieu, auprès de la Vierge Marie et avec l’aide de ceux qui sont donnés au novice comme guides : le père-maître des novices et le père spirituel. Cela exige des purifications du cœur et l’intelligence, en particulier par rapport aux diverses formes d’athéisme qui imprègnent notre monde. » Après six mois, le novice porte l’habit religieux, une robe prise qui s’inspire de « l’habit de travail des cisterciens d’Hauterive, abbaye proche de Fribourg où les frères se rendaient souvent ». Cet habit religieux leurs a valu le surnom de « petits gris ». Au terme du noviciat, le frère « s’engage en prononçant les vœux de pauvreté, de chasteté, et obéissance pour trois ans ».
La formation philosophique et théologique du frère commence durant le « noviciat ». La formation, appelée « École de Saint-Jean », a lieu en France. D’une durée de sept ans, elle comprend quatre années de philosophie à Saint-Jodard, suivies de trois années de théologie à Rimont. La formation se déroule dans le « cadre de vie monastique ». En 2003, 240 frères étaient en formation. Les voeux perpétuels sont prononcés durant la formation théologique.
Après leur formation, les frères sont envoyés dans les prieurés apostoliques qui « rassemblent en moyenne une demi-douzaine de frères avec, à leur tête, un prieur élu pour trois ans. Fondé à la demande de l’évêque du lieu, il répond à un besoin propre du diocèse. D’où la diversité des apostolats des frères : aumôneries, enseignement, paroisses, etc. ». La communauté de Saint-Jean compte environ 230 prêtres ou diacres. Il n’existe pas de frères contemplatifs dans cet ordre.
Les sœurs contemplatives
La communauté de Saint-Jean com-prend des communautés de sœurs contemplatives. Elles ont acquis en 1994 le statut d’Institut de droit diocésain et dépendent de l’archevêque de Lyon. Les sœurs contemplatives vivent principalement dans la prière et le silence : « C’est […] avant tout la prière qui est au cœur de la vie des sœurs contemplatives. Prière communautaire (temps d’adoration devant le Saint-Sacrement) et prière solitaire rythment leur journée. […] Les sœurs tendent à en vivre avec toujours plus d’intensité et de ferveur. Les sœurs vivent leur consécration totale à Dieu dans le silence et la solitude, mais aussi dans la charité fraternelle. […] Elles désirent vivre à fond l’exigence d’une vie commune de partage, de service, de coopération. Tout en sauvegardant la solitude, plusieurs rencontres (un groupe d’étude, un chapitre, une rencontre fraternelle) les rassemblent chaque semaine, leur permettant d’exercer concrètement la charité fraternelle. » La congrégation Saint-Jean de Saint Jérôme (Québec) a ouvert un site Internet dans lequel est décrit la vie des sœurs contemplatives : « Les sœurs essaient […] de subvenir par elles-mêmes à leurs besoins dans le travail quotidien (cuisine, jardin, couture, entretien du prieuré, chantier…). Par ailleurs, les prieurés développent des artisanats propres : poterie, travail du bois, du cuir, reliure, ruches, fabrication de cierges et d’icônes… Enfin les sœurs travaillent à la diffusion de renseigne-ment philosophique et théologique de la congrégation Saint-Jean. »
La documentation de la communauté n’indique pas le nombre de sœurs contemplatives, ni leur formation.
Les sœurs apostoliques
Les sœurs apostoliques « témoignent de manière spéciale du lien entre la ferveur de la charité fraternelle et une présence apostolique. […]. Elles coopèrent à la vie apostolique des frères, servant la communauté et l’Église ». Les premières sœurs apostoliques ont été reconnues en 1993 par le diocèse d’Autun. Elles sont actuellement 150, réparties dans 13 communautés. Les activités de ces sœurs sont les suivantes : secrétariat de l’évêché, catéchisme, accueil de pèlerins et de touristes à la cathédrale, aide aux familles et visites aux prêtres âgés. À ces activités apostoliques s’ajoute la vie monastique : la journée, qui commence à 5 heures 50, comprend deux heures de prières quotidiennes, quatre offices chantés, une lecture priante. Les repas sont pris ensemble et en silence. Le lundi est consacré uniquement à la méditation et à la prière. Les sœurs consacrent environ 35 heures par semaine à la prière.
Les laïcs ou oblats
La communauté Saint-Jean est également ouverte aux laïcs : « La communauté s’ouvre au monde par sa formation philosophique et doctrinale, mais également en accueillant de nombreux laïcs qui constituent avec elle une grande famille. Par leur coopération, les laïcs soutiennent la vie contemplative et allègent la vie apostolique des frères. Ils peuvent s’associer à la vie de la communauté de multiples façons. »
Organisation
La communauté est dirigée par un « prieur général », élu pour six ans par un comité appelé « Chapitre général ». Son mandat peut être renouvelé pour trois ans. Le « Chapitre général » est composé des prieurs (responsables des prieurés) et d’un délégué par prieuré. Les membres du chapitre sont élus pour trois ans.
Situation actuelle
Dans une lettre du père Jean-Pierre-Marie datée du 13 février 2003, parue dans la publication trimestrielle de la communauté, Lettre aux amis de la famille de Saint-Jean d’avril 2003, on apprend que le cardinal Martinez Somalo, responsable à Rome de la congrégation pour les Instituts de vie consacrée et les sociétés de vie apostolique, a nommé, en janvier 2003, l’évêque émérite de Fréjus-Toulon, Mgr Joseph Madec, comme « assistant religieux » de la communauté en raison de problèmes rencontrés dans la communauté. Le père Jean-Pierre-Marie rejette néanmoins les accusations de « dérives sectaires » exprimées notamment dans la presse à l’encontre de la communauté (affaires de moeurs, défections, cas de dépression, suicides).
Mgr Madec (entretien paru dans la Lettre aux amis de la famille de Saint-Jean de juin 2003) évoque « des problèmes de croissance », « des erreurs faites dans l’admission des candidats » et le besoin de « correctifs et compléments » dans la formation théologique. Enfin, dans un communiqué daté du 11 octobre 2004, Mgr Madec, assistant religieux des frères de Saint-Jean et Mgr Poulain (ex-évêque de Périgueux), assistant religieux des sœurs contemplatives de Saint-Jean, affirment que les communautés Saint-Jean « vivent selon les règles établies par l’Église et ne peuvent d’aucune façon être accusées d’être des sectes » De la clairvoyance des évêques !