Communiqué de presse concernant le père Georges Finet : Poster un message

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Un article de… 1878 !

Le mercredi 23 décembre 2020

Le moteur de recherche retronews.fr permet d’accéder par mots-clés à toute la presse française archivée par la BNF jusqu’aux années 1950. En ayant la curiosité de chercher les noms de Marthe Robin et de l’abbé Finet, j’ai fait cette découverte fortuite d’un article de La Dépêche daté du 23/08/1878 qui relate le jugement d’un autre abbé, prénommé Jean-Antoine Finet :

« Enfin, pour ne pas quitter le domaine judiciaire, je dois relater la condamnation à douze ans de réclusion, qui vient de frapper un misérable, âgé de soixante-cinq ans. On l’a déjà deviné, il s’agit d’attentats commis sur des petites filles dont l’immonde satyre était censé faire l’éducation religieuse. Les cinq victimes connues étaient âgées de moins de treize ans, et les attentats vont de l’année 1868 au mois de mai 1878. L’abbé Finet, c’est le coupable, était en dernier lieu curé de la paroisse de Saint-Julien-de-l’Herms (Isère), et c’est dans cette commune qu’il a été arrêté. Ce nouvel exemple ouvrira-t-il enfin les yeux aux parents qui s’obstinent à les tenir fermés, et qui, malgré les effroyables récits que font chaque jour les journaux, confient encore aux prêtres, à des hommes que le célibat forcé jette dans toutes les aberrations des sens, de pauvres enfants qui ne sauraient se défendre ? Qu’ils y réfléchissent donc une fois : ce n’est pas par le nombre des condamnations qu’il faut chiffrer les crimes commis, ainsi que le dit très justement M. Robert Charlie, l’auteur de la Chasteté cléricale : ce n’est, dans les neufs dixièmes des cas, qu’au hasard qu’on est redevable de la découverte des coupables. Combien donc doivent échapper à la justice, grâce à la terreur qu’inspirent les membres du clergé, et à la crainte de la honte divulguée qui arrête si souvent les parents ! Cet abbé Finet, par exemple, on a mis dix ans à découvrir ses abominables pratiques, et l’on est effrayé quand on songe au nombre des victimes que ce scélérat à dû faire pendant cette longue période. »

Un autre article de journal note :

« Depuis cette époque [de son ordination en 1850], il a résidé dans diverses paroisses et a laissé dans chacune d’elles les plus tristes souvenirs relativement à ses mœurs. En septembre 1862, Finet a été nommé desservant de la paroisse de Saint-Julien-de-l’Herms. Pendant longtemps, dans cette paroisse, on a entendu vaguement parler des habitudes d’immoralité de l’abbé Finet. Ce prêtre vivait assez retiré, et les apparences étaient sauvegardées par lui ; mais enfin l’explication s’est faite, et, le 29 mai dernier, le parquet de Vienne, saisi par la gendarmerie, par le juge de paix de Beaurepaire et par l’autorité locale [le diocèse ??] , a dû requérir une information. Habituellement, l’abbé Finet se livrait à des actes obscènes avec de petites filles préparées par lui pour la première communion. Il les attirait isolément à la sacristie, ou il se livrait à de détestables pratiques dans son confessionnal ; d’autres fois, il saisissait le moment où elles se trouvaient seules avec lui dans l’église. Beaucoup de faits de ce genre, révélés par l’information, sont aujourd’hui couverts par la prescription ; pour d’autres, les victimes sont décédées, et il convient de ne préciser que les attentats retenus par la chambre des mises en accusation et qui doivent motiver la condamnation de l’abbé Finet. » Suit le récit des agressions sexuelles retenues contre le prêtre et la liste des victimes. Sur la même page de journal, on évoque aussi le cas d’un certain François Nicolle, frère Athanase en religion, ex-instituteur adjoint de 19 ans à l’école des Frères de Saint-Martin-en-Haut, condamné à 3 ans de prison pour des faits d’attentat à la pudeur sur son élève, un garçon de 9 ans.

On voit que le problème ne date pas d’hier, et le cas de ce prêtre responsable d’agressions sexuelles, déplacé de paroisse en paroisse, semble, à en croire l’article (certes un peu suspect d’anti-cléricalisme républicain) loin d’être exceptionnel, et il y a de cela près d’un siècle et demi !

Cela relativise beaucoup l’impact de la révolution sexuelle de 1968 ou la perte des valeurs chrétiennes, que Benoît XVI donnait en avril 2019 comme causes des abus sexuels dans l’Eglise. Ces faits paraissent, hélas, avoir toujours existé dans l’Eglise.

L’idée que notre sensibilité d’aujourd’hui nous prédisposerait à nous soucier davantage qu’autrefois des victimes, ce qui expliquerait leur nombre croissant ces dernières années, s’en trouve aussi disqualifiée. Ces juges du 19e siècle qui condamnaient à de lourdes peines, tout comme ces journalistes qui s’indignaient de l’omerta et de l’impunité dont bénéficiaient les auteurs, et qui rappelaient les parents à leur devoir de vigilance, en des termes plus directs que la presse actuelle n’oserait employer, s’en souciaient tout autant. Nil novi sub sole. Le soleil de Satan, bien sûr.

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