En réponse au message :
L’envers du décor : le rapport de la CIASE sur la pédocriminalité dans l’Église est sorti !
Au Rapport de la commission proprement dit se greffent des Annexes. Parmi elles, le rapport de l’Ecole Pratique des Hautes Etudes (EPHE), de 612 pages, très détaillé et donc beaucoup plus complet que le Rapport lui-même. J’ai commencé la lecture de cette longue « annexe » qui apporte une analyse « socio-historique » du traitement par l’Eglise des « prêtres en difficulté » ( à partir de la page 283, Partie 4, « Soigner, le traitement des protagonistes »). Son approche scientifique, en tous les points, rejoint les témoignages des personnes victimes publiés sur ce site ou d’aures ( l’Avref, et les « livres noirs »). On se souvient ici de pénibles commentaires dénigrant et accusant cette parole de vérité sur les crimes subis. Sauf à être de mauvaise foi ou à verser dans un complotisme délirant, ce n’est plus possible. Quoique tout soit possible dans le n’importe quoi : l’Histoire le démontre largement Une annexe est jointe à ce rapport de l’EPHE, page 583, « Entretiens avec des ecclésiastiques abuseurs ». Il est frappant de constater combien l’euphémisation des termes usités par le langage canonique et ecclésiastique ainsi que le fait de considérer comme le plus grave de tous les « péchés » une relation sexuelle avec une femme, même consentie, ont contribué à un complet dévoiement moral. Ce discours, promu par l’Institution, n’ a fait que geler un état des faits. Ces abuseurs, sauf un, s’ils peuvent reconnaître, bien partiellment, des souffrances psychologiques aux victimes, semblent cependant toujours incapables d’en admettre la portée moralement criminelle. Quant à la portée spirituellement criminelle, elle est totalement absente. Certains se dédouannent d’ailleurs en précisant qu’ils ont abusé en dehors du cadre des offices sacerdotaux strictement dits. Ce qui montre, mieux que tout, le gouffre abyssal entre réalité et perception de leurs crimes. Le fidèle lambda a-t-il jamais su que masturbation, attouchements et viols étaient mis sur le même plan que « l’adultère », la fameuse « atteinte au sixième commandement » ? Et que la victime est qualifiée « complice de l’absolution », car partie prenante, si j’ose dire, de la scène de crime ? Comme tout ce qui est aberrant, on peine à le considérer central. Or ça l’est. On ne peut que se féliciter que le 8 décembre, ces crimes et délits sexuels quittent leur confortable « atteinte au sixième commandement » pour passer à celle, explicite, au « tu ne tueras pas ». J’avoue que partager ici mes premières impressions de lecture me fait du bien, car franchement il faut s’accrocher comme on dit. D’autant que je ne suis pas convaincue d’une totale et impérative mobilisation de tous les diocèses.