En réponse au message :
Désinformation sous pseudo
Damien
Dans l’affaire Philippe à la base, on parle d’une famille incestueuse. Qui démarre avec un jeune homme (qui rentrera ensuite en religion) qui inceste sa jeune soeur sur laquelle il a énormément d’emprise psycho-affective, avant de s’attaquer sexuellement aux fils de celle-ci. Jeunes qui vont ensuite récupérer cet inceste subi et en faire un fonctionnement idéologique et communautaire religieux, précisément à la mort de leur agresseur. Et malheureusement, ces deux victimes devenus agresseurs à leur tour ont été portés aux nues religieuses et médiatiques par tout un groupe clérical, social ultra réactionnaire. Comment voulez-vous que la famille puisse aussi tôt admettre la situation de déchéance brutale à la suite des plaintes, des dénonciations pour abus, agressions ? Ce n’est pas possible. Quand vous avez deux générations dans une même famille qui vit sous emprise incestueuse et ultra religieuse, ça demande bien au moins deux générations pour commencer à pouvoir ne serait-ce que s’autoriser à mettre en cause ce genre de fonctionnement abusif et criminel. D’autant plus que les agresseurs ont bénéficié d’un éclairage quasi sacré et international… La réaction de la nièce Philippe est donc logique. C’est celle du déni qui prévaut dans toute famille incestueuse de type toxique. Je vous renvoie à la lecture de l’excellent livre de Susan Forward : Parents toxiques, comment échapper à leur emprise. Tout y est décrit avec plusieurs cas de figure et variantes.
Une fois que vous avez compris la situation, vous comprenez les réactions de la famille Philippe, vous comprenez pourquoi les dénonciations d’abus, d’agressions leur sont si violentes et comment de par sa construction idéologique et sociale et religieuse, envisager leurs parents religieux criminels relève encore de l’impensé impensable.
Pour le réaliser, il faut du temps pour déconstruire le modèle abusif et toxique. Et ça ne se fait pas en une génération, la plupart du temps.
Donc dans cette affaire, je crains malheureusement une cristallisation tant du déni de cette famille que de l’incompréhension de ce déni par les victimes et leurs familles. Et si en niant les crimes encore sur cette génération, la famille parvient à faire oublier les victimes, elle le fera. Tant qu’il n’y aura pas un membre suffisamment rebelle et conscient de la situation toxique familiale et voulant sortir de ce déni et de ce conditionnement, rien ne pourra être possible en terme de prise de conscience. Et ce n’est surtout pas le clergé qui aidera à ça. Il n’y a strictement aucun intérêt.
Je le dis en tant qu’ancienne victime d’inceste dans une famille où il y avait plusieurs générations ayant incesté la suivante. Je suis la première à avoir contesté, dénoncé et brisé la répétition. Ce n’est surtout pas simple à faire et il faut pouvoir être suffisamment solide psychologiquement, être bien entouré, aidé, et d’un fort caractère pour l’acter concrètement et tenir cette position dans la durée. Parce que ce type de mise en cause est un facteur immédiat ou quasi immédiat d’exclusion familiale car relevant de la haute-trahison. Mais ça permet de libérer la famille de ce passé abusif et toxique aussi. De pouvoir expliquer pourquoi cet inceste et pourquoi ce besoin de contrôle et de domination.
Mais pour parvenir à ça, il faut du temps, se documenter sur l’histoire de la famille, comprendre les rôles de chacun, le comment du pourquoi. Sortir aussi d’un registre de haine pour entrer en empathie avec le système qui a permis et fabriqué les agressions et a poussé les victimes à reproduire ce qu’elles avaient subi. Il y a tout un travail de prises de conscience qui passe aussi par un volet thérapeutique psy. Ca ne se fait pas en un jour, ni en une année. C’est très long.
Personnellement, je prie pour qu’il y ait un jour un membre de cette famille qui ose faire cette démarche, s’extraire du système incestuel et incestueux qui verrouille la parole et maintient le déni. Ce qui permettra enfin d’aborder la situation criminelle (de plus en plus manifeste et déjà plus ou moins abordée par MD Philippe lui-même dans le livre d’entretien avec Marie-Christine Lafon) non sous l’angle de citadelle assiégée mais dans la compréhension des enjeux et des responsabilités dans l’histoire familiale et le système de conditionnement qui ont prévalu jusque là.
Le problème qui se pose actuellement, c’est comment pouvoir réparer les préjudices fait aux victimes quand le déni persiste autant ? Ca c’est la grande question et qui fait des victimes des frères Philippe à l’heure d’aujourd’hui, les grands sacrifiés au profit toujours du même système abusif et criminel familial. Et soutenu par le clergé le plus réactionnaire.
Logiquement, la communauté St Jean devrait être celle qui répare au plan judiciaire puisque les préjudices ont été un fait pas seulement de deux individus mais d’un système idéologique et communautaire fonctionnant comme une espèce de harem pour les deux fondateurs. En attendant qu’il y ait un déclic dans la famille Philippe de la dérive criminelle de grande ampleur de leurs oncles, ce serait déjà le minimum et aiderait les victimes à se reconstruire.
Le reste comme je le disais précédemment, demande du temps. Des prises de consciences successives, des membres suffisamment conscients de la toxicité familiale pour faire un dépôt thérapeutique auprès de victimologues bien formés sur les problématiques des familles incestueuses.