En réponse au message :
Réponse à Marie-Christine
Entre l’époque Régis Debray début des années 2000 et l’époque Najat Vallaut Belkacem…il y a eu de l’eau sous le pont si je puis dire. Dans les faits les plus avancés et non juste dans l’idée, c’est très récent. Et désolée, mais les autorités religieuses (pas seulement catholiques) se sont justement opposées à cet enseignement puisqu’il n’a pas pour but de valoriser le discours religieux ni de le réhabiliter mais de proposer une réflexion relativement critique et scientifique des religions et dans un cadre laïc. Quand vous savez les crispations identitaires religieuses et pas seulement cathos, vous comprenez très vite le pourquoi du comment. Et ça n’a rien d’un complot du tout. Ca va avec des religions qui se radicalisent et qui ne veulent pas d’un enseignement du fait religieux critique (au sens sciences religieuses du terme) à l’école. Ce n’est pas en classe de terminale avec quelques citations de Nietszche, Marx et Freud, Kant qu’on peut se dire que cet enseignement est fait. Franchement…on est loin du compte. Et en Histoire aussi. En Histoire de l’Art (qui correspond aujourd’hui essentiellement à l’ enseignement de ce qui était Arts Plastiques au collège faute d’enseignants diplômés au plan technique artistique en école secondaire), c’est un tout petit peu plus possible, mais ça reste très limité et peu d’enseignants s’y aventurent. J’aborde ce chapitre avec mes apprentis dans le cadre de l’enseignement architectural mais aussi de l’histoire de la mise en pages, mais ça reste quelque chose de très limité là encore. Dans un programme d’enseignement secondaire, qu’il soit professionnel ou général, c’est peanuts. D’où la pertinence d’avoir des enseignants spécialisés de l’Histoire des Religions (sciences religieuses). Et pas du soupoudrage à la petite semaine par le prof d’Histoire-géo, le prof de philo et celui d’Histoire de l’Art.
Vous citez Frédéric Lenoir et Onfray, que j’appelle des opportunistes de la pensée sur ces thématiques. Et c’est rien de le dire que ce soit chez l’un comme chez l’autre. Ils ne sont surtout pas des références en la matière. Lenoir a été lié aux groupes dérivants sectaires (Communauté St Jean et Marie-Dominique Philippe) et lié au plan de la famille politique et idéologique à Giscard, ce dernier étant lié à l’Opus Dei. Quant à Onfray…au vu de la dérive extrême droite que nous observons du monsieur, franchement…pas de quoi pavoiser.
Les recherches bibliques ne sont diffusées au grand public que lorsque ça concerne une recherche théologique et archéologique. Très peu sur ce qui concerne l’Histoire des Religions.
Un des seuls qui est admis parce qu’il est croyant et défend une vision plutôt théologique qu’historique et critique, c’est Odon Vallet. Médiatiquement, c’est sur lui que se braquent les caméras et les micros. Derrière et relativement loin derrière, vous avez Jean Baubérot. Mais justement parce que son discours est plus laïc que pro-religieux, regardez ce qui se passe médiatiquement le concernant. C’est assez exemplaire à voir. Essayez d’aller voir si on parle de Bernard Barc, c’est déjà plus compliqué. Parce que cet historien des religions n’est surtout pas mis en avant. Le principe de la double hauteur des écrits bibliques n’est pas précisément médiatisé ni expliqué. Combien de croyants sont au courant de cela ? Très très peu. Et au sein du clergé, je ne suis même pas sûre que ça soit tant que ça étudié. Et encore moins médiatisé auprès des croyants. Alors les portes ouvertes, hum hum…
Le documentaire Corpus Christi d’Arte n’était pas précisément super critique. Avec des intervenants des universités hébraïques et catholiques principalement, c’était pas franchement le propos. Ca reste davantage en phase avec un discours relativement proche du versant théologique.
Je crois m’être expliquée suffisamment sur le contenu de ma foi et du message christique dont j’ai fait profit sans devoir y revenir. Ca continue de me guider au quotidien dans une dimension particulière liée à mon expérience de mort imminente. Qui m’est donc personnelle.
Relisez s’il y a des éléments qui vous manquent. En quoi est-ce que j’entrave la liberté des uns ou des autres ? J’aimerais comprendre. Je respecte les parcours spirituels des uns et des autres. Chacun fait comme il peut, à la mesure de son histoire. Si tout le monde avait le même parcours, ce serait un peu monotone.
Ici sur ce site, j’explique certains processus, certains liens qui existent entre différents acteurs cléricaux et certains groupes politiques, entre différents groupes dérivants sectaires et les objectifs matériels qui portent les uns et les autres sous couvert de spirituel. Le dessous des cartes en quelque sorte. Ca me paraît important au plan informatif et éducatif. Et c’est très facilement vérifiable au plan bibliographique et médiatique.
Je ne vois pas en quoi ce type de démarche dévalorise les parcours spirituels des uns ou des autres. Ca les éclaire sur des plans que la plupart n’avaient pas du tout réalisé au moment de leur engagement dans des communautés dérivantes sectaires. Ca leur permet de faire des connexions entre différents évènements, différents moments de leur vie communautaire et les objectifs financiers, politiques, idéologiques de la communauté sectaire à laquelle ils ont adhéré quelques années. Après, à chacun de voir midi à sa porte. Je n’ai pas pour habitude de dénigrer les parcours des intervenants ni de mettre en doute leur foi ni leur demander se justifier à ce sujet. Ca me paraîtrait intrusif.
Par contre, très souvent, j’ai dû me justifier sur mon parcours aussi bien de vie que spirituel. De votre part également. Comme si je n’avais aucune légitimité à m’exprimer, simplement parce que je pose un regard critique sur ma religion, sur les religions en général et que j’explique le comment du pourquoi. Alors, je m’interroge quand vous prétendez que je ne respecterais pas la liberté et le parcours des autres… Qu’est-ce qui vous fait si peur, Marie-Christine ? Si véritablement vous avez la foi, que ce lien en Dieu est puissant et quotidien, en quoi ce que je peux dire sur les dérives cléricales et religieuses va porter atteinte à votre foi ? Ces dérives cléricales et religieuses n’ont strictement rien à voir avec Dieu. Mais avec le registre du pouvoir au sens politique et matériel, avec la recherche de l’emprise psychologique, morale. Dieu n’est pas du tout dans ces registres. Il n’a jamais été dans ce genre d’entreprise. Il a juste servi de paravent et de vitrine à des entreprises davantage matérielles que spirituelles. Et c’est encore le cas aujourd’hui. Ca ne devrait surprendre personne. Ni perturber les croyants. Ce type d’instrumentalisation de Dieu est logique. Il va avec la civilisation des empires qui est en train de s’effondrer. En quoi ces gesticulations et errances ont rapport avec un lien profond et personnel avec Dieu ? Le lien à Dieu est tout autre. Il va avec l’intimité de chacun. Et ne se discute même pas. Ce n’est pas l’objet.