Légionnaires du Christ : un scandale au Vatican

Dimanche 14 avril 2013 — Dernier ajout mercredi 10 avril 2013

Un documentaire exceptionnel de Bernard Nicolas et Linda Salas Vega pour l’émission Spécial investigation 52 mn. Première diffusion : le lundi 15 avril 2013, à 22h50, sur Canal +

  • Le lundi 15 avril 2013 de 22:50 à 23:50 iCal
    LEGION DU CHRIST & REGNUM CHRISTI / Père Marcial Maciel : Légionnaires du Christ : un scandale au Vatican : Légionnaires du Christ - Reportage Canal +
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Il y a quelques années, lorsque j’étais dans la Légion du Christ, je m’étais laissé convaincre que l’Eglise catholique était le bouc émissaire favori de tous les médias. Cette idée m’avait amené à nourrir une appréhension folle à l’égard des journalistes que je croyais doubles, manipulateurs et sans scrupule. Bref, j’étais tombé dans un véritable délire de persécution.

Quel chemin parcouru depuis ! Comment ai-je pu, moi, participer à ce que je dénonçais sans ambages il y a moins de dix ans ? Aurais-je perdu la tête ? Ai-je été happé par le côté obscur de la force ?

Et bien non : je me suis tout simplement rendu compte que je m’étais trompé et que mes appréhensions n’étaient basées que sur des peurs aveugles. Pire : j’ai compris que la paranoïa était en fait un moyen très pervers et très efficace qui permettait à des crapules (et celles-ci, bien réelles) de manipuler leurs victimes, de se protéger et de commettre dans l’ombre des crimes odieux.

L’Evangile m’a appris une chose : il ne faut jamais avoir peur de la vérité, car « Celui qui fait la vérité vient à la lumière, afin que soit manifesté que ses œuvres sont faites en Dieu » (Jn 3, 21).

En tant que baptisés, nous avons le devoir d’être prophètes : c’est-à-dire de toujours défendre la vérité quand celle-ci est bafouée. Refuser de dénoncer des crimes au nom d’un soit-disant « amour de l’Eglise » n’est ici qu’une façon minable de dissimuler sa lâcheté derrière de pieux prétextes. On ne construit jamais l’Eglise sur des mensonges !

Il y a des dates qui marquent l’histoire. Si celle du 5 février 2009 n’a pas fait autant de bruit qu’elle aurait dû dans les médias, au sein de l’Eglise Catholique, elle a sonné le glas de l’une des plus incroyables et monumentales impostures de toute l’histoire de l’Eglise. Ce jour là, il y a eu une seule et sourde détonation : la Légion du Christ reconnaissait officiellement que son fondateur, le père Marcial Maciel, avait eu « des comportements indignes de sa condition sacerdotale ». Cette détonation, cachée maladroitement par mille périphrases et euphémismes, sera ensuite suivie d’une lente déflagration, entraînant soixante-dix années de mensonges sur son passage.

Il était techniquement impossible de faire tenir une imposture aussi longue… en 52 minutes, si bien qu’il a fallu faire des choix. Bernard Nicolas et Linda Salas Vega se sont donc concentrés, dans la première partie, sur les abus sexuels du père Maciel et la structure sectaire de la congrégation. Le narrateur s’efface devant les témoignages des anciennes victimes du père Maciel : de vieux messieurs, qui peinent à retenir leurs larmes quand ils évoquent les systèmes coercitifs utilisés par Maciel pour obtenir leur silence.

Ensuite, le documentaire s’interroge sur la responsabilité des papes dans ce scandale. Fernando Gonzalez, un psychologue-sociologue mexicain qui a longuement étudié ce dossier, a obtenu les archives du Vatican sur le père Maciel, grâce à un groupe de prêtres travaillant au Vatican et confrontés à de gros problèmes de conscience. Au final, ce sont 213 documents, dont un bon tiers sont des lettres d’accusation et de dénonciation, qui lui sont remis. Impossible de le nier : le Vatican était au courant de tout depuis les années 50.

Pourquoi le cardinal Ratzinger, qui avait reçu une plainte canonique en 1998, contenant une dizaine de témoignages sérieux, provenant d’anciens légionnaires devenus qui professeur d’université, qui instituteur, qui avocat, qui encore prêtre, n’a-t-il pas lancé une enquête ? Pourquoi a-t-il attendu d’être élu pape pour commencer à ouvrir les archives de l’Eglise ? Pourquoi n’a-t-il en définitive jamais rien fait pour sauver les victimes de cette congrégation diabolique ?

L’histoire d’un prêtre diocésain, le père Alberto Athié, permet de comprendre que le cardinal Ratzinger est lui-même complètement sous l’emprise de cette congrégation. Il est hors de question de toucher à une communauté si jeune, si dynamique, si prometteuse !

Afin de comprendre que la Légion du Christ n’est pas un problème lointain, qui ne concerne que le Mexique, la troisième partie du documentaire montre comment la Légion du Christ a réussi à s’infiltrer en France dans les milieux d’affaire les plus huppés, en utilisant toujours les mêmes méthodes d’entrisme : séduction, manipulation, etc.

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